Le
jeudi 17 octobre 2013 dernier ramenait le 207e
anniversaire de l’assassinat du père fondateