Entrée des classes, clôture 49e législature :
deux échecs cuisants.
par Thomas Péralte
Ce
lundi 8 septembre 2014, deux événements ont marqué la vie
politique et sociale d’Haïti : la rentrée des classes et la
clôture de la dernière session ordinaire de la 49e
législature.
Le premier était plus calamiteux que le second.
Depuis l’arrivée de l’équipe kaletèt Martelly-Lamothe au pouvoir
en Haïti, la rentrée des classes est toujours différée pour
octobre. Les élections ne se sont jamais réalisées pour
renouveler le mandat des sénateurs députés et des membres des
Collectivités Territoriales. Pour les professionnels de
l’éducation, le Programme de Scolarisation Universelle, Gratuite
et Obligatoire (PSUGO) introduit maladroitement dans le système
éducatif contribue largement à la dégradation de l’éducation
dans le pays. Cette année, après un taux de réussite avoisinant
seulement 22% aux examens d’État, 3 millions 300 mille élèves
devraient regagner les salles de classe sur tout le territoire
de la République, selon les statistiques du Ministère de
l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle. Mais,
moins de 3% d’élèves prennent le chemin de l’école au premier
jour de classe, ce qui constitue un échec cuisant pour la
rentrée.
Pour plus d’un, divers facteurs sont à la base de l’échec des
examens d’Etat et la rentrée des classes: l’irresponsabilité du
gouvernement Martelly-Lamothe, la situation économique
désastreuse des parents qui vivent dans le chômage chronique, la
montée vertigineuse des frais et la scolarité dans les
établissements scolaires, la montée de l’insécurité. La
propagande tue l’éducation en Haïti, comme l’arrogance du
président Sweet-Micky tue la démocratie.
Si chaque année la rentrée des classes constitue un lourd
fardeau pour la majorité des parents, cette année la situation
s’est détériorée davantage. Certaines écoles ont ouvert leurs
portes pour accueillir quelques élèves d’autres ne sont pas en
mesure de recevoir les élèves. La correction de la reprise pour
les élèves ajournés aux examens des bacs I et II n’est pas
encore terminée. Alors que, le gouvernement Martelly-Lamothe
claironne l’éducation comme l’une de ses priorités. Ainsi, dans
cette perspective il prélève arbitrairement et illégalement
1,50$ US sur les transferts et 0,5$ US sur les appels
téléphoniques internationaux au nom de l’éducation. Pourtant,
les parents les plus pauvres ont toutes les peines du monde pour
envoyer leurs enfants à l’école. Où est passé l’agent prélevé
pour l’éducation ?
Les enseignants de leur côté exigent le paiement de leur dû et
de leur régularisation dans le système. Monsieur Michel Joseph
Martelly imposé à la tête du pays depuis 14 mai 2014 a passé 3
ans à maintenir la population dans un cycle de propagande
mensongère et farfelue dans ce qu’il appelle « l’éducation
gratuite »
qui déséquilibre le système archaïque éducatif haïtien. Il
disait très souvent qu’il a envoyé 1 million 900 mille
enfants à l’école, alors que les enquêtes ont prouvé le
contraire, seulement 250 mille enfants ont bénéficié de cette
éducation au rabais.
D’un autre côté, les sénateurs et députés se sont réunis en
Assemblée Nationale comme prévue par la Constitution de 1987
pour clôturer la dernière session de la 49eme législature. Les
députés ont bouclé la dernière session ordinaire de la quatrième
année de leur mandat, sans qu’aucune élection n’ait été réalisée
pour le renouvellement de la chambre basse. Conscients du maigre
bilan de cette législature, les députés ont, lors de cette
dernière séance plénière, voté une dizaine de propositions et de
projets de loi durant environ 3 heures de temps ; alors qu’ils
ont passé 4 ans à s’occuper de tout autre chose sauf de la
mission que leur a confiée la Constitution : légiférer et
contrôler. Il n’y a pas de quoi pavoiser !
L'une des propositions de loi vise à modifier le découpage
administratif du territoire. Les députés proposent la création
de 6 nouveaux départements afin de prendre en compte le poids
démographique de plusieurs régions. Le rapport de la commission
intérieure propose la séparation de 6 des 10 départements, à
savoir : l’Ouest, l’Artibonite, le Plateau Central, le Nord, le
Sud soient scindés en deux. L'ouest donnera ainsi naissance au
département des Palmes avec notamment Petit-Goâve et La Gonâve.
Le Nord sera divisé en Nord 1 avec Cap Haïtien pour chef-lieu et
Nord 2 avec Grande Rivière du Nord pour chef -lieu. L'Artibonite
et le Plateau Central seront divisés en Haut et Bas. Le Sud
donnera naissance au Sud-Est et au Sud-ouest avec des régions
reculées tel Tiburon. Dans le même temps les députés ont élevé
au rang de communes plusieurs sections communales ayant un poids
démographique important. Les députés sont partis en vacances,
attendant ce qui va se passer le deuxième lundi du mois de
janvier 2015. Selon certains députés de l’opposition, c’était la
pire législature qu’Haïti a connue durant toute son histoire, la
49eme législature. D’autres vont plus loin pour dire que même
sous le règne de la dictature des Duvalier, on n’a pas eu une
législature aussi vassalisée, domestiquée, vendue, corrompue,
prostituée et même
piètre.
Pendant ce temps, la population continue de dénoncer la
persécution politique contre les opposants, notamment
l’ex-président Jean-Bertrand Aristide et Me André Michel. Elle
exige le respect de la Constitution de 1987, les principes
démocratiques et de l’État de droit.
L’échec cuisant des examens d’État, de la rentrée des
classes et de la 49eme législature démontre très clairement
à qui on a affaire depuis 4 ans dans le pays le plus
appauvri de la planète-terre. Des gens irresponsables,
incompétents, corrompus, insouciants, revanchards, pédants,
jouisseurs entre autres placés à la tête du pays par les
grandes puissances impérialistes qui occupent la première
République nègre depuis plus d’une décennie ont conduit le
pays vers le chaos et la dictature. Les institutions sont en
voie de disparition, la démocratie va disparaître, si le
peuple ne prend pas son destin en mains.
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