Un
spectacle de mauvais goût pour masquer la
honteuse déroute gouvernementale
La situation devient de plus
en plus sombre en Haiti. Elle est même tragique
compte tenu de l’ampleur que prennent les choses
actuellement. Après avoir tant menti aux
habitants de certains départements du pays en
offrant un tas de programme bidon, la Présidence
et la Primature avaient éventuellement inauguré
une série de prestations pour attrape-nigauds
baptisées Gouvènman an lakay ou (Le
Gouvernement est chez vous !) et censées être
des exercices de dialogue et de proximité avec
la population, voire de transparence politique.
Ainsi, le samedi 19 juillet
2014, Michel J. Martelly et Laurent S. Lamothe
sont allés à Miami, en Floride, réaliser leur 9e
édition du programme Gouvènman an lakay ou.
Une performance marquée au coin du mensonge, du
grand bluff pour duper les haïtiens vivant à
Miami. Un projet qui même au sein de la clique
de mercenaires et de narcotrafiquants du régime
n’a pas fait l’unanimité. En effet, la rumeur
court que tel ministre ou cadre de ce gang de
mafia local n’avait pas vu la nécessité d’un tel
spectacle qualifié de gaspillage de temps et
d’argent à une semaine du show carnavalesque
prévu au Champ-de-Mars.
Des sympathisants du régime,
aussi bien que des curieux, sans oublier les
naïfs et les nigauds, se sont rendus de très tôt
à l’auditorium du collège North Miami Senior
High School pour être témoins du sans-gêne des
membres du gouvernement dépensant l’argent et
les ressources du pays pour faire avancer leurs
affaires personnelles, ce au bénéfice des pays
impérialistes. Pour ce pique-nique en terre
étrangère, le gouvernement haïtien avait décidé
de se déplacer avec les ministres de la Justice
Jean Renel Sanon, de la Communication Rudy
Herivaux, du Tourisme Stéphanie B. Villedrouin,
des Haïtiens Vivant à l'Etranger (MHAVE)
François GUILLAUME II et de l’Éducation, Nesmy
Manigat ; ainsi que des secrétaires d’État et
des directeurs généraux.
Était également de la partie le directeur
général et chef de la police Godson Orélus
arborant sa chemise rose, montrant ainsi
maladroitement et scandaleusement son degré de
honteux attachement au gang politique du
président Martelly. Pour épater et tromper la
galerie, il a fait savoir qu’il allait
stabiliser le pays (sic) et réduire la
criminalité : une rengaine qui n’est pas
nouvelle et dont les résultats se font attendre.
Même, il a prétendu qu’un slogan est en cours
au pays : « Nous avons kidnappé le kidnapping».
Brave Godson !
Michel Martelly, lui,
s’adressant au public déclarait : « Vous avez
contribué à hauteur de 35 millions de dollars
sur les 55 millions de dollars américains que
nécessite le Programme de scolarisation
universelle, gratuite et obligatoire (PSUGO) par
an. Nous sommes très reconnaissants envers vous,
et c’est pour cela que nous sommes ici pour
écouter vos doléances et voir comment nous
pouvons apporter des solutions à vos problèmes».
Mais il n’y a eu personne à lui demander
pourquoi le Parlement n’a jamais été mis au
courant de ce qu’il fait de cet argent et de
plus pourquoi il n’y a jamais eu de loi
autorisant l’utilisation de ces fonds.
Ils ont été nombreux à venir
participer à ce show festif au cours duquel
Martelly a voulu donner le change en agrémentant
la réunion de ses chansons gaillardes et de ses
tours de rein lascifs. Micky a cru masquer la
déroute et la honte de ce « Gouvernement
chez vous » en interprétant sa chanson «
dènye okazyon» au cours de laquelle, il a assumé
son vrai personnage de Sweet Mickey lorsqu’il ne
s’est pas gêné pour s’exhiber vulgairement sur
scène, à la joie béate de ses ministres et
sympathisants.
Au sujet du gaspillage
mentionné par plus d’un, Lamothe pour sa part a
eu l’inélégance d’avancer que : « Si nous avons
dépensé une pitance de 60 000 dollars américains
pour venir dialoguer avec la diaspora et que les
autres ont jugé que nous avons trop fait, c’est
qu’ils ne comprennent vraiment pas ce que vous
faites pour nourrir des familles et des amis en
Haïti» (sic).
