Après 2 ans et 3 mois d’administration du pouvoir kaletèt de
Michel Joseph Martelly à la tête de la première République noire
du monde, la situation politique, économique et sociale du pays
ne cesse de se détériorer. Le refus d’organiser des élections
libres à temps, les velléités d’un Exécutif prédateur d’exercer
un contrôle systématique sur les deux autres pouvoirs
(Législatif et Judiciaire), jusqu’à leur anéantissement
inquiètent toutes les forces démocratiques du pays.
Le refus volontaire du gouvernement haïtien, en dépit des
résolutions du Sénat de la République, de prendre ses
responsabilités dans le dossier du choléra et la présence
continue des forces d’occupation de l’ONU en Haïti, depuis plus
de 9 longues années a fait de la Nation de Dessalines un pays de
parias. En dernier lieu, il y a l’évènement spectaculaire qui a
abouti à la mort suspecte du juge Jean Serge Joseph et ses
retombées, comme le rapport du Senat de la République qui
recommande la mise en accusation de trois (3) hauts
fonctionnaires de l’Etat, mettant ainsi la légitimité et la
moralité déjà douteuses au départ de ces autorités en question.
Le 14 aout 2013, date héroïque dans l’histoire du
peuple haïtien, après l’échec de la convocation des leaders des
partis politiques, le président Martelly a raté une fois de plus
le coche pour se mettre à la hauteur de chef d’Etat responsable
et d’un vrai gestionnaire de la res publica. Dans son adresse à
la Nation, il n’a pas su aborder les grands dossiers de l’Etat
qui constituent un handicap pour l’avancement de la démocratie,
la récupération de la souveraineté nationale, le dédommagement
des victimes du choléra, la bonne gouvernance et l’établissement
d’un Etat de droit où prédomine la justice sociale. Il a
délibérément choisi d’enfoncer le clou dans la plaie en évoquant
la faible capacité des partis politiques d’occuper les espaces
de pouvoir depuis les 25 dernières années. Alors que le
président Martelly, à la manière de son prédécesseur, René
Préval participe grandement à la destruction des structures
politiques du pays avec la stratégie de ne pas organiser les
élections à la fin des échéances électorales prévues par la
constitution de 1987.
Le lendemain, à Petit-Goâve, à l’occasion du 350eme anniversaire
de la ville et de la fête patronale de Notre-Dame de
l’Assomption, l’évêque GNBiste de même acabit que Michel
Martelly/Sweet Micky, devenu Archevêque de l’Archidiocèse de
l’Ouest, Guire Poulard, dans son homélie a fait savoir
qu’actuellement en Haïti la corruption est pire que le cancer,
le SIDA et le choléra. Dans une église remplie de fidèles, de
pèlerins venus d'ailleurs et en présence des officiels du
gouvernement, de parlementaires, de leaders politiques, de
membres de la société civile, le chef de l'église catholique a
également lancé un message sur l'évangélisation et la
reconstruction de l'église de la ville qui doit fêter ses 350
ans.
« Beaucoup
s'enrichissent au détriment du pays. Qu'ils soient Haïtiens ou
étrangers. Le chômage est généralisé, très peu de personnes
travaillent. D'autres gagnent leur vie grâce à de petits boulots
et de petites activités commerciales. Nos ancêtres se sont
sacrifiés pour nous léguer cette terre. Il nous faut la
reconstruire et faire d'elle un vrai pays en chassant la
corruption.
De nos jours, le pays est gangrené de corruption. La corruption
est pire que le SIDA, le cancer et le choléra. Les dirigeants
doivent changer de comportement en assumant pleinement leurs
responsabilités. Ils doivent se faire remarquer positivement. Il
nous faut maintenir propre notre environnement. Tout le monde
doit participer au ramassage des détritus et à la lutte contre
les immondices. Chaque personne doit faire quelque chose pour sa
communauté. C'est ainsi seulement que l'on se sentira fier »,
a lancé le chef de l’Eglise catholique d’Haïti.
Le président de la chambre des députés, Jean Tholbert Alexis
quant à lui, a indiqué que si le pouvoir n’arrive pas à
organiser les élections à la fin de cette année, le président
Martelly devra démissionner. Le président conduira le pays vers
« une onde de choc » et cette « onde de choc » sera fatale pour
le pays. Il dénonce, par surcroit les députés du bloc des
Parlementaires pour la Stabilisation et le Progrès (PSP), qui
refusent de participer à des séances afin de paralyser les
activités à la chambre basse dans le but de justifier le projet
macabre du président Martelly de dissoudre le Parlement. La
constitution haïtienne n’autorise pas l’Exécutif de dissoudre le
Législatif : « En
aucun cas, la chambre des députés ou le Sénat ne peut être
dissout ou ajourné, ni le mandat de leurs membres prorogé »,
c’est ce que stipule l’article 111-8 de la constitution
haïtienne de 1987.
Entre-temps la question des élections, qui est le nœud gordien
de la crise politique, ne cesse de soulever des interrogations
de plus d’un. La Présidence maintient toujours le projet de loi
électorale, en dépit des analyses de la commission
présidentielle chargée de la réforme judiciaire. L’équipe
gouvernementale opte pour la réalisation des élections avec la
loi électorale inconstitutionnelle de 2008 et l’opposition
plurielle de son côté s’y est opposée de façon catégorique. Elle
exige que le projet de loi électorale élaboré par le CTCEP soit
transmis au Parlement pour la ratification. Donc la situation
politique du pays, en proie à toutes sortes de difficultés, se
corse de jour en jour. Des manifestions un peu partout dans le
pays ont été organisées pour exiger le départ de l’équipe en
place avec le mot d’ordre : « Destitution et Arrestation ».
Face à cette situation qui se complique, aucune solution
constitutionnelle n’est applicable. Certains demandent de
recourir à la négociation devant aboutir à la convocation des
Etats généraux de la Nation ou dialogue national ou encore
conférence nationale. D’autres se prononcent en faveur d’un
gouvernement de Salut Public ou d’un Conseil d’Etat pour éviter
que l’International ne vienne imposer son plan désastreux, au
détriment de l’intérêt supérieur de la Nation. La solution de
cette crise politique n’est plus d’ordre constitutionnel,
puisque le Premier ministre qui devrait assumer la vacance
présidentielle est impliqué directement et jusqu’au cou dans le
même dossier qui conduira à la destitution du président. |