À Petit-Goâve : des événements et leurs conséquences !
Par Thomas Peralte
À
l’occasion de la célébration de la fête de Notre-Dame à
Petit-Goâve, le 15 Août 2014, deux incidents malheureux se
sont produits : l’agression physique d’un policier de la PNH
au Lambi Night-Club par des agents de sécurité des députés
PSP, Jacques Stevenson Thimoléon et Jean René Lochard,
respectivement représentant de Petit-Goâve et de la deuxième
circonscription de Port-au-Prince ; l’intervention musclée
des agents de l’Unité Départementale pour le Maintien de
l’Ordre (UDMO) à la clôture des festivités sur la place des
Abeilles, le 17 Août 2014, où plusieurs groupes musicaux
assuraient l’animation.
En effet, le rapport du
Réseau National de Défense des Droits Humains sur les
incidents indique que : « Le 15 août 2014, lors d'un bal
organisé au Lambi Night-Club de Petit-Goave par un
entrepreneur de la zone, une vive discussion est éclatée
autour d'une question relative à la réservation pour des
officiels, d'une partie de la salle où devait performer le
groupe musical Nu Look. Les agents de sécurité du Député
Jacques Stevenson THIMOLEON et du Député Jean René LOCHARD
ainsi que plusieurs officiels présents au Night-Club ont
battu un agent de la PNH, dont le RNDDH se garde de citer le
nom, et l'ont dépossédé de son arme à feu et de son badge
d'identification en raison du fait qu'il se trouvait dans
l'espace réservé aux officiels.
Selon plusieurs
autorités rencontrées dans le cadre de cette enquête, les
premiers agresseurs du policier sont des agents de sécurité
du Député Jean René LOCHARD. D'autres ont pour leur part
affirmé que c'est le Député Jean René LOCHARD lui-même qui a
frappé le policier en premier et a ordonné qu'il soit
menotté. Quelques heures plus tard, l'agent de police a été
libéré, cependant son arme de service et son badge ont été
gardés par le Chef de sécurité du Député Jacques Stevenson
THIMOLEON avec menaces de les remettre à l'Inspection
Générale de la PNH pour sanctions. Ce n'est que le lendemain
de l'incident, soit le 16 août 2014 que le policier, tenu de
se rendre au domicile du Député Jacques Stevenson THIMOLEON,
a pu récupérer son badge et son arme après qu'il ait été
invité à signer un document préparé par le Député lui-même
et dans lequel le Policier s'engage à ne pas poursuivre les
agents de sécurité qui l'ont tabassé. »
Cet acte barbare
rappelle l’époque de la dictature des Duvalier quand des
miliciens ou Tontons macoutes désarmaient des soldats des
Forces Armées d’Haïti puis les jetaient en prison, suite à
de banals incidents. Les députés corrompus, vendus de PSP se
comportent comme de véritables bourreaux dans leurs
circonscriptions. L’agente intérimaire de l’Exécutif, Sandra
W. Jules, amie intime du député Thimoléon, a confirmé
l’agression physique du policier dont le nom n’a pas été
relevé dans le rapport. Elle a déclaré avoir vu du sang au
front de l’agent de police victime dont l’arme et le badge
ont été retenus sur l’ordre d’un nouveau Bòs Pent.., Jacques
Stevenson Thimoléon. Le bilan du
deuxième incident a été très lourd, plus de deux cents (200)
petits commerçants en sont sortis victimes : 32 personnes
blessées dans la foule dont 2 par balles, deux autres
brûlées et des pertes financières énormes. D’autres sources
ont fait savoir qu’il y a eu des morts et des disparus.
Certains estiment que les policiers sont venus tirer à titre
de revanche pour leur frère d’armes victime d’agression
physique des agents de sécurité des députés de PSP.
