Ce
lundi 28 octobre 2013, des individus arborant des brassards
roses ont simultanément attaqué deux lycées dans la deuxième
ville du pays: Philippe Guerrier et Duty Bookman, ainsi que le
Collège Bell Angelot, à coups de gaz lacrymogènes dans des
récipients sur les quels on pouvait lire « corps spécial »,. En
effet, dès l’ouverture des salles de classe, aux environs de
8:30 heures, en pleine besogne, des bombes de gaz lacrymogène à
haut effet toxique, ont été lancées sur les Lycées Philippe
Guerrier, Jean Baptiste Bookman Duty et le Collège Bell
Angelot. A noter que le Lycée Philippe Guerrier a été déjà trois
fois attaqué par des bandits armés.
Plus de 200 élèves, après avoir inhalé ces gaz toxiques émanant
de l’explosion de grenades lacrymogènes, ont été transportés
d’urgence à l’hôpital Justinien débordé par l’afflux des
patients souffrants de crises et d’intoxication. Les médecins
ont été obligés d’aligner des lits sur la cour de l’hôpital pour
pouvoir prodiguer des soins à ceux-là dont le cas nécessitait
une intervention appropriée. Au moins 10 élèves ont eu des
blessures graves, avec fracture des bras et des pieds. Aucun cas
de mortalité n’a été enregistré, selon les responsables de
l’hôpital Justinien du Cap-Haïtien, mais selon les parents des
élèves, il y a eu des morts, ils n’ont pas eu accès à certains
endroits pour identifier leurs enfants.
Un
enseignant qui avait déjà commencé son boulot a ainsi décrit la
scène : « J’étais en plein boulot. Soudain, des élèves, très
affolés, ont commencé à détaler. Tout à coup, à l’arrière de
l’établissement, des volutes de fumée ont commencé à s’élever.
Et l’air est ainsi devenu suffoquant et irrespirable… Nous
avions tous du mal à pouvoir respirer. Ce mur de séparation,
nous l’avons escaladé. Beaucoup d’enfants, en grimpant le mur,
se sont gravement blessés. Ils sont nombreux à l’hôpital avec
des pieds et des bras gravement fracturés. Tout n’est que la
conséquence de l’irresponsabilité de nos dirigeants qui
perdurent à défier la volonté des parents et des élèves du nord
qui refusent d’accepter la nomination de ces deux voyous à la
tête de la Direction Départementale du Nord, Justin et son
complice dont j’oublie le nom. Avec ces bandits, ces assassins,
le pays ne va nulle part. Il s’agit d’un complot qui vise à
asphyxier tout le pays… ».
Selon certains observateurs de la ville, ayant commenté
l’évènement, cette agression suspecte émane d’un plan du
gouvernement des bandits légaux d’Haïti pour attaquer des
étudiants et des élèves, à travers les 10 départements du pays.
Une telle action aurait pour but de réprimer avec la dernière
rigueur toute tentative de ces futurs cadres du pays de se
dresser en masse contre ces fossoyeurs de la patrie au pouvoir
en Haïti.
D’autres observateurs ont fait savoir que cette hostilité
provient des suites d’une situation fâcheuse qui a commencé dès
le premier jour de l’ouverture des classes dans la ville du Cap,
avec la nomination du directeur départemental du Nord, Justin
Métellus. En plusieurs occasions, le Lycée Philippe Guerrier a
été la cible de violentes attaques à coups de pierres et de
tessons de bouteille, ont-ils ajouté.
Suite à cette attaque, des élèves ont gagné les rues pour
protester contre les actes des malfrats, identifiés comme étant
des partisans du pouvoir. Ils ont tenté de libérer les élèves
des autres écoles de la ville. Depuis trois (3) semaines, les
élèves n’avaient pas de cours, faute de professeurs, malgré la
réouverture des classes avec un mois de retard pour l’année
académique 2013-2014. Selon certains observateurs, la situation
chaotique qui règne dans la deuxième ville du pays est la
résultante de la lutte interne des partisans du régime tètkale-kaletèt
de Martelly-Lamothe pour le contrôle de la direction département
de l’éducation.
Le mouvement
vise à réclamer la révocation du directeur départemental de
l’éducation nationale, Justin Metellus. Un autre partisan du
pouvoir répondant au nom de Cyrus Silbert, ancien journaliste
anti-Lavalas, transformé en propagandiste pro-gouvernemental, a
lancé une campagne de dénigrement systématique contre le
directeur Justin Mettellus.
D’un autre
côté, le député du Cap-Haïtien, l’un des porte-paroles du bloc
des parlementaires pro-Martelly dénommé Parlementaires pour la
Stabilisation et le Progrès (PSP), surnommé «Parlementaires sous
payroll Palais National» veut à tout prix imposer son frère à la
tête d’un lycée au Cap-Haïtien. « C’est le chaos, ici. L’école
est attaquée par les partisans du pouvoir » a lancé un
professeur. Selon le sénateur Wesner Polycarpe, c’est un duel
triangulaire entre les partisans de Michel Martelly, sa femme
Sophia Martelly et son Premier ministre Laurent Lamothe, qu’il a
qualifiés d’hommes et de femmes tètkale. Les professeurs ne
touchent pas leur salaire, les conditions de fonctionnement de
l’école se sont totalement dégradées dans le département du Nord
depuis l’arrivée de cette équipe au pouvoir. La semaine
dernière, des murs et des portes des lycées ont été badigeonnés
de matières fécales.
Donc, la population capoise paie les frais de la
lutte d’influence au sein du pouvoir tètkale. La situation
commence à se dégrader sérieusement dans le Nord du pays. Cette
situation de dégradation du système éducatif haïtien a atteint
son apogée avec un tel régime au pouvoir. Les professeurs de
l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) sont en grève depuis deux
semaines pour revendiquer une amélioration de leur salaire. La
politisation de l’éducation dans le Nord du pays a des
conséquences catastrophiques pour le pays et pour l’avenir des
jeunes haïtiens. |