La fin de la
semaine écoulée était marquée par deux journées de manifestation
qui ont eu lieu à Port-au-Prince et dans la troisième ville du
pays, les Cayes. Á Port-au-Prince, le vendredi 6 décembre
dernier, l’objectif de la manifestation était non seulement pour
continuer d’exiger le départ de Michel Martelly à la tête du
pays, mais également pour apporter leur solidarité aux Haïtiens
en difficultés sur le territoire dominicain. Aux Cayes, le
samedi 7 décembre, des milliers de personnes sont descendues
dans les rues après un rassemblement de l’Organisation politique
Fanmi Lavalas, sous le leadership du Sénateur Pierre Francky
Exius, pour réclamer le départ de l’équipe tèt kale. Rappelons
que le 7 décembre 2010, la ville des Cayes fit l’objet de
pillage et d’incendie des édifices publics de la part des
partisans du candidat Michel Martelly. Trois ans plus tard, la
population du Sud a constaté que rien n’a changé, c’est toujours
la misère, le chômage, l’éducation à l’oral, la destruction de
l’agriculture par l’importation de riz et d’autres produits de
consommation, la dégradation de la situation générale du pays.
La population des Cayes a ainsi
rejoint les autres départements dans le grand mouvement de
mobilisation anti-Martelly à travers le pays. Il était environ 1
heure de l’après-midi quand le rassemblement prit fin à la
Cayenne Night-Club, Presqu’Ile des Icaques, la foule déferlait
dans les rues des Cayes, en criant haut et fort : « Aba
Martelly ! Martelly doit partir ! Michel Martelly piyajè, sousè,
gagotè, vle pa vle fòk l ale. Aba Lavichè. » Partis de la
zone de Dernier Fort, les manifestants ont longé la rue
principale puis ont bifurqué à la rue Toussaint Louverture où
les bandits légaux du pouvoir tètkale les ont attaqués à coups
de pierre. Plusieurs manifestants ont été blessés, mais
déterminés, ils ont poursuivi leur parcours en passant par la
grand-rue, le boulevard 4 chemins. Le bilan de cette journée de
mobilisation s’est soldé par des blessés et des arrestations.
Les manifestants anti-Martelly ont recouvré leur libération en
fin d’après-midi sous l’intervention des parlementaires.
Plusieurs parlementaires ont également participé à cette grande
manifestation de la population Sud d’Haïti, parmi lesquels
Pierre Francky Exius, Desras Simon Dieuseul, Jean-Baptiste
Bien-Aimé, Moïse Jean-Charles, Sinal Bertrand et Arnel Bélizaire.
Le député de Port-Salut, Sinal
Bertrand a dénoncé le délégué départemental du Sud, Serge Chéry
qui était à la tête des bandits légaux pour attaquer les
manifestants. « Nous sommes là dans les rues et nous y restons
jusqu’à la fin de la manifestation. Nous n’avons pas peur des
bandits du pouvoir », a-t-il déclaré en direct depuis les Cayes
sur les ondes des stations de radio qui assuraient la
retransmission de la manifestation.
La veille, à Port-au-Prince, des milliers de
personnes ont gagné les rues en signe de solidarité avec nos
compatriotes qui font objet d’une décision raciste et
discriminatoire de la part des autorités dominicaines et
victimes également des actes de la barbarie des Dominicains.
Face à l’incapacité du président Martelly d’assurer la défense
des Haïtiens vivants de l’autre côté de la frontière, les
manifestants exigent une fois de plus le départ immédiat de
Michel Martelly. Rassemblés au Bel Air et devant l’église de
Saint-Bosco, à l’initiative des organisations populaires du
mouvement Lavalas, FOPARC, Mouvement Grand Bel Air, Opposition
Populaire, MOLEGHAF et autres, des milliers de manifestants ont
parcouru divers quartiers populeux de la capitale tels : Bel
Air, La Saline, Saint-Martin, bas Delmas, Solino, Christ-Roi,
Delmas 32 avant de déboucher sur la route de Delmas en direction
de Pétion-ville où se trouve l’ambassade dominicaine en Haïti.
A l’intersection de Delmas 32 et 33, le député
Arnel Bélizaire a fait brusquement son apparition au devant de
la manifestation et il a déclaré : « Constatant qu’il n’y a pas
assez de personnes pour aller affronter les fils de Pétion et
les dispositifs de sécurité qui s’y installent, nous décidons
que les manifestants soient repliés dans leur base pour définir
d’autres stratégies. » Cette décision arbitraire de l’un des
chefs de file ne faisait pas l’unanimité, vu qu’elle n’avait pas
été préalablement l’objet d’une discussion. Certains d’entre eux
ont obéi à cet ordre, quand d’autres ont décidé de poursuivre
leur parcours jusqu’à l’ambassade dominicaine. Malgré la
démobilisation de la manifestation, des centaines de
manifestants ont poursuivi leur parcours sur la route de Delmas,
renforcée en cours de route par d’autres groupes venant grossir
la foule. Arrivés à Delmas 105, au niveau de l’ancien cimetière
de Pétion-ville, ils ont buté sur des cordons de policiers les
empêchant d’atteindre la destination, l’ambassade dominicaine,
afin de protester contre les mauvais traitements infligés à nos
compatriotes et les violations systématiques de leurs droits.
Prétextant que la durée accordée à la manifestation était
écoulée, alors qu’il était environ 3 heures PM, les policiers
ont formellement interdit aux manifestants l’accès à
Pétion-ville. Après de vives discussions entre les manifestants
et la Police Nationale d’Haïti, les organisateurs ont décidé de
mettre fin prématurément à cette manifestation de solidarité.
Donc, une fois de plus, cette énième manifestation
des organisations populaires, telles : Force Patriotique pour le
Respect de la Constitution (FOPARC), Opposition populaire,
Mouvement Grand Bel Air, Mouvement de Liberté d’Egalite des
Haïtiens pour la Fraternité (MOLEGHAF) a été bloquée par les
forces répressives. Les représentants des partis politiques dits
de l’Opposition, notamment le Mouvement Patriotique de
l’Opposition Démocratique (MOPOD) ont brillé par leur absence.
On se pose la question, pourquoi la défense des droits de nos
compatriotes en République Dominicaine n’intéresse pas certains
dirigeants traditionnels de la classe politique haïtienne qui se
met toujours au service de l’oligarchie ? |