Après qu’il se fit autoproclamér président à
vie, le 14 juin 1964, l’ex-dictateur François Duvalier
entreprit une véritable chasse aux sorcières dans plusieurs
régions du pays, notamment le Sud-Est et la Grand’Anse. Des
massacres ont été commis par les sbires de Duvalier pour
asseoir sa dictature. Les plus célèbres ont été ceux de Mapou, Thiotte, Grand-Gosier, Belle-Anse et les Vêpres de
Jérémie à partir du 5 Août 1964. Ce 5 Août 2014 ramène le 50e
anniversaire de ces massacres. On s’en souvient ! Pour les
commettre, François Duvalier utilisa les membres des Forces
Armées d’Haïti (FAD’H) et les Tontons macoutes, une autre
force paramilitaire établie à cette fin. Voici donc la
chronologie des faits pour l’édification du grand public.
Du mois de juin au septembre 1964, à la suite d’une
infiltration, le 24 juin 1964, dans la région du Sud-Est,
d’une guérilla anti-Duvaliériste basée en République
Dominicaine, les
macoutes
et l’armée déclenchent une vaste opération de répression et
exécutent environ 600 personnes dans les localités de Mapou,
Thiotte, Grand-Gosier et Belle-Anse. L’une de ces tueries
est passée dans la mémoire populaire comme le « massacre des
paysans de Thiotte ». Les
macoutes
exécutent hommes, femmes, enfants, nouveaux-nés et
vieillards soupçonnés d’avoir aidé les rebelles ou de ne pas
leur avoir résisté. Plusieurs familles comptant des dizaines
de membres sont entièrement exterminées. Un enfant, âgé de
neuf ans, réussit à s’échapper, mais arrêté quelques jours
plus tard puis conduit au Palais National, il aurait été tué
personnellement par
François Duvalier.
En août 1964, un autre événement est connu sous le nom
de «Vêpres de Jérémie». À Jérémie,
sud-ouest du pays, des soldats de l’ex- Forces Armées
d’Haïti menés par l’officier William Regala, les Lieutenants
Abel Jérôme et Sony Borges et par les
macoutes
Sanette Balmir et St. Ange Bontemps tuent 27 personnes
(hommes, femmes et enfants), appartenant toutes à des
familles de mulâtres éduqués ; alors que tous les exécuteurs
sont des proches des personnes tuées. Plusieurs familles de
Jérémie dont Sansaricq, Drouin et Villedrouin sont
exterminées. Un enfant de quatre ans, Stéphane Sansaricq,
est torturé devant sa mère avant d’être tué. Les
macoutes
Sony Borges et Gérard Brunache éteignent leurs cigarettes
dans les yeux d’enfants en pleurs.
Le 5 août 1964, à la suite de l'entrée sur le territoire
haïtien de treize membres (un noir et douze mulâtres) du
groupe « Jeune Haïti » dans le sud du pays, François
Duvalier, dans le cadre de sa politique
noiriste,
va ordonner des représailles contre les
mulâtres
de la ville de Jérémie. Les haines et rancœurs accumulées au
cours des décennies contre ces derniers servent de prétexte
aux ordres donnés par
Williams Regala
aux agents militaires et aux
Tontons macoutes
de tuer. Vingt-sept personnes, issues de deux familles des
membres de Jeunes Haïti, sont massacrées dans la ville de
Jérémie. Les treize membres du groupe Jeune Haïti sont
traqués, tués sur place ou emmenés et exécutés en public
dont deux devant le cimetière de
Port-au-Prince.
Aux mois d'août, septembre et octobre de nombreuses
mulâtresses, femmes, vieillards et enfants sont torturées
puis tuées. En récompense, Williams Regala est promu
général. En
1986,
après le départ de
Jean-Claude Duvalier,
il est devenu membre de la junte au pouvoir du général
Henri Namphy.
A l’occasion du 50e anniversaire des Vêpres
jérémiennes, au début mois d’Août 1964, un comité de devoir
de mémoire a été institué par des proches des victimes. Ce
Comité a annoncé un ensemble de manifestations pour
commémorer cette date sombre dans l’histoire du peuple de
Jérémie. Le lundi 4 août 2014, une veillée de prières était
organisée à la Cathédrale Saint-Louis à Jérémie. Une messe
du souvenir a été aussi célébrée au même endroit, ce mardi 5
août 2014, suivie d’un pèlerinage vers le mausolée des
victimes. Une conférence-débats, suivie de l’inauguration
d’une exposition-souvenir sur les 13 membres de « Jeune
Haïti » et les Vêpres de Jérémie de 1964, est annoncée pour
le mercredi 6 août 2014 à la bibliothèque Carl Edward Peters
de Jérémie.
Des films documentaires comme « L’homme sur les quais » de
Raoul Peck, « Le règne de l’impunité » d’Arnold Antonin et
« Wòch nan solèy » de Patricia Benoit seront projetés à
cette bibliothèque, respectivement les 7, 8 et 9 août 2014.
Des représailles ont été orchestrées par François Duvalier
contre treize membres du groupe « Jeune Haïti », dont des
mulâtres, après leur entrée dans la ville de Jérémie, en
août 1964.
Lors des massacres, des stylets et des cigarettes ont même
été utilisés comme instruments de torture à l’encontre des
enfants par des macoutes avides de sang. Capturés par les
macoutes, Marcel Numa et Louis Drouin sont torturés et
fusillés à Port-au-Prince, en pleine rue, devant le
cimetière, en novembre 1964. Duvalier exigea la présence des
employés de l’État, du secteur privé, des élèves de toutes
les écoles (préscolaire, primaire, secondaire) et des
étudiants de différentes facultés sur le lieu de l’exécution
pour qu’ils en furent témoins. Quelle horreur ! Des
orchestres populaires furent contraints de s’y rendre pour
jouer de la musique. Des boissons gratuites furent
distribuées en la circonstance. Les cadavres tombés en
putréfaction au vu et au su de tous furent détachés des
poteaux après seulement plusieurs jours. Ce sont donc là les
atrocités commises par des membres des ex-forces Armées
d’Haïti sous l’ordre du dictateur François Duvalier. |