A l’occasion du 222eme anniversaire de la
cérémonie du Bois Caïman, le 14 aout 2013, qui conduisit la
première République noire à son Indépendance, le premier janvier
1804, des manifestations ont été organisées un peu partout dans
le pays pour exiger le départ du régime tètkale-kaletèt de
Michel Martelly. Au Cap-Haitien, deuxième ville du pays, aux
Gonaïves, à Cité Soleil, à Pétion-Ville et à Port-Au-Prince des
milliers de personnes sont descendues dans les rues en scandant
des slogans très forts contre le régime en place qui prépare un
projet de loi de finances qualifié par certains de « arme
de destruction des masses ».
Malgré l’interdiction des autorités policières du
Nord du pays, des milliers de personnes ont gagné les rues du
Cap-Haitien le mercredi 14 aout 2013 pour dire clairement au
président Martelly qu’il ne peut pas compter sur le Nord pour se
maintenir au pouvoir. Les manifestants, armés de cartons rouges,
pancartes ont parcouru plusieurs rues de la ville en lançant des
slogans très hostiles contre le pouvoir kaletèt de Martelly –
Lamothe : « Elections oubyen Demission ! Nou vle demokrasi san
demagoji ! Jistis pou avoka Andre Michel ! Aba pezesouse ! Twop
vòlè nan Palè a ! Jistis pou jij Jean Serge Joseph ! ». Ils
crient également à haute voix : « Martelly men Moise, fèzèl !
Martelly men Moise, fèzèl ! Martelly men Moise, fèzèl ! Martelly
DEGAJE W Moise rive ! »
A la fin de ce mouvement de protestation, le
sénateur du Nord Moïse Jean-Charles a délivré le message que
voici : « Donnons carton rouge à Martelly ! Donnons carton rouge
à Martelly ! Carton rouge à Martelly, carton rouge à Martelly !
Ceux qui n’ont pas de cartons rouges, levez les mains en l’air.
Aujourd’hui, nous sommes très heureux d’être ici avec vous au
Cap-Haïtien. La dernière fois, nous étions à Plaisance. Les
ennemis du peuple haïtien n’ont pas hésité à tirer à hauteur
d’homme sur la population et sur nous, parce que nous disons la
VERITE. Celui qui meurt pour la VERITE, celui qui meurt pour la
vraie cause du peuple haïtien, à mon avis, n’est pas une
mauvaise mort. Ce que je sais, à partir de cette manifestation,
c’est que le peuple haïtien comprend très bien ce qui se passe
dans le pays. Or, le vent sort toujours du Nord, est-ce que je
me trompe ? Bravo ! wey ! wey ! wey !, ont répondu les
manifestants. Dès lors que le Cap-Haitien se soulève, tout le
pays va se soulever. La lutte pour la sauvegarde de la
démocratie, la lutte pour la sauvegarde des acquis
démocratiques, la lutte contre la faim, la lutte contre la
misère, nous ne devons pas la stopper à travers le pays. Des
manifestants répétaient : « grenadye
alaso sa ki mouri zafè a yo. »
« Aujourd’hui, quand on considère à travers le budget
de l’exercice fiscal 2013-2014 acheminé au Parlement par
l’Exécutif, le montant alloué à l’Education, à l’Agriculture et
aux Affaires sociales a été réduit, alors que l’Exécutif
augmente le montant de la Présidence, la Primature (Bureau du
Premier ministre) et du ministère de l’Intérieur. Cela veut
dire que Martelly est prêt à exercer la répression politique
dans le pays. De notre côté, nous ne sommes pas d’accord.
Certains croient que nous sommes seuls dans le combat ; la
preuve en est bien grande aujourd’hui que nous ne sommes pas
seuls, le peuple est avec nous. Il l’a prouvé une fois de plus.
Montrons à Martelly que nous ne sommes pas seuls ! Montrons à
Martelly la quantité de personnes qui sont entièrement
solidaires de nous. Battez les mains ! Battez les mains ! Battez
les mains ! Les deux en l’air ! Deux mains en l’air ! Deux mains
en l’air !
»
«Aujourd’hui, nous sommes ici pour dire à Martelly
que dissoudre ou pas le Parlement cela ne nous fait ni froid ni
chaud. Ce sera le moment venu pour parler beaucoup plus dans le
pays. Si Martelly ne veut plus nous entendre, il devra corriger
son cahier, il devra mettre au propre son devoir. S’il n’était
pas dans des activités de drogue, s’il n’était pas impliqué dans
la mort crapuleuse du juge Jean Serge Joseph et d’autres crimes,
s’il n’était pas impliqué dans la corruption, dans
l’augmentation de la cherté de la vie, dans le gaspillage des
fonds de l’Etat, s’il n’insultait pas les dirigeants politiques
et les journalistes conséquents, je ne lui aurais pas donné
l’assaut
».
