L’intensification de la mobilisation contre Martelly est vitale!
Par Isabelle L. Papillon
Dans le cadre de l’opération « Burkina Faso », lancée par
l’opposition haïtienne, le peuple a gagné les rues dans
plusieurs grandes villes du pays, notamment Port-au-Prince,
Léogane, Petit-Goâve, Cap-Haïtien, Fort-Liberté, Ouanaminthe,
Cayes pour exiger le départ de Michel Joseph Martelly et de
Laurent Lamothe.
On reproche à Martelly la volonté manifeste de rétablir un
régime totalitaire par son refus systématique d’organiser
des élections dans le pays depuis son arrivée à la tête de
l’Etat, le 14 mai 2011. On lui reproche également la
violation de la Constitution, le démantèlement des
institutions républicaines comme le Parlement, la Justice,
la Police entre autres ; l’arrestation arbitraire et la
détention illégale d’une quarantaine de militants
politiques, la persécution politique des dirigeants
politique, l’assassinat d’une dizaine de militants
politiques, la corruption qui gangrène les administrations
de l’Etat et le gouvernement Lamothe ; finalement des propos
injurieux lancés par le ministre Rudy Hériveaux à l’endroit
de l’Opposition et le peuple haïtien soulevant une fois de
plus la colère de la population. Il faut ajouter à tout cela
la cherté de la vie, le chômage, la misère, la faim,
l’insécurité, les taxes illégales imposées aux
contribuables.
Au cours des 4 dernières manifestations du mois
de novembre 2014 : 18, 25, 28, 29 à Port-au-Prince les
manifestants ont radicalisé leur position sur le départ
inconditionnel de Martelly et la libération de tous les
prisonniers politiques.
Ils étaient toujours des centaines de milliers de personnes
qui ont investi les rues les 28 et 29 novembre 2014 en
scandant des propos hostiles au régime : « A bas Martelly !
A bas Lamothe ! A bas PSP ! A bas MINUSTAH ! A bas
Occupation ! A bas Chômage ! A bas la misère ! Libération de
tous les prisonniers politiques. MINUSTAH dehors ! A bas
décret ! A bas commission présidentielle consultative ! Vive
démission ! Vive Ayiti Libre ! La MIMUSTAH doit partir !
Martelly doit Partir…. » Tels sont entre autres les slogans
inscrits sur les pancartes et sur les murs durant le passage
de la manifestation.
Le vendredi 28 novembre dernier, les manifestants qui se
sont rassemblés au Bel air et à la Saline se sont rencontrés
pour parcourir plusieurs quartiers populaires avant de
prendre la direction du Parlement haïtien pour dire NON à
toute prolongation du mandat des parlementaires, « A bas PSP ! ».
Puis ils se sont dirigés vers la Primature pour réclamer le
départ de Laurent Salvador Lamothe puis en direction du
Palais de justice pour exiger la libération de tous les
prisonniers politiques, avant de prendre le cap pour le
Palais national. Arrivés à l’angle des rues des Casernes et
de la Réunion, à quelques mètres du palais présidentiel,
des agents de la PNH, communément appelés CIMO leur en ont
interdit l’accès. Après un bout de temps de résistance, en
colère, les manifestants se sont repliés au centre
commercial en érigeant des barricades avec des pneus
enflammés, paralysant toutes les activités durant des
heures.
Le lendemain samedi 29 novembre, les
manifestants infatigables ont davantage répondu à l’appel de
l’Opposition dans les mêmes lieux, parcourant ainsi des
quartiers populeux avant d’emprunter la route de Delmas en
direction tête droite de l’ambassade des Etats-Unis. Arrivés
à Delmas 33, ils ont obliqué sur Tabarre pour se rendre à
leur destination. Après avoir parcouru des kilomètres, à
nouveau la Police leur interdit l’accès à la route qui les
mène devant l’ambassade des Etats-Unis. Au niveau de
Carrefour Fleuriot à quelques mètres de la résidence de
l’ex-président Aristide, les agents de la PNH ont décidé de
mettre fin à la manifestation à coups de bâton, de tirs
nourris et de gaz lacrymogène. Des manifestants et
journalistes en ont été victimes, de même un véhicule
incendié par des bonbonnes de gaz lacrymogène. La grande
foule n’a pas pu atteindre l’ambassade Yankee comme prévu,
mais quelques centaines de manifestants ayant à leur tête le
sénateur, Moise Jean Charles ont quand bien même contourné
les cordons policiers pour atteindre leur destination,
l’ambassade des Etats-Unis. Et là le sénateur Jean-Charles
en a profité pour prononcer un vibrant message pour dénoncer
le rôle des pays impérialistes notamment l’ambassade
américaine dans la dégradation de la crise du pays « Nous
étions déterminés à manifester devant l’ambassade et nous y
sommes nous devons nous battre, nous venons de démontrer ici
notre capacité à retirer le pays de sa situation actuelle »
Il a été rejoint par d’autres compatriotes tels que l’avocat
André Michel.