A la phase des questions-réponses, le
gouvernement s’est vu acculé. Ils ont une fois
de plus prouvé que certains dirigeants ne savent
même pas ce qui se passe ; à en juger par leur
grand embarras à répondre à des questions
nullement gênantes, mais bien à leur portée.
L’intervention qui allait mettre tout le
gouvernement dans ses petits souliers et Jean
Renel Sanon, en particulier, le dos au mur, est
venue d’une fillette appelée Anestesia qui a
expliqué avant de fondre en larmes, le cas de sa
mère Wiline Absolu incarcérée dans la prison de
Pétion ville depuis 13 mois, sans qu’elle n’ait
jamais été déférée devant un juge , alors que le
gouvernement répète à qui veut l’entendre que
l'État de droit fait partie des cinq E du
gouvernement Martelly-Lamothe et en constitue
une pierre angulaire.
Le Premier Ministre a alors
demandé au Ministre de la Justice d’assurer le
suivi de ce dossier de sorte que toutes les
dispositions soient prises afin de résoudre le
problème de la mère d’Anestesia. A une question
relative à des poteaux et des fils pour établir
l’électricité dans la commune de Grand-Boucan,
quartier Lèba, le premier ministre a vite
demandé au Secrétaire d'État à la Planification
et au nouveau Directeur Général à la
Planification, Giovanni Dorélien de se
renseigner plus amplement.
Par ailleurs, environ 75
militants, en majorité de Veye yo,
l’organisation de feu le père Gérard Jean-Juste,
ont manifesté devant cet établissement dénonçant
chaudement cette réunion. Sur une grande
bannière, on pouvait lire : « Sweet Mickey =
gangster = macoute »
L'événement et la démonstration
ont été couverts par de nombreux médias haïtiens
et par les médias américains, y compris les
chaînes de télévision 10, 4 et 7. Le maire par
intérim de North Miami Philip Bien-Aimé avait
décidé de boycotter l'événement. Mais Lucie
Tondreau, elle ancienne maire, a été de la
partie à l’auditorium de l’école. Beaucoup de
manifestants qui la soutiennent dans sa bataille
juridique actuelle étaient très en colère contre
sa présence. Mais pour se défendre, elle a fait
savoir qu'elle était venue pour poser des
questions difficiles au gouvernement. Toutefois,
elle n'en a jamais posées.
Martelly et Lamothe ont acheté
beaucoup d’heures aux radios communautaires et
de toutes les principales nouvelles stations de
radio - 1320 AM, 1700 AM, 1580 AM et même les
stations pirates illégales communément appelées
“Touche m dous” (Touchez-moi de façon
douce) -14 heures-21 heures. Il a également payé
Island TV pour tout diffuser en direct. Certains
dirigeants communautaires comme Marleine Bastien
ont boycotté l'événement, tandis que Gypsy
Metellus s’est vue remettre une plaque; à ce
sujet, plusieurs affirment que c'est parce que
son mari, Gérard Metellus, le représentant de l'OPL
à Miami, a beaucoup fait pour organiser
l'événement.
Le Propriétaire de la Radio
Piman bouk le nommé Nelson Voltaire est
monté sur scène sur invitation de Martelly qui
l’a humilié en lui disant : « Vous étiez
lavalas, aujourd’hui vous êtes tèt kale, est ce
du fait que je vous paie bien, que vous avez
changé de camp?» Selon le journaliste Jean TH
Elie Pierre-Louis, Sévère est resté coi, ne
sachant quoi répondre. Il est tout bonnement
descendu du podium, sans dire un mot, la queue
entre les jambes.
Enfin, pour couvrir la mauvaise
image de leur extravagance et faire taire les
critiques, le gouvernement Martelly Lamothe a
pris soin de s’engager dans environ 16 ou 19
projets. Un comité de suivi ad hoc composé de
membres du gouvernement, de la représentation
diplomatique de Miami et de citoyens de la
communauté haïtienne de Miami, a été bien vite
mis sur pied. Une autre parade du gouvernement
sans lendemain bien sûr.
Le gouvernement s’est donné rendez-vous en août
prochain, à La Gonâve pour la réalisation du 10e
show de « Gouvènman an lakay ou. »
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