Suite à ces deux
incidents malheureux impliquant directement le député de
Petit-Goâve et sa petite amie, Sandra W. Jules, les
journalistes qui rapportaient les faits sont eux aussi
victimes de menace de mort du député Thimoléon et de ses
partisans. C’est le cas du directeur de Radio-Télévision
Plus. À ce sujet, le RNDDH rapporte:
« Le 21 août 2014,
lors de son émission hebdomadaire, le journaliste et
Président Directeur Général de Radio-Télévision Vision Plus,
Gibsonne BAZILLE a opiné sur les incidents enregistrés au
cours du festival du 17 août 2014. Le lendemain, soit le 22
août 2014, vers trois (3) heures de l’après-midi, le
Commissaire du Gouvernement a.i. de Petit-Goave, Me. Jean
MAINVIEL, accompagné du Juge Suppléant du Tribunal de Paix
de Petit-Goave, Me. Jean Jude LEANDRE, lui-même assisté de
son greffier Jean Claude ALCINDOR ont débarqué dans les
locaux de Radio-Télévision Vision Plus, pour exiger que les
bandes sonores de l’émission. Le Rendez-vous, réalisée le 21
août 2014 leur soient remises. L'animateur vedette de
l'émission Le Rendez-vous a été bien inspiré d'informer les
autorités judiciaires que Radio-Télévision Vision Plus étant
membre de l'Association Nationale des Médias Haïtiens (ANMH)
et du Réseau des Médias de Petit-Goave, les bandes leur
seront remises, après que ces organisations auront été mises
au courant de cette injonction. Enfin de compte, les
autorités judiciaires ont vidé les lieux, sans les bandes
réclamées.
Dans la nuit du 22
au 23 août 2014, des individus non identifiés ont déposé au
domicile du PDG de la station Gibsonne BAZILLE ainsi qu’en
la résidence de la directrice de la station Roney Innocente
DESGRANGES également correspondante de Radio Kiskeya à
Petit-Goave, deux (2) enveloppes contenant chacune une
cartouche winchester de calibre 12 millimètres et deux (2)
lettres dans lesquelles ils menacent de tuer les
journalistes Gibsonne BAZILLE et Roney Innocente DESGRANGES.
Dans la matinée du 23 août 2014, le PDG de Radio-Télévision
Vision Plus Gibsonne BAZILLE et la directrice de la radio
Roney Innocente DESGRANGES, ont adressé une requête au Juge
Suppléant du Tribunal de Paix de Petit-Goave, Me. Jean Jude
LEANDRE aux fins de constat des Deux (2) enveloppes. Dans la
nuit du 23 août 2014, la Radio-Télévision Planète Vibration
a été partiellement incendiée et plusieurs matériels de
fonctionnement ont été brûlés. Un procès-verbal de constat
des dégâts enregistrés a aussi été dressé par le Juge de
Paix Jean Jude LEANDRE.
Les journalistes ont décidé de saisir les autorités
judiciaires en vue de mettre l'action publique en mouvement
à l'encontre de leurs agresseurs inconnus. Une lettre de
plainte devait être déposée au Parquet de Petit-Goave le
lundi 25 août 2014. En signe de solidarité, Mes André MICHEL
et Newton Louis ST JUSTE ont voulu accompagner les
journalistes audit Parquet lors du dépôt de plainte. Le même
jour, le Réseau des Médias de Petit-Goave, a sollicité une
rencontre avec le responsable du Parquet autour du dossier,
puisque les victimes de menaces de mort étaient des
journalistes. Informés de la présence des avocats André
MICHEL et de Newton Louis ST JUSTE ainsi que des membres du
Réseau des Médias de Petit-Goave dans l'enceinte du Parquet,
des individus armés non identifiés se sont présentés audit
Parquet et, semant la pagaille, se sont mis à injurier et à
agresser les avocats, les journalistes ainsi que d'autres
militants politiques qui les accompagnaient. La grogne
allant en s'augmentant, les avocats ont été obligés de se
réfugier pendant plus de Quarante (40) minutes, au bureau du
Greffe du Parquet avant d'être évacués par des agents de la
PNH et des agents de la Mission des Nations-Unies pour la
Stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Le 27 août 2014, alors
que David SINCERE se trouvait à Chemin Lafond, une zone
réputée partisane du Député Jacques Stevenson THIMOLEON, des
individus accompagnés de Jean Navy LAMONTAGNE, alias Ti
Toutou, l'ont agressé et l'ont blessé au niveau du front.
