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ARCHIVE DE GRANDS TITRES

Haiti-Liberte

 

Edition Electronique

Vol. 8, No. 28
Du  Jan  21  au  Jan 27. 2015

Electronic Edition

Kòrdinasyon Desalin: Conférence de presse

 

 Vol. 7 • No. 28 • Du 22 au 28 janvier 2014

   

Jean Dominique:
Un dossier qui évolue au gré des conjectures

Par Jacques Kolo Pierre

...Le dossier du double assassinat, le 3 avril 2000, du journaliste Jean Dominique et de son gardien Jean-Claude Louissaint  refait surface dans l'actualité avec le rapport d’enquête du juge d'Instruction en charge de l'affaire Yvikel Dabrezil dont a fait état le vendredi 17 janvier 2014 Joseph Guyler C. Delva, qui fut Secrétaire d'Etat au gouvernement Martelly-Lamothe et actuel Conseiller au Palais National.

Radio Haïti Inter a été au cœur du débat politique et idéologique post 1986. Avec une équipe dévouée et rompue à la bataille, elle s'est taillée une place de choix dans le paysage radiophonique haïtien en dénonçant des pratiques malsaines et malodorantes dans notre milieu. Jean Dominique a fait un choix de lutter contre les forces du statu quo. C'est pourquoi, il a été en maintes occasions la cible rageuse des "anti-changements " qui voient en lui un homme à abattre pour ses convictions.

Selon les propos de Guy Delva qui déclare citer des extraits de l'ordonnance du Juge Dabrezil  qui n'a même pas encore été rendue publique, une ancienne sénatrice  de la République, Mirlande Lubérus, serait l'auteure intellectuelle de ce double assassinat perpétré sur la cour de la station dont Jean Dominique était propriétaire. Toujours selon Guy Delva qui a fait le tour des medias de la capitale vendredi dernier pour "vendre" l'ordonnance, l'ex-président Jean-Bertrand Aristide serait un témoin clé dans cette affaire, bien qu'il n'ait pas été inculpé comme ce serait le cas pour Mirlande Libérus....   

Il n'y a pas eu de vrais rebondissements dans le public, suite à l'information de Guy Delva, ancien secrétaire d’Etat à la Communication du régime en place. Il ne s'agit pas d'un scoop non plus. Puisque, l'ancien correspondant de radio Métropole dans le Sud du pays a tellement habitué la population à ce genre de situations qui puisent leurs racines dans la propagande gouvernementale ciblant son adversaire au sein même de Fanmi Lavalas dont Aristide est le leader spirituel. Guy Delva était le premier à rendre publique la décision du juge Dabrezil de convoquer l'ex-président Aristide au Cabinet d'Instruction le 8 Mai 2013 dans le cadre de cette même affaire.

Il est important de noter que l'instruction est secrète dans le cadre d'un dossier pareil qui, pratiquement quatorze années après, est toujours dans l'impasse. Il est vrai que certains juristes sont d’avis contraire sur le confidentiel du dossier à ce niveau, d’autres pensent, au contraire, que les inculpés devraient être notifiés d’abord avant que l’affaire soit rendue publique. Comment Guy Delva a pu-t-il avoir accès à l'ordonnance d'un juge sur un dossier aussi sensible qui n'est même pas encore sorti? Guy Delva qui est également responsable de SOS journaliste est probablement dans le secret des dieux ou du moins, à titre de Conseiller du Palais National, il est chargé de faire le relais pour la "bonne cause". Car ce dossier est avant tout politique. Chaque gouvernement cherche à  tirer son épingle dans la mort du grand journaliste émérite qu'est Jean Do de son surnom. ...

Pas moins de dix juges et des Commissaires de gouvernement ont épluché le dossier de Jean Dominique en tout ou en partie. Plusieurs personnalités ont été déjà auditionnées, dont l'ancien président René Préval, un ex-sénateur de la République, Dany Toussaint et un ancien Premier Ministre, Yvon Neptune, le leader de l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL), Sauveur Pierre Etienne. Au moins deux témoins clés ont trouvé la mort dans des circonstances très troublantes. L'un au cours d'une opération chirurgicale mineure à l'Hôpital de l'Université d'Etat d'Haïti et l'autre dans un Centre carcéral à Petit-Goâve. Des documents importants sont disparus ou enfouis dans des décombres du Palais de Justice de Port-au-Prince qui logeait le Cabinet d'Instruction, lors du tremblement de terre du 12 janvier 2010.

Au total, dix (10)  personnes ont été déjà inculpées. Parmi elles, deux étaient considérées comme des hommes de main et une autre à titre de complice, a informé  Michèle Montas, la femme du journaliste-defunt qui dit croire qu'il s'agissait d'une exécution manifeste de son mari de la part des hommes puissants de ce pays. Elle a fait ces déclarations lors d'une interview à Radio Caraïbes, postée également en ligne le lundi 20 janvier 2014....

Ce qui parait bizarre, la dernière ordonnance du juge Dabrézil sur le cas Jean Dominique dont a fait état Guy Delva a inculpé des citoyens dont les noms ne figurent nulle part dans les autres ordonnances en rapport à ce crime. Autant dire que, chaque gouvernement a son juge d'Instruction. Et chaque ordonnance a  ciblé ses propres témoins à charge ou inculpés. Singulier petit pays où la justice est à multiples vitesses!

