«Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là !»
Victor Hugo
La décision d’une manifestation prévue pour le 29 novembre
devant l’ambassade des Etats-Unis, à Tabarre, avait été prise
principalement par l’organisation populaire de base FOPARK, de
sensibilité politique prolavalassienne. Toutefois Fanmi Lavalas
elle-même, de même que le groupe MOPOD ne s’étaient pas
manifestés. Ils semblaient garder l’expectative. Vendredi
dernier, Fanmi Lavalas a rompu le silence en lançant le mot
d’ordre de simplement commémorer la mémoire des victimes du
massacre à la ruelle Vaillant le 29 novembre 1987, plutôt que de
manifester devant l’ambassade états-unienne. Pourtant, le 25
octobre 2010, Fanmi Lavalas avait organisé un sit-in d’une
centaine de personnes devant l’ambassade américaine pour
réclamer le retour de son leader. La coordonnatrice Maryse
Narcisse y était. Alors ? Epi, epi, anyen.
Tout de suite après, quelques groupes proches de
Fanmi Lavalas dont le MOPAD ainsi que le MOPOD ont vite rejoint
le choix de la ruelle Vaillant. Un choix suspect, d’autant que
des rumeurs font état de coups de téléphone de l’ambassade
états-unienne à Madame Aristide qui, bien entendu avait mission
de relayer le message à son mari, l’ex-président Aristide. Ce
dernier aurait ainsi calmé les ardeurs nationalistes et
charlemagne-péraltistes de ses partisans, particulièrement des
chefs de file des bases Lavalas, malgré les dénégations
simplistes, niaiseuses et ridicules de André Fadot qui a voulu
faire croire au micro de Radio Kiskeya, à l’émission «Di m, m
a di w» de ce mardi 26 novembre : «Prezidan Aristide pa
gen anyen pou l wè ak sa». Qui veut nous emmener en bateau ?
Nombre d’observateurs et de militants progressistes
radicaux ont senti derrière ce soudain changement de cap la
manifestation dévoyée de la main (lourde), ou mieux de la voix
(insistante sinon menaçante) de l’Oncle qui a fait pression sur
un leadership autrefois très djanm et récalcitrant par
rapport à l’impérialisme. «Ah que les temps ont changé,
revolisyon pa ka fèt momentané !», chantait Manno
Charlemagne. En effet on peut se rappeler que lorsque le très
impertinent président Carter, lors des élections du 16 décembre
1990, était venu demander au candidat gagnant Aristide de se
désister en faveur du perdant Bazin, le petit prêtre des pauvres
avait alors demandé au gringo d’aller faire cette proposition à
un peuple damou pour son Titid.
S’il est vrai que Madame Pamela White a eu l’outrecuidante
impertinence de ce coup de téléphone, sans doute enjoignant
l’ex-président Aristide de calmer ses partisans, pourquoi le
leader encore incontestablement populaire de Fanmi Lavalas
n’avait-il pas de préférence demandé à Madame l’ambassadrice
d’aller s’adresser au peuple ? Signal FM aurait volontiers
accordé ses micros à cette dernière pour ses éructations. En
passant, ce n’est pas le ton bon enfant de André Fadot qui
ferait croire à Marvel Dandin ou aux auditeurs vifs d’esprit que
«Aristide pa pran nan presyon». On n’est pas des enfants
de chœur, pauvre Fadot!
A l’émission Ranmase de samedi dernier, on a
entendu l’ex-chef du corps répressif des Léopards, Himler Rébu,
ex-«professeur de psychologie des foules» à l’académie militaire
macoute jeanclaudiste, on l’a entendu donc s’inquiéter de
dérapages ou d’agents provocateurs qui infiltreraient la manif
projetée devant l’ambassade américaine: «e lè sa a, ou pa
konn sa k ka rive». Le léopardin sait très bien que lors de
la manifestation pacifique, ordonnée, du 19 novembre
écoulé, ce sont les voyous, sousou et grangou
payés par le pouvoir qui avaient causé tout le grabuge, non pas
les manifestants. Si la gente macouto-martellyste n’est pas
payée pour aller faire de la provocation, il n’y a aucune raison
pour qu’une manifestation ordonnée ne se fasse pacifiquement
devant l’ambassade américaine, le vendredi 29 novembre.
D’ailleurs, serait-ce la première fois qu’on manifeste devant
l’ambassade américaine ?
Le peuple saura, le 29, où et qui sont les politiciens et
groupes politiques pusillanimes incapables de dire NON à
manzè dyab.
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