Des pratiques aussi vieilles que le carnaval des fleurs, le
culte de la personnalité, le refus d’organiser des
élections libres, la corruption, le vol et autres
aberrations qui remontent aux temps des Duvalier, refont
surface avec le régime tètkale duvaliériste de Michel Joseph
Martelly. Sous prétexte d’offrir une occasion de
distraction, de défoulement au peuple haïtien, d’attirer des
touristes, le régime bambochard d’extrême droite ayant à sa
tête un chanteur compas, Sweet-Micky et un spéculateur de
triste renommée internationale, Laurent Lamothe, revient
avec le carnaval des fleurs et la célébration de la date
d’investiture présidentielle, le 14 mai.
Tout cela, non seulement pour justifier des fonds détournés
à leur profit, mais pour aménager un projet de destruction
de la mémoire collective du peuple haïtien. Au cours de ces
trois dernières années, le gouvernement a choisi
délibérément de réinstaurer le carnaval des fleurs à une
époque qui inclut la date du 28 juillet, date funeste dans
l’histoire du peuple haïtien. Il a voulu ainsi maintenir la
première république nègre sous la domination des forces
néocoloniales et le peuple haïtien rivé au système
d’exploitation à outrance.
Le 28 juillet, date marquant le débarquement des forces
yankees sur le sol haïtien ne devrait pas être un moment de
joie pour les représentants des puissances impérialistes en
Haïti, un moment pour eux de s’exhiber comme l’ambassadrice
Pamela Ann White l’a fait au Champ-de-Mars. Cette date ne
devrait pas être non plus une occasion pour le groupe racine
dénommé Koudjay de faire flotter le drapeau étasunien au vu
et au su de tout le monde. Ces gestes prouvent une fois de
plus que le pays est dirigé par des hommes dont le cerveau
est encore dans les chaînes du colonialisme, après que 210
ans auparavant, les chaînes aux pieds des esclaves ont été
brisées par nos ancêtres.
En plus de ce spectacle écoeurant et répugnant offert à la
mémoire de nos ancêtres et aux citoyens conscients,
l’intégrité physique des carnavaliers n’a pas été respectée.
En effet, de jeunes fêtards ont été tabassés par l’abruti
Roro Nelson aidé en la circonstance par ses bandits légaux.
D’autres bandits légaux intégrés au sein de la Police
Nationale d’Haïti (PNH), attachés aux membres VIP du
gouvernement, étaient armés de bâtons, de câbles électriques
pour agresser les noceurs. De telles désagréables images
devraient révolter la conscience collective.
Le 28 juillet qui devrait être une occasion de profondes
réflexions pour le peuple haïtien a été, à nouveau, une
journée de bamboche, de plaisir, à dessein d’occulter la
mémoire du peuple haïtien. Or, un peuple sans mémoire est un
peuple sans histoire, dit-on. Toute tentative de fouler au
pied la mémoire du peuple haïtien est un affront à
l’Histoire. Par ignorance le peuple est victime de ces
larbins placés au pouvoir par des représentants des colons.
De façon paradoxale, ce même peuple est économiquement
victime des étrangers qui dirigent le pays. Le transfert de
richesse continue de plus belle. . Le gouvernement a
décaissé 87 millions de gourdes pour le carnaval des fleurs,
alors que les professeurs, les juges, les médecins et
infirmières sont en grève pour exiger le paiement des mois
d’arriéré de salaire ; aux Cayes, la population prend les
rues pour réclamer de l’électricité.
Les paysans ne peuvent trouver d’engrais pour leur
production agricole, dans un pays où 70% de la population
crèvent de faim, des enfants après voir passé toute une
année sur les bancs d’école ne peuvent pas subir les examens
de fin d’année ou de fin d’études, faute d’argent. Le
gouvernement Martelly-Lamothe a passé 3 ans à créer
uniquement des activités lucratives en sa faveur et au
bénéfice de ses proches. Un «gouvènman
an lakay ou»
chaque mois, 3 carnavals l’an, la réouverture des classes en
octobre au lieu de septembre, l’éclairage mal assuré de
certaines rues, l’obscurité, le soir, dans les foyers, tel
est entre autres choses le bilan carrément négatif du
pouvoir tètkale. Par contre, il a excellé au niveau de la
bamboche, du vol, de la corruption, de la vassalisation des
institutions publiques et des propagandes mensongères du
crime. Sur le plan politique, c’est zéro barré pour
l’organisation des élections, la réduction de la pauvreté,
la création d’emplois, la réduction des écarts sociaux.
Certains se demandent comment un peuple qui a fait
l’histoire peut-il tolérer un pouvoir aussi aberrant à son
nez? Des générations qui ont suivi la dictature des
Duvalier, longue de 29 années, se demandent également
comment se peut-il que le peuple haïtien ait pu tolérer un
régime auteur de tant de dérives et d’aberrations ?
Le 7 février 1986, le peuple haïtien s’est révolté pour
mettre fin une fois pour toutes, à toute forme de dictature
et la voie fut ouverte à la démocratie. 28 ans plus tard,
les anciennes puissances coloniales et occupantes ont fini
par recoloniser Haïti, nation souveraine léguée pas les
héros de l’Indépendance. C’est dans ce but que le 14 mai
2011, elles ont placé un régime fantoche au timon des
affaires. Le régime de marionnette tètkale de son côté,
n’hésite pas à engager le pays dans cette démarche de
recolonisation de la République d’Haïti. Le carnaval des
fleurs est une façon patente de recolonisation mentale des
jeunes haïtiens.
Le pillage des mines par les néo-colons, le déguerpissement
des paysans de l’Ile-à-Vache et des habitants du
centre-ville de Port-au-Prince, entrent directement dans le
processus de recolonisation du pays. Face aux démarches de
recolonisation d’Haïti, la lutte pour la décolonisation
mentale s’impose. C’est dans cette perspective qu’une
campagne de décolonisation mentale a été lancée par des
jeunes de la Commission de jeunesse de l’Organisation
politique Fanmi Lavalas, lors d’une conférence de presse le
mercredi 30 juillet dernier, à quelques heures de la fin de
la bamboche macoute Martelliste au Champ de Mars.
De toute évidence, idéologiquement, le carnaval des fleurs
réalisé depuis 3 ans à Port-au-Prince des 27, 28 et 29
juillet, instauré par un arrêté présidentiel est un choix
délibéré pour réinstaurer les vieilles pratiques de la
dictature des Duvalier. Ceci est clair. Il est aussi une
autre forme de recolonisation de la pensée des jeunes
Haïtiens pour faire oublier la misère et d’autres problèmes
de la vie quotidienne, pour mieux asseoir la dictature ou de
s’assurer du reste du mandat du président. Celui qui domine
la pensée et les idées domine également l’orientation et
l’avenir de la jeunesse montante. L’avenir du pays repose
en très grande partie sur elle.
Si les jeunes doivent rester mentalement colonisés et mal
préparés, l’avenir du pays est assurément hypothéqué. |