Par ailleurs, ces deux dernières manifestations qui se sont
déroulées à la capitale haïtienne rappellent de deux dates
qui ont déjà marqué l’histoire dictatoriale de ce pays. Il
faut penser au 28 novembre 1980, quand la dictature des
Duvalier a exercé toute une vague de répressions sur la
presse et sur les opposants à ce régime. Ce jour-là, des
journalistes ont été assassinés, incarcérés et torturés,
alors que d’autres ont pris le chemin de l’exil pour fuir la
terreur de la dictature. Le 28 novembre 1985, trois
écoliers ont été assassinés aux Gonaïves par les sbires des
Duvalier : Mackenson Michel, Daniel Israël et Jean Robert
Cius. Ces crimes odieux avaient soulevé la colère de la
population conduisant à la chute du dictateur, Jean Claude
Duvalier, le 7 février 1986.
Après un an et 8 mois qui ont suivi le
renversement du régime dictatorial des Duvalier, soit le 29
novembre 1987, l’armée répressive de Henry Namphy, Williams
Régala, Claude Raymond et consorts a commis l’un des plus
grands massacres que le pays a connus, au moment où des
millions de citoyens allaient exercer leurs droits de vote
par des élections libres, celui de la ruelle Vaillant au
centre de la capitale qui reste toujours gravé dans la
mémoire du peuple haïtien.
Le 29 novembre 1803 nous rappelle également la
proclamation de l’Indépendance d’Haïti à Fort Dauphin, dans
le Nord du pays par des officiers indigènes. A cette date,
ils se sont entendus pour dire : « Au nom des Noirs et des
Hommes de couleur, l’Indépendance d’Haïti est proclamée.
Rendu à notre dignité primitive, nous avons assuré nos
droits, jurant de ne pas céder à aucune puissance de la
terre … »
Pourtant, à l’occasion de ces deux dates, le
peuple haïtien a perdu ses droits. Son autodétermination et
sa dignité sont systématiquement foulés au pied depuis plus
d’une décennie ; ce qui le porte à gagner les rues une fois
de plus pour débarrasser le pays des prédateurs tels : les
forces d’occupation de l’ONU et leurs laquais locaux, Michel
Joseph Martelly et Laurent Lamothe.
Dans la perspective du déchouquage du régime
Martelly-Lamothe, le peuple haïtien reste toujours déterminé
à mener le combat jusqu’à la victoire finale. Il lance une
mise en garde à la Communauté internationale de ne pas
s’immiscer dans les affaires internes du pays. La solution à
la crise politique qui ronge la société doit inévitablement
passer par le départ de Martelly-Lamothe, la formation d’un
autre gouvernement avec des personnalités qui inspirent
confiance au peuple haïtien, la formation d’un nouveau
Conseil Electoral Provisoire (CEP), la libération de tous
les prisonniers politiques, la fin de la persécution
politique et la réalisation des élections générales.
Il nous faut continuer sur cette lancée en manifestant
quotidiennement contre le régime.
Ainsi, les dirigeants de l’ « Opération Burkina Faso » en
Haiti ont annoncé aujourd’hui que la mobilisation ne
s’arrêtera pas vu que l’appel est lancé à la population
toute entière de rejoindre les mobilisations qui auront lieu
les jours suivants 5, 6, 11, 12, 13, 16 et 18 Décembre 2014.
Le peuple souhaite ne pas manger la soupe du Premier janvier
2015 avec Martelly et Lamothe à la tête du pays.
Dans cette même veine, une centaine de militants politiques,
de la Coordination Dessalines (KOD), de Moleghaf, de
MECHAN, et autres organisations populaires a manifesté son
mécontentement devant le local de la Fusion des démocrates
haïtiens où l'ambassadeur des
Etats Unis accréditée en Haïti, Pamela White tenait une
rencontre avec des partis politiques de
l'opposition.
Ont pris part à cette réunion de la honte
Turneb Delpé, Jean André Victor
et Mirlande Manigat pour le mouvement patriotique de
l'opposition démocratique (MOPOD); Paul Denis et Saurel
Hyacinthe représentant l'INITE; Rosemond Pradel pour la
FUSION.
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