Divers secteurs de la vie nationale ont
organisé, ces derniers jours, différentes formes
de protestation: manifestation, grève, sit-in
pour exiger le départ de monsieur Martelly à la
tête du pays. Le samedi 26 avril dernier,
plusieurs milliers de personnes sont descendues
dans les rues de la ville du Cap-Haitien avec un
seul objectif : forcer le président Martelly à
démettre de sa fonction pour incapacité de
résoudre la crise politique qu’il a lui même
créée. Lancée par des organisations du
département du Nord et appuyée par les partis de
l’opposition, cette manifestation a parcouru
plusieurs zones de la ville sans aucun incident,
malgré le refus de la Police de recevoir l’avis
de manifestation des organisateurs. Des
opposants farouches au régime dont le sénateur
Moïse Jean Charles et d’autres membres de
l’Opposition ont été remarqués à la tête de la
manifestation. Les protestataires ont également
dénoncé le kidnapping, l'insécurité et de la
cherté de la vie.
A Port-Au-Prince, le lundi 28 avril dernier,
plusieurs milliers de personnes ont également
gagné les rues de la capitale pour exiger le
départ de l’équipe tètkale. D'importants
dispositifs de sécurité ont été placés sur le
parcours de la manifestation alors que la police
avait refusé de recevoir l’avis de manifester.
La manifestation qui a débuté devant l’Eglise du
Perpétuel Secours au Bel-Air, a longé la rue
Tiremasse, pour se diriger vers le Palais
National, au Champ de Mars. Les manifestants
brandissant des cartons rouges ont dénoncé les
dérives du pouvoir tetkale Martelly-Lamothe et
ils ont lancé des propos hostiles contre le
président. « Martelly est illégitime, il doit
s’en aller. Des pancartes du parti politique
Coordination Dessalines spécifiaient clairement:
« Nous n’allons pas aux élections avec Martelly
et la MINUSTAH !!! ».
De plus, des manifestants portaient un cercueil
sur le parcours, symbolisant ainsi la mort du
président Michel Martelly. Plusieurs
personnalités politiques ont été remarquées dans
cette énième manifestation des membres de
l’Opposition politique, notamment Turneb Delpé,
Rony Thimothé, Biron Odigé, André Fardeau de
MONOP, Printemps Bélizaire de Fanmi Lavalas et
le contingent de KOD avec l’un de ses dirigeants
Oxygène David.
Plusieurs dizaines d’enseignants et élèves de la
capitale ont gagné les rues pour exiger de
meilleures conditions de travail. Les
manifestants ont profité pour dénoncer les
conditions socio-économiques déplorables de la
population haïtienne. Rappelons que les
enseignants des écoles publiques, ont entamé, ce
28 avril, leurs mouvements de protestations pour
exiger des autorités de meilleures conditions de
travail, en dépit de la promesse du nouveau
ministre de l’Education nationale d'augmenter
leur salaire. Le paiement des arriérés de
salaire, l’augmentation du salaire de base à 50,
000 gourdes, la nomination des enseignants en
situation irrégulière, sont parmi les
revendications des protestataires. Les activités
des écoles publiques dans tout le pays sont
complètement paralysées à cause de la grève des
professeurs, les élèves commencent à gagner les
rues dans différentes villes du pays.
Par ailleurs, aujourd’hui encore, les syndicats
de chauffeurs ont lancé un mot d’ordre de grève
d’avertissement contre la pression fiscale du
pouvoir tètkale et toute tentative
d’augmentation du carburant sur le marché. La
Direction générale des Impôts exige des
chauffeurs 20,000 gourdes pour retirer leurs
certificats de déclarations définitives d’impôt,
ce qui est inacceptable pour les chauffeurs du
transport en commun. Ce mot d’ordre de grève a
été respecté dans différents circuits de la
capitale, notamment au Portail Leogane, Clercine
et dans les villes de province, En général la
circulation a fonctionné au ralenti dans les
zones métropolitaines de la capitale.