«
Martelly a bloqué tous les projets du département
du Nord du pays qui sont dans l’intérêt de la population. Aucun
d’entre eux ne peut continuer, qu’il s’agit de l’aéroport, des
routes, de WELCH (une entreprise de production nationale du
sucre et de la mélasse qui représente une source de revenu
important pour les paysans du Nord). Tout se fait en faveur de
la classe dominante macouto-bourgeoise et au détriment des
masses populaires. Maintenant, nous manifestons dans les rues du
Cap-Haitien pour démontrer à Martelly et à la communauté
internationale que nous sommes décidés et déterminés à mener la
lutte pour la libération nationale. Dans la mesure où la
communauté internationale maintient son support à Martelly, nous
n’allons pas nous lasser de nous battre contre lui. Donnons à
Martelly carton rouge ! Donnons à Martelly carton rouge! »
Après plus de trois (3) heures de temps dans les
rues de la Cité christophienne, les leaders du Nord ont mis fin
à ce mouvement de protestation contre le régime kaletèt de
Martelly/Lamothe sous la haute protection de la Police Nationale
d’Haïti.
A Cité Soleil, ce même jour, la population du plus
grand bidonville du pays a gagné les rues pour protester contre
le pouvoir, la cherté de la vie, l’insalubrité et l’insécurité
qui font rage dans la Cité. Arrivés devant les locaux du
tribunal de paix de la Commune, les manifestants qui avaient
déjà sillonné les rues, ont été reçus par des gaz lacrymogènes
de la police. Les protestataires ont riposté par des pierres
tout en érigeant des barricades enflammées sur la route
nationale #1. Le responsable du sous-Commissariat de Cité-Soleil
a fait appel à des renforts, la police a brutalement mis fin à
ce mouvement en tirant à hauteur d’homme sur les manifestants
faisant ainsi des dizaines de blessés et une quarantaine
d’arrestations. Un jeune garçon d’une vingtaine d’années, Pierre
Jean François est décédé à l’Hôpital des Médecins Sans
Frontières, suite à des blessures graves et un bébé de quelques
mois n’a pas été épargné.
Aux Gonaïves, le mercredi 14 Août 2013, le Groupe 44
a organisé un sit-in dans la Cité de l’Indépendance pour
dénoncer le pouvoir de Michel Martelly et de Laurent Lamothe.
Les revendications des protestataires sont multiples : les
problèmes de l’éducation, de la vie chère, l’absence
d’électricité et de l’eau potable. Il exige que les élections
soient réalisées à la fin de cette année comme prévu par la
constitution. Quant à la réouverture des classes fixée pour le 2
Septembre prochain, ils disent ne pas voir comment les élèves
iront reprendre les chemins de l’école, alors qu’il y a toujours
des parents qui ne peuvent pas même prendre les carnets de fin
d’année scolaire de 2013, faute de paiement. D’autres
manifestations sont déjà prévues pour le jeudi 22 août dans
plusieurs villes du département de l’Artibonite pour exiger le
départ de l’équipe en place.
A Pétion-Ville, les habitants du quartier populeux
de Jalousie, où les dirigeants sont en train de masquer la
misère de la population, ont profité de la visite du Premier
ministre Laurent Lamothe pour faire passer leurs légitimes
revendications. « Nou bezwen bon jan kay, lekòl, lopital…. Nou
pa bezwen pou yo vin pentire mizè nou la a. » Ils ont, en outre,
exigé la révocation de l’agent intérimaire municipal de Pétion-ville, Ivanka Jolicoeur, qui s’amuse, ont-ils dit, à
vendre des propriétés de l’Etat, le marché, et qui empêche les
petits commerçants du secteur informel de se débrouiller pour
s’occuper de leurs familles. Les marchands de tissus ont déjà
élevé leurs voix contre l’agent de l’Exécutif qui ne travaille
pas dans l’intérêt du peuple de Pétion-ville.
Les militants inlassables du Mouvement de Liberté,
d’Egalité des Haïtiens pour la Fraternité (MOLEGHAF) ont
organisé deux sit-in la semaine dernière, le mardi 13 et le
vendredi 16 Août 2013 pour continuer d’exiger l’amélioration des
conditions de vie des habitants des quartiers populeux, justice
pour le Juge Jean Serge Joseph, la fin de la persécution
politique et la libération des prisonniers politiques, tels :
Jean Robert Vincent, Josué et Enold Florestal et autres.
Le secrétaire général de MOLEGHAF, Oxygène David, a
profité de l’occasion pour apporter son support aux partis
politiques de l’opposition qui ont décliné l’invitation d’un
président illégitime et immoral qui ne fait que plonger le pays
dans des crises et la persécution politique. Selon Oxygène David
le pays n’est pas prêt à aller aux élections avec de tels
dirigeants à la tête du pays. Donc, il encourage la classe
politique, les masses populaires et tous les autres secteurs à
se mobiliser pour faire échec au projet macabre du régime
tètkale contre le peuple.
Pour combler le tout, le vendredi 16 et le lundi 19
Août, à l’aube, des barricades enflammées ont été dressées dans
les différents points d’entrée nord de la capitale, au niveau de
la Croix-des-Missions, Tabarre et Croix-des-Bouquets. Des
chauffeurs ont dû rebrousser chemin.
Une résistance sporadique commence à voir le jour
contre le pouvoir kaletèt du côté des masses populaires de
différents quartiers. Les leaders des partis politiques refusent
de donner une certaine légitimité à un pouvoir en déroute. La
plus haute autorité de l’Eglise Catholique, lance des cris
d’alarme. L’international envoie timidement des signaux. Tout
semble être évident pour qu’un renversement de la situation
devienne réalité. |