Le premier juin 2004, soit 3 mois après le coup
d’Etat-kidnapping du 29 février 2004, a ouvert
la voie à l’occupation d’Haiti par des milliers
de soldats des Nations Unies débarqués en Haïti
sous le label de Mission des Nations Unies pour
la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Depuis,
elle s’y est installée jusqu’à maintenant, en
flagrante violation de la charte de l’ONU, de la
Constitution haïtienne de 1987, de la convention
de Vienne sur le droit des traités et les lois
de la République.
Elle est venue, dit-on, pour
stabiliser le pays et résoudre certains
problèmes. Dix (10) ans plus tard, elle n’a rien
résolu, au contraire elle a apporté, outre les
violations du droit à l’autodétermination du
peuple haïtien et des droits de l’homme, un
autre fardeau, l’épidémie de choléra. Donc dix
(10) ans d’occupation, quatre (4) ans de
choléra, c’est trop, la MINUSTAH doit partir !
Les Nations Unies doivent reconnaitre qu’elles
ont commis une erreur grave. La moralité de
l’ONU est mise en doute.
La résolution 1542 a été adoptée par le Conseil
de Sécurité de l’ONU, évoquant le chapitre VII
de sa charte pour intervenir de force en Haïti,
alors qu’il n’y avait en Haïti aucune menace
pour la paix et la sécurité régionales, voire
internationales.
Après 35 ans de dictature, Haïti était en train
de se relever pour avancer très bien sur la voie
de la démocratie. Les facteurs qui pourraient
représenter une menace pour la paix et la
sécurité internationales sont d’ordre économique
et social à travers : l’appauvrissement, le
chômage, la misère, la dégradation de
l’environnement, l’analphabétisme. Les Nations
Unies sont intervenues non pas pour aider à
résoudre ces problèmes, mais pour renforcer la
domination des puissances impérialistes,
l’exploitation des forces de travail et le
pillage des ressources minières d’Haïti. En
d’autres termes les Nations Unies servent la
cause des grandes puissances impérialistes
telles : les Etats-Unis, la France, le Canada au
détriment d’Haïti, réputée le pays le plus
appauvri de la planète.
Pour ce faire, la plus puissante
organisation mondiale, l’ONU, a non seulement
violé sa propre charte, mais également la
Constitution d’Haïti, les Conventions et les
Lois. Le fondement légal de la MINUSTAH en Haïti
n’est autre que l’Accord du 9 juillet 2004. Cet
Accord qui relève d’un caractère international a
été paraphé par le Premier ministre de facto
d’alors, Gérard Latortue, qui lui-même, avait
déclaré plus tard qu’il ne savait même pas ce
qu’il avait signé. Donc, il a signé cet Accord
sous pression de ses patrons de la Communauté
Internationale, en flagrante violation de la
Constitution. L’article 139 de la Loi mère est
claire là-dessus. « Il (le président de la
République d’Haïti) négocie et signe tous
traités, Conventions et Accords internationaux
et les soumet à la ratification de l’Assemblée
Nationale. » Cet Accord, du 9 juillet 2004 n’a
jamais été ratifié par l’Assemblée Nationale
haïtienne, quand 10 ans plus tard, la MINUSTAH
persiste à piétiner la souveraineté nationale et
à tuer le peuple haïtien qui continue d’être
victime du choléra.
La Constitution ne reconnait
l’existence d’aucune force armée étrangère sur
le territoire haïtien, lorsqu’on se réfère à
l’article 263-1 : « Aucun autre corps armé ne
peut exister sur le territoire national. » Et,
l’article 276 se poursuit ainsi : « L’Assemblée
Nationale ne peut ratifier aucun traité,
Convention ou Accord internationaux comportant
des clauses contraires à la présente
Constitution. »
Au niveau du droit international, se référant
aux conventions de Vienne de 1969 et 1986, tout
traité signé par quelqu’un n’ayant pas de jus
tractum, soit le pouvoir conclure des Traits,
Accords ou Conventions, comme ce fut le cas
avec Gérard Latortue le 9 juillet 2004, cet
Accord est nul, de nullité absolue et doit être
considéré comme sans effet.
Quant au fond et à la forme, la MINUSTAH est
illégale en Haïti. Elle s’est imposée de force
sur la terre de Dessalines. Le peuple haïtien
dans sa plus grande majorité exige son départ
immédiat et sans condition maintenant.
