Vertières : Début de l’opération Burkina Faso !
Par Isabelle L. Papillon
18 Novembre 1803-18 Novembre 2014: 211e
anniversaire de la victoire de l’Armée Indigène, le peuple
est dans les rues.
A l’occasion du 211e anniversaire
de la Bataille de Vertières, le peuple haïtien continue de
lutter contre toutes formes de domination et d’exploitation
coloniale capitaliste. Une fois de plus, des centaines de
milliers de personnes sont descendues dans les rues de
plusieurs villes du pays, ce mardi 18 novembre 2014 :
Port-au-Prince, Cayes, Jérémie, Petit-Goave, Cap-Haitien,
Jacmel entre autres pour exiger le départ de Michel Joseph
Martelly et de son associé Laurent Lamothe dans une
opération baptisée Burkina Faso
A Port-au-Prince, la manifestation a démarré des 10 heures
du matin avec des milliers de manifestants. Après une
tournée dans le quartier populeux de La Saline, ils ont
emprunté la rue Saint-Martin jusqu’à l’intersection du
carrefour Péan pour se diriger vers la route de Delmas.
Pacifiquement les manifestants ont longé la route de Delmas.
Arrivés au niveau de Delmas 32, ils se sont dirigés en
direction de Bourdon pour se rendre devant le Palais
national où ils devraient y mettre fin. Mais, des partisans
tètkale n’ont pas hésité à jeter une pluie de pierres sur
les manifestants. Des bandits légaux à bord d’un pick-up
immatriculé SE 02570 et un autre véhicule de marque Toyota
zoreken
ont tiré plusieurs rafales de mitraillette à l’endroit des
manifestants. Le bilan s’est soldé par deux morts et 4
blessés, sous les yeux des policiers restés indifférents.
Les blessés ont pour nom Jocelyn Virgil, Reginald Sinace,
Pétion Reynel et Herard Adner. Les bandits légaux de
Martelly-Lamothe ont eu le temps de regagner leur véhicule
et demeurent en toute quiétude à Delmas 32.
D’après le bloggeur Tina Lorquet,
«
le sénateur Moïse Jean Charles aurait été visé dans cette
fusillade, car il se trouvait à quelques mètres des victimes
». Une des deux victimes, dont nous n’avons pas le nom
aurait été un partisan du sénateur, présent dans toutes les
manifestations contre le régime de Martelly.
Durant tout le parcours de cette manifestation, les
participants ont scandé des slogans hostiles au pouvoir : «
Aba Martelly ! Aba Lamothe ! Se volonte se pa ede pèp. Se
volonte se pa mil goud. Se volonte se pa mizè pou pèp la.
Opération Burkina Faso. Martelly kontra a fini pou ou. Rudy
Hériveaux men ravèt yo. Rudy Hériveaux ravèt yo kwoke nan
gòj ou, ravèt yo nan la ri a.
Nous sommes déterminés à mettre fin au régime tètkale pour
son refus systématique à réaliser des élections libres, la
volonté manifeste de rétablir la dictature par des crimes,
persécutions, arrestations, prisonniers politiques et
d’avoir violé la constitution dans toutes ses facettes. »
Des ouvriers d’usines de sous-traitance étaient également
dans la manifestation avec des pancartes sur lesquelles
étaient inscrits : « A bas syndicat jaune, syndicat
tchyoul patwon, syndicat restavèk patwon kont ouvriye.
A bas privatisation ! Vive nationalisation.
Pèp la ap mouri nan grangou. Aba salè mizè ! Aba esklavaj
degize ! »
Les dirigeants de l’Organisation politique Fanmi Lavalas
dont Dr Maryse Narcisse ont été très remarqués par leur
présence. Mme Narcisse continue d’exiger pour créer la
confusion le départ du gouvernement Lamothe, la formation
d’un CEP inspiré de l’article 289 de la Constitution de 1987
et la réalisation générales des élections le plus tôt
possible. Elle demande également la fin de la persécution
politique, la libération des prisonniers politiques, la fin
des assassinats politiques. Il faut toutefois signaler deux
faits qui ont marqué la journée de 18 novembre 2014, lors de
la manifestation populaire à Port-au-Prince. D’abord la
participation du frère de Mme Sophia Martelly, KIKO
Saint-Rémy à la manifestation pour dénoncer le Premier
ministre, Laurent Lamothe, qui, selon lui, organise toute
une série de machinations politiques contre le peuple
haïtien. Et ensuite, la tentative d’arrestation du député en
fonction Arnel Belizaire, accusé par le pouvoir tètkale
d’être l’auteur de tirs nourris à l’endroit des manifestants
à Delmas 32. La présence de Kiko explique clairement la
lutte acharnée entre les deux têtes de la classe dominante
pour le contrôle du pouvoir : la bourgeoisie que représente
Lamothe et les dinosaures macouto-duvaliéristes de Martelly
avec les Mayard Paul et les Saint-Rémy pour ne citer que
ceux-là.
Arnel Belizaire pour sa part, s’est rendu au Parquet pour
demander au commissaire du gouvernement de quoi il s’agit
exactement. La Police est mobilisée, des sympathisants du
député sont arrivés devant le Parquet, la presse n’a pas
pris le temps pour s’y rendre également. Mais après quelques
heures, sans aucune forme d’interrogation, le commissaire du
gouvernement, Me Kerson Darius Charles a décidé de quitter
les lieux intimant l’ordre à Bélizaire de partir tout en
restant à la disposition à la justice. Le député quant à
lui a refusé de quitter les lieux aussi rapidement, il a
exigé la présence d’un juge de paix pour un procès-verbal
de sa présence au Parquet, avant de partir. Plusieurs
personnalités politiques et avocats lui ont apporté leur
support. Ils ont dénoncé une fois de plus le pouvoir tètkale
qui utilise la justice pour persécuter les militants
politiques qui revendiquent le départ de Michel Martelly.
La mobilisation doit continuer ! Il ne faut pas être effrayé
par la provocation des bandits légaux pour leur abandonner
les rues. Au contraire, ce qui s’est passé aujourd’hui doit
nous renforcer davantage dans la lutte. Grenadiers à
l’assaut !
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