La mobilisation anti-Martelly se poursuivra dans
les jours qui suivent. Le premier mai prochain,
il y aura de grandes manifestations à travers le
pays, les ouvriers descendront dans les rues
pour protester contre l’arrêt présidentiel qui
viole la loi sur le salaire minimum de 2009.
Dans la foulée, la Coordination Dessalines dans
une conférence de presse ce matin 29 Avril a
annoncé sa participation d’emblée à toutes les
manifestations à venir contre le pouvoir,
particulièrement le Premier mai à l’occasion de
la journée internationale des travailleurs, et
elle a également annoncé un forum populaire pour
le vendredi 2 mai où seront discutés les points
suivants :
1) La question du gouvernement provisoire pour
remplacer le régime actuel comme indiqué dans le
premier forum du 29 septembre 2013.
2) Les problèmes que confrontent quotidiennement
les ouvriers, les travailleurs et les paysans et
comment KOD va travailler avec eux pour
l’avancement de la cause populaire.
3) Le problème de l’occupation du pays et le
départ de la Minustah comme condition sine qua
non avant même les élections que prônent les
pays impérialistes.
A chaque manifestation tant à la capitale que
dans d’autres villes du pays, des centaines de
milliers de personnes descendent dans les rues
pour exiger le départ inconditionnel de monsieur
Martelly à la tête du pays pour son incapacité,
son incompétence et son irresponsabilité à
traiter les grands dossiers de l’État.
Entretemps, au niveau international, il
bénéficie du support des colons, des occupants,
relais des pays impérialistes en particulier:
les Etats-Unis, la France auxquels sont mêlées
l’ONU, et l’OEA. Et, au niveau local, il est
toléré par des forces rétrogrades et
réactionnaires telles : l’église, une partie de
la classe politique traditionnelle, de la
société civile minoritaire malgré toutes ses
graves dérives et menaces à l’État de droit, aux
libertés fondamentales et individuelles.
C’est dans ce contexte que les
occupants, s’étaient retranchés derrière le
premier cardinal d’origine haïtienne de l’église
catholique apostolique romaine, Monseigneur
Chibly Langois, pour engager un
dialogue-monologue qui a débouché sur un
accord-désaccord, le 14 mars dernier. Profitant
de ce document inconstitutionnel, le
gouvernement Martelly-Lamothe a procédé à un
remaniement ministériel inconstitutionnel
plongeant ainsi le pays davantage dans le
gouffre.
À
cette phase des débats, quelle est la position
du Sénat, le seul garant de la constitution
aujourd’hui ?
Le président du grand corps, le sénateur Desras
Simon Dieuseul a eu à faire des déclarations
fracassantes à l’encontre du pouvoir tètkale
Martelly-Lamothe, devenu un repaire de bandits,
de kidnappeurs, de dealers de drogue, de
voleurs. Il cite à titre d’exemple un certain
Wilma Dorzena, alias Wisky Wisky membre du gang
Galil de Sonson La Familia. Il a été nommé agent
exécutif dans la mairie de Saut-D’eau, son
patelin, avec pour mission spéciale de
l’assassiner. Ce présumé kidnappeur est
également un employé du Centre National
d’Equipement (CNE). Il assure la sécurité de
Martelly et de son fils Olivier. Il circule
cagoulé avec des armes de gros calibre : Galil,
M4, et il est en possession d’un badge du palais
national.
Le président du Sénat a fait savoir
du même coup, après deux rencontres avec la
majorité des sénateurs, qu’il a reçu mandat pour
adresser une correspondance au président
Martelly lui demandant d’appliquer l’article 289
de la constitution en vue de la formation d’un
Conseil Electoral Provisoire (CEP) afin que les
élections aient lieu cette année. Sans quoi, il
n’aura d’autre solution que de réclamer la
démission de monsieur Martelly. Le président du
Sénat, Simon Dieuseul Desras a dénoncé, en début
de semaine, l’attitude du chef de l’Exécutif,
Michel Joseph Martelly, qui, selon lui,
chercherait à fuir ses responsabilités et
l’engagement qu’il a pris en ce sens, en
acceptant de signer l’accord, lors du dialogue
politique et institutionnel. Il a rappelé au
chef de l’État que, « l’accord El Rancho n’a pas
de force contraignante et n’est au-dessus, ni de
la Constitution, ni de la loi électorale. »
Dans la foulée, quelle est donc la
position de la Communauté Internationale, en
l’occurrence les Etats-Unis, l’ONU, l’OEA, la
France ? Par la voix du coordonnateur adjoint du
Bureau des affaires d’Haïti au Département
d’Etat, Joël Danies, il est clair que les
Etats-Unis supportent ouvertement la position du
président Martelly qui manifeste sa volonté
d’appliquer l’Accord d’El Rancho en violation
flagrante de la constitution haïtienne et les
lois de la république pour satisfaire leurs
intérêts au grand dam de ceux du peuple haïtien.
Le mercredi 23 avril dernier, Joël Danies a
débarqué à l’aéroport Toussaint Louverture en
« bourik chaje pa kanpe ». Il s’est rendu tout
droit au Sénat haïtien pour faire pression sur
le groupe des 6 sénateurs opposant au projet
tètkale.
Les sénateurs ont quand même résisté
sous la pression de l’émissaire des Etats-Unis.
Le même jour deux communiqués sont rendus
publics par l’Ambassade des Etats-Unis et
congrès étatsunien. Le premier déplore le retard
enregistré dans la réalisation des élections en
Haïti et le second, pointe du doigt les
autorités haïtiennes dans le risque qu’il court
dans le blocage de l’aide étatsunienne à Haïti.
Le congrès a décidé de bloquer 300 millions
d’aide à Haïti, si des signaux ne sont pas
lancés quant à la réalisation des élections
cette année.
L’OEA de son côté par l’organe de son secrétaire
général Miguel Insulza déplore l’absence d’un
accord concret entre les acteurs haïtiens
établissant un calendrier électoral. Selon lui
l’accord d’El Rancho reste à son stade de
stagnation.
Dans la soirée du lundi 21 avril 2014, lors
d’un dîner offert en honneur du président du
Sénat, Desras Simon Dieuseul, à la résidence de
la cheffe d’occupation de l’ONU, La Minustah,
Mme Sandra Honore a déclaré, selon l’un des
responsables de radio Scoop FM, Gary Pierre-Paul
Charles: « Ne laissez pas votre gloire aux
autres. Ne déléguez pas votre privilège aux
étrangers… ». Alors qui sont ces étrangers ?
Martelly et Lamothe ou les représentants des
colons. Présents également à cette rencontre on
signale deux autres sénateurs Joccelerme Privert
et Maxime Roumer ; un conseiller du président
Martelly, l’ex-sénateur Youri Latortue ; un
représentant du cabinet privé du Premier
ministre Lamothe, Carl Jean-Louis ; une
représentante de MOPOD, Mirlande Hyppolite
Manigat, un représentant du secteur privé des
affaires, Dimitri Vorbe ; une représentante des
organismes de défense des droits humains, Marie
Yolène Gilles ; deux autres journalistes Daly
Valet et Robenson Alphonse, représentant radio
Trans-air/Vision 2000, Le Nouvelliste et un
représentant de l’église catholique dont le nom
n’a pas été relevé.
Le président du Sénat, Desras
Simon Dieuseul est bien conscient du fait que
Martelly jouit de l’appui d’« alliés
internationaux puissants ». Néammoins, la
semaine dernière, il a eu à déclarer : « Je
solliciterai la démission du président Martelly,
s’il n’arrive pas à organiser les élections à la
fin de cette année. » Un fait est certain: face
à ce complot fomenté de toutes pièces par la
Communauté Internationale par l’intermédiaire de
ses laquais locaux, des politiciens serviles
encore mentalement esclaves, le peuple haïtien
n’a d’autre choix que de se mobiliser en vue de
faire échec à cet outrage en vue de
l’International. |