Evanoui, il a été emmené à l'Hôpital Georges Gauvin de
Grand-Goave ».
En réaction, le Cercle des Journalistes de Petit-Goâve
condamne avec véhémence les attaques en série dirigées
contre la presse locale, notant qu’en moins d'un mois, au
moins 5 journalistes ont été victimes d’agression physique
ou verbale, d’individus identifiés comme des proches du
pouvoir kaletet Martelly-Lamothe et du député Thimoleon.
Le
Cercle des journalistes, de concert avec certaines
organisations locales de défense et de protection des droits
humains a pris l’initiative de rencontrer séparément, les
autorités locales et les représentants de l'opposition pour
les informer de leurs vives inquiétudes face au
développement de cette situation. Malheureusement, malgré
ces démarches, mais aucun changement de comportement n’a été
constaté et la presse continue à subir des agressions. Le
cercle des journalistes de Petit-Goâve lance une fois de
plus un appel à la concertation de l'ensemble des
journalistes, en vue d'envoyer un signal clair à tous les
individus ou les secteurs, qui veulent prendre la presse
pour cible ; c’est ainsi que le mercredi 10 septembre
dernier, la ville de Petit-Goâve a connu une nouvelle
journée de manifestation, de tension et de violents
affrontements entre des membres de l'Opposition et des
partisans des autorités locales.
Plusieurs Groupes du Front mixte de libération de
l'Opposition (Rezo pitit pèp, Fanmi Lavalas, Commandante...)
ont manifesté dans les rues, pour exiger le départ de
l’agent intérimaire de l’Exécutif de Petit-Goâve Sandra
Jules, qu’ils accusent de détournement de fonds publics. De
nombreux lavalassiens participaient à cette manifestation.
Des barricades de pneus enflammés ont été érigées sur la
route nationale #2, obligeant les automobilistes à utiliser
les rues de la ville.
Les protestataires qui scandaient des propos hostiles au
Président Martelly, au Premier ministre Lamothe, au député
Thimoléon et à l’agent intérimaire de l’Exécutif Sandra W
Jules, ont fermé les portes de plusieurs bureaux publics de
la ville tels que : la DGI, la Direction des Travaux
publics, l’OFATMA, la DINEPA où ils ont brisé des matériels.
Ils ont également descendu le drapeau du tribunal de Paix et
celui du bureau des finances. Puis ils se sont dirigés vers
la Mairie où ils ont tenté de s’introduire en vain. Ils
furent repoussés sans ménagement par des agents de sécurité
et des supporteurs de l’agent l’Exécutif. Les deux camps se
sont alors affrontés avec violence à coup de jets de pierre,
plusieurs tirs ont été entendus selon des témoins.
Réagissant à ces violences de rue, Sandra Jules a demandé au
Commissaire du gouvernement de mettre immédiatement l'action
publique en mouvement contre les membres de l'opposition,
qui ont fermé des bureaux publics et lancé des pierres
contre la Mairie, affirmant « Je ne démissionnerai pas,
l'Opposition devra attendre les élections. »
La population de Petit-Goâve ne reste pas indifférente face
aux actes barbares du député Thimoléon et de Sandra W.
Jules. La population a gagné les rues de Petit-Goâve en
plusieurs occasions, les dernières manifestations datant de
mercredi 10, jeudi 11 et vendredi 12 septembre 2014, où des
milliers de personnes sont descendues dans les rues pour
exiger le départ de Sandra W. Jules, de Michel Martelly,
Laurent Lamothe et de Jacques Stevenson Thimoléon. La
population a condamné les violences exercées contre la
presse, les petits commerçants et les membres de
l’Opposition par les partisans tètkale et de Thimoleon. |