On a souvent dit que la MINUSTAH est venue pour
aider Haïti à se stabiliser, à renforcer les
institutions démocratiques, à l’établissement
d’un Etat de droit, à faire respecter les
principes de la bonne gouvernance, à veiller au
respect des droits humains. Dix (10) ans plus
tard, qu’est-ce qu’on observe ? On a imposé un
régime de bandits légaux ayant à sa tête Michel
Joseph Martelly et Laurent Lamothe qui
conduisent le pays tête droite vers la
dictature, puisqu’ils ne veulent pas organiser
des élections, mettant ainsi en danger la
démocratie. L’Etat de droit qui était en train
de se construire est devenu un Etat délinquant,
un Etat voyou où le trafic de drogue, le
kidnapping contre rançon, la grande criminalité
sont devenus des affaires d’Etat. La liberté
individuelle, la liberté d’expression et
d’organisation sont systématiquement foulées au
pied. Des journalistes ne peuvent exercer
librement leur métier. Des dizaines de personnes
sont incarcérées pour leurs convictions
politiques. La vie d’un sénateur de la
République est en danger, le sénateur Moïse Jean
Charles a été agressé physiquement à plusieurs
reprises par des sbires du pouvoir tètkale. La
corruption et le mensonge constituent la
stratégie et la méthode de gouvernance de
Laurent Lamothe, celui qui a une réputation de
spéculateur, de brasseur d’affaires louches, de
voleur, d’un homme corrompu, d’un magouilleur
international.
En Octobre 2010, les casques bleus des Nations
Unies ont introduit une épidémie de choléra,
qui, en 3 ans a fait plus de 8 milles morts et
infecté plus de 800 mille personnes. Les Nations
Unies refusent catégoriquement d’accorder
réparation pour les victimes . Alors que
l’Accord du 9 juillet 2004, dans son paragraphe
57 prévoit une Commission des réparations pour
traiter les dossiers des victimes collatérales
de la MINUSTAH. Jusqu’à date, cette Commission
n’a jamais été instituée. En plus de
l’introduction dans le pays du choléra, ce qui
constitue une violation du droit à la santé de
la population, les soldats de l’ONU ne cessent
de commettre des crimes contre l’humanité tels :
la pendaison d’un adolescent de 16 ans au
Cap-Haïtien, le jeune Gérald Jean Gilles ; le
viol de jeunes de deux sexes, dont Johnny Jean,
la torture, les massacres dans des quartiers
pauvres du pays, la bastonnade des étudiants au
sein même de leurs facultés, la répression des
ouvriers revendiquant un salaire décent, des
paysans qui luttent contre l’expropriation,
parce que revendiquant de l’eau, de
l’électricité, la construction
d’infrastructures routières et l’emploi. Donc
les troupes de l’ONU sont présentes en Haïti
pour protéger les intérêts des compagnies
multinationales des grandes puissances
impérialistes. Et, alors que faire pour bouter
les occupants de l’ONU hors d’Haïti ?
Malgré les différentes formes de protestations
contre la présence des troupes onusiennes sur le
sol haïtien et la résolution du Sénat ayant
accordé un délai jusqu’à 28 mai 2014, les
Nations Unies n’entendent pas la voix de la
raison ; elles refusent de faire le retrait de
leurs troupes. Cette année encore, à l’occasion
du dixième anniversaire du débarquement des
troupes onusiennes en Haïti, le peuple haïtien
continue d’exiger le départ de ces troupes. Dans
cette perspective, la Coordination Haïtienne
pour le Retrait des troupes de l’ONU et le
Collectif de Mobilisation pour le Dédommagement
des Victimes de Choléra avaient organisé un
atelier de réflexion sur les forces
d’occupation, le dimanche 1e juin,
et, le lundi 2 juin, un sit-in devant le
Parlement haïtien avec la participation de
plusieurs représentants d’organisations
progressistes et populaires pour demander aux
parlementaires d’assumer leurs responsabilités
en sanctionnant l’Accord illégal du 9 juillet
2004. En rejetant cet Accord, le gouvernement ne
pourrait pas renouveler le mandat de la MINUSTAH
et les Nations Unies n’auraient d’autre choix
que de retirer leurs troupes d’Haïti. Dans la
foulée, différentes instances du monde et de la
Caraïbe apportent leur solidarité à la lutte du
peuple haïtien pour le retrait définitif des
casques bleus de l’ONU d’Haïti. Ces
organisations entendent poursuivre la lutte pour
le retrait définitif des forces de l’ONU en
Haïti et réparation pour toutes les victimes de
la MINUSTAH notamment celles du choléra. |