Le kidnapping
spectaculaire de l’homme d’affaires Sami El Azzi
le 17 février dernier a permis à la Police
Nationale d’Haïti (PNH) de démanteler un
puissant gang de kidnappeurs dénommé « Gang Galil
» dirigé par le nommé Woodly Ethéart alias
Sonson La Familia ou SOS, proche du président
Michel Joseph Martelly et de la famille
présidentielle. Plus d’un mois après la
libération de l’otage le 20 février, des Unités
de la Direction Centrale de la Police Judiciaire
(DCPJ), dont la Brigade de Lutte contre le
Trafic des Stupéfiants (BLTS) ont effectué une
perquisition dans la résidence de Woodly
Ethéart co-propriétaire du restaurant La
Souvenance à Pétion-Ville qui a été mis sous
scellée. La justice a procédé à l’arrestation de
sa femme, Marie Taïssa Mazile Ethéart, de
nationalité canadienne et mère de 3 enfants, le
mercredi 26 Mars. Son dossier a été transmis au
cabinet d’instruction par devant le juge
d’instruction, Sonel Jean François qui l’a
auditionnée et lui a décerné un mandat de dépôt,
sous les chefs d’accusation de « blanchiment des
avoirs provenant du trafic de drogue et d’actes
d’enlèvement ». Alors que son mari, Sonson La
Familia, est recherché par la police ainsi que
six (6) autres membres du Gang Galil dont Renel
Nelfort alias le Recif, le numéro 2 dudit gang.
Ce gang a déjà commis 17 kidnappings.
En terme de jurisprudence, seul
un juge d’instruction, par une ordonnance, ou le
doyen du Tribunal de Première instance, par une
décision d’habeas corpus, pouvait libérer une
telle prévenue. Un substitut de Commissaire peut
jouer un rôle de messager pour libérer un
prisonnier sur l’ordre d’un juge d’instruction.
Pour sa part, l’ex-Commissaire du gouvernement
de Port-Au-Prince, Claudy Gassant a déclaré, sur
Scoop FM, ce mardi 1er avril 2014 : «
C’est une opération kamikaze montée de toutes
pièces par le gouvernement (Laurent-Lamothe) et
exécutée par le Commissaire Norgaisse ». Pour
lui, la raison de santé ne tient pas pour
libérer cette prévenue.
A
la surprise générale de plus d’un, le samedi 29
mars, dans la soirée, un commando ayant à sa
tête le substitut Commissaire du gouvernement de
Port-au-Prince, Gérald Norgaisse, accompagné,
selon les informations disponibles, de Ronald
Nelson alias Roro Nelson, bras droit du
président Martelly et un certain Samuel Pierre a
procédé à la libération de la prévenue, Mme
Sonson La Familia sur l’ordre du Palais national
et du ministre de la justice. Elle a été
transportée dans un véhicule du palais national
à une destination inconnue.
Certains disent qu’elle est déjà partie pour
le Canada. Le lendemain, le juge d’instruction,
en charge de ce dossier, Sonel Jean François
accompagné d’un juge de paix s’est transporté à
la prison des femmes à Pétion-ville pour
verbaliser la disparition de la prévenue. Le
commissaire Gérald Norgaisse qui était très
abondant dans le dossier d’ONA-Anel Bélizaire a
observé un silence de cimetière dans le dossier
d’évasion de l’épouse du numéro 1 du gang Galil,
spécialisé dans le kidnapping, trafic de drogue
et assassinat.
Qualifié d’ingérence arbitraire du pouvoir
exécutif dans le pouvoir judiciaire, puisque le
dossier n’était plus au Parquet, il était au
cabinet d’instruction, on devrait attendre
l’ordonnance du juge d’instruction pour les
suites nécessaires. Mais le pouvoir en place a
agi autrement et en dehors des normes en
vigueur. Marie Yolène Gilles du Réseau National
de Défense des Droits Humains (RNDDH) qualifie
cet acte, qui a fragilisé davantage l’appareil
judiciaire, gangréné par la corruption de «
forme classique de complicité d’évasion ». Selon
elle, cet acte ne peut pas être resté impuni. Le
juge d’instruction doit poursuivre le
Commissaire du gouvernement, Gérald Norgaisse,
le responsable de la prison et toutes autorités
impliquées dans le dossier pour complicité
d’évasion, conformément à l’article 195 et
suivant du code pénal haïtien.
Il faut rappeler toutefois que
le pouvoir tètkale de Michel Martelly a toujours
pris un malin plaisir à outrepasser ses droits
pour libérer des présumés criminels, des dealers
de drogue et des kidnappeurs, tandis que
d’honnêtes citoyens pourrissent en prison. En
2012, il se servait du juge « zafra » Fermo-Jude
Paul pour libérer le présumé criminel, Calixte
Valentin, présumé assassin du commerçant Antonal
Dérissaint à la Frontière haïtiano-dominicaine
tandis que le Commissaire du gouvernement de la
Croix-des-Bouquets, Me Mario Beauvoir était
limogé. En 2013, dans le Sud du pays, le
Commissaire du gouvernement, Jean-Marie Salomon
était contraint à la démission pour avoir osé
ordonner l’arrestation du puissant trafiquant de
drogue, ami personnel du président Martelly,
Evinx Daniel. Ce dernier est porté disparu
depuis le début de l’année en cours.
A Port-au-Prince, une dizaine de
Commissaires du gouvernement se sont succédé
depuis l’arrivée de monsieur Martelly au timon
des affaires de l’Etat, le 14 mai 2011. La
justice vit de scandale en scandale. Le pouvoir
judiciaire ayant à sa tête, Me. Anel Alexis
Joseph s’est mis totalement au service de
l’Exécutif. La justice cesse d’être une femme
aux yeux bandés, tant elle est décriée par la
population. Elle est devenue un instrument aux
mains du président Martelly et son équipe pour
protéger les dealers de drogue, les kidnappeurs,
les criminels, les assassins, les faussaires,
les sénateurs et députés transformés en
bourreaux contre de simples citoyens.
De toute évidence, une énième fois le Palais
national et la Primature sont directement
impliqués dans ce dossier d’évasion ou
d’opération de kamikaze effectuée par le
Commissaire Norgaisse, le 29 mars dernier en
faveur de l’épouse du chef de gang de
kidnappeurs, de dealers de drogue, Sonson La
Familia. D’aucuns estiment que Martelly a été
trahi par Lamothe dans ce dossier. De toute
façon, ce dossier a encore éclaboussé le
pouvoir tètkale de Martelly- Lamothe.
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