Pourquoi c'est Guy Delva qui a été chargé de rendre publics des extraits du rapport du juge Ivikel Dabresil sur le dossier de Jean Dominique et de Jean-Claude Louissaint? Guy Delva qui était à la tête d'une Commission créée par le président René Préval pour faire la lumière sur les cas d'assassinat de journalistes, et qui est depuis belle lurette dysfonctionnelle. M. Delva ne peut prétendre aujourd'hui parler au nom de cette Commission caduque pour avoir accès, dit-il, au dossier de l'instruction secrète. Si tel était le cas, M. Delva occuperait au moins deux fonctions officielles, dont l'une est incompatible avec l'autre. Sur cet aspect précis, le sénateur John Joël Joseph a estimé qu'«il y a clairement manipulation et manœuvres politiciennes pour tenter d'affaiblir un secteur politique fort à l'approche des joutes électorales»....

Pour le parlementaire cité par l'Agence haïtienne de Presse le 17 janvier 2014, il y a un lien très étroit  entre la sortie de telles informations et la levée de boucliers  contre  Jean-Claude Duvalier au lendemain du 3ème anniversaire de son retour d'exil.

Tout d'abord, le dossier de Jean Dominique, figure emblématique de la presse haïtienne, est politique pour la simple bonne raison que le pouvoir en place cherche à réhabiliter le régime honni des Duvalier à travers la réinsertion de Jean-Claude Duvalier qui vit au pays depuis trois années après son retour d'exil en France le 16 janvier 2011. La présence récente de M. Jean Claude Duvalier à la cérémonie de commémoration de l'anniversaire des victimes du tremblement de terre du 12 janvier 2010 à l'invitation du président de la République Michel Martelly, n'a pas reçu un écho favorable auprès de la population. Il en est de même de sa participation aux cérémonies officielles marquant le 210e  anniversaire de l'Indépendance haïtienne, le 1er janvier 2014. Sa dernière sortie publique aux côtés du président Martelly aux Gonaïves, bastion de la contestation contre le régime dictatorial des Duvalier à partir de 1985, a été très critiquée notamment par des victimes de la répression, des organismes de droits humains et d'autres organisations de la société civile.

Justement, le Collectif contre l’impunité, une association regroupant des plaignants et des organisations de droits humains, dit déplorer ce qu’il appelle la banalisation de la dictature et les tentatives de réhabilitation de l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier. La Coordonnatrice du collectif, Danielle Magloire, une victime des Duvalier,  a déclaré que "des démarches sont actuellement en cours à la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH) en vue de réactiver le dossier Duvalier. Ces démarches, a-t-elle rappelé,  visent entre autres à obtenir qu’une session  soit organisée à la CIDH d’ici au mois de Mars sur le dossier Duvalier».

Le pouvoir en place d'inspiration macouto-duvaliériste, face à cet imbroglio politique, tente de faire fuite en avant avec le dossier de Jean Dominique pour donner une autre occupation à la population. Les élections à venir représentent une épine au pied du gouvernement Martelly-Lamothe. Le pouvoir en place qui  n'est pas sûr de gagner le prochain scrutin tente de faire diversion ou du moins cherche à bloquer, dit-on,  la machine lavalas qui représente la principale force politique du pays et qui, selon toute vraisemblance, serait capable de gagner n'importe quelle élection organisée dans la transparence. Lors du scrutin à venir, si le régime en place perdait sa majorité construite à coup d'argent et de promesses à la Chambre des députés et n'arrivait pas à remonter son décalage au niveau du Sénat, ce serait la débâcle et sonnerait le glas pour le président Michel Martelly qui a une épée de Damoclès sur sa tête avec la résolution du Sénat  demandant à la Chambre des députés de "mettre en accusation" entre autres le locataire du Palais National et celui de la Primature dans leur "responsabilité dans la mort suspecte" du Juge d'Instruction Jean Serge Joseph.  Un rapport d'une Commission d'Enquête Spéciale du Sénat en date du 8 aout 2013 avait conclu que Martelly et Lamothe avaient menti à la nation au sujet de la mort controversée du juge d'Instruction Jean Serge Joseph qui enquêtait sur un dossier de corruption présumée de la famille présidentielle.

Il y a du pain sur la planche pour le président Martelly qui fait face surtout  à des pressions constantes pour l'organisation d'élections sénatoriales partielles, municipales, locales et pour le renouvellement également de la totalité de la Chambre des députés ; et surtout face à une  opposition démocratique qui réclame constamment son départ pour "n'avoir pas su délivrer la marchandise" promise lors de sa campagne électorale et par rapport au "totalitarisme du pouvoir". Donc, il est important pour le pouvoir Martelly de chercher à brouiller les pistes et de travailler à faire l'équilibre entre Jean-Claude Duvalier (symbole de la dictature) et Jean-Bertrand Aristide (leader des masses) dans la perspective de la survie de son régime. Il est à craindre que le pouvoir de Port-au-Prince en complicité avec un certain secteur de la Communauté internationale cherche à mettre Fanmi Lavalas hors d'état de nuire avant l'organisation des joutes à venir qui représentent une étape cruciale pour le pays et pour l'avenir du régime Martelly-Lamothe.

Les 9 inculpés sont Mirlande Lubérus, Harold Severe, Annette Auguste (Sò An), Franco Camille, Merité Milien, Dimsley Milien, Toussaint Mercidieu, Jeudi Jean Daniel et  Markington Michel.

 

Jacques Kolo Pierre

            

 
 
Vol. 7 • No. 28 • Du 22 au 28 janvier 2014
 

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