Martelly : qui veut-il tromper ?
Par Marie Laurette Numa
Michel Martelly devait participer à la 69ème session de l'assemblée générale
de l'ONU, au cours de laquelle, sans doute, il devrait
indiquer à ses patrons où il en est avec le processus
électoral, garant de la farce devant perpétuer la corruption
et la politique des multinationales en Haiti. Pour se donner
bonne contenance, tout juste à la veille de son départ, il a
invité ses amis de classe pour faire semblant d’avoir entamé
des pourparlers autour de la crise préélectorale avec des
secteurs politiques, des membres de la société civile et
aussi des pro-gouvernementaux.
Cependant Martelly a pris bien soin d’appeler ces rencontres consultations
et non pas discussions ou dialogues ; mais consultations
pour quoi faire ? Sans nul doute, c’est pour aller dire à
ses patrons que tout marche bien, qu’il n’y a rien à
craindre quant à la tenue des élections.
En tout premier lieu, le lundi 21 septembre au Palais National, Martelly a
rencontré deux acteurs politiques baptisés représentants de
la société civile. Mais pourtant, il s’agit de deux avocats
des mauvaises causes de la bourgeoisie patripoche,
pro-impérialiste et proches du pouvoir, nous voulons parler
du directeur exécutif de l’Initiative de la Société Civile
Rosny Desroches et de son compère vu que l’un ne marche pas
sans l’autre, le responsable du conseil haïtien des acteurs
non étatiques (CONANE), Edouard Paultre.
Ces deux larrons sont allés simplement conseiller Martelly et lui montrer
comment déplacer ses pions pour mieux réussir ses
manigances. Rosny Desroches, a soumis 8 propositions au chef
de l'État dans lesquelles il préconise une entente préalable
sur le format des négociations. Le coordonnateur du CONANE,
Edouard Paultre, lui, a suggéré que les protagonistes
fassent des concessions. Il prône notamment un remaniement
ministériel qui permettra de rétablir la confiance (sic).
Puis ce fut le
tour du président du Sénat, Desras Simon Dieuseul, et de
celui de la chambre des députés, Stevenson Jacques Timoléon
de rencontrer l’équipe de Martelly. Desras, lui, a fait
savoir qu’il a insisté sur la nécessité pour que de vrais
débats aient lieu avec les vrais acteurs concernés par la
crise, indiquant que les sénateurs du G 6 et les dirigeants
du Mouvement Patriotique de l'Opposition Démocratique
(Mopod) doivent être les vrais interlocuteurs de l'Exécutif
à ce stade de la crise. Il a ainsi brossé la situation : « il ne faut pas mettre des pansements là où il n’y a pas de blessure ».
Stevenson
Jacques Timoléon, pour sa part, a une fois de plus exhorté
tous les acteurs à éviter un vide institutionnel en janvier
2015. Il rappelle que la chambre des députés est le
principal concerné par les élections puisque la 50ème
législature doit
entrer en fonction le deuxième lundi de janvier 2015.
Martelly a
également rencontré les autorités du pouvoir judiciaire en
l’occurrence son poulain Arnel Alexis Joseph
et deux dirigeants de l’Organisation du peuple en lutte
(Opl), particulièrement le
coordonnateur général de cette Organisation Sauveur Pierre
Etienne. Alexis a tout dit de son rôle aux questions de
quelques membres de la presse « je ne suis pas
autorisé à parler». Pourtant il a bien parlé…
Le président
Martelly devrait s'entretenir ce mardi avec la secrétaire
générale de la Fusion des socio démocrates, Edmonde Supplice
Beauzile, rencontre qui n’a pas eu lieu vu que les membres
de la Fusion n’avaient pas répondu à l’invitation.
Rien de sérieux
n’est sorti de ces rencontres, sauf que Martelly a trouvé
matière à propagande pour son intervention aux Nations
Unies. Mais pourquoi n’invite-t-il jamais le peuple, ses
représentants au sein des organisations populaires ? Eux
seuls peuvent parler de changement à Martelly, lui dire quoi
faire pour aider à résoudre la crise, ce qui reviendrait à
lui demander de foutre le camp, de laisser le pays au peuple
haïtien.
Les masses
populaires, particulièrement les membres de la Coordination
Desslines (KOD), eux qui préparent un forum populaire le 29
septembre prochain demanderaient à Martelly ce qu’il a fait
de Evinx Daniel, la liste des prisonniers qui, soit disant,
s’étaient sauvés de la prison de la Croix-des-Bouquets. Il
aurait aussi à répondre de ce qui est arrivé aux détenus
colombiens évadés de cette même prison. Martelly peut
tromper Desras, Sauveur Pierre Étienne, ses pareils, vieux
rats politiciens ; mais il ne peut pas tromper le peuple.
Il n’y a qu’une seule
solution : Martelly, Lamothe et la Minustah doivent partir
pour qu’il y ait des élections honnêtes et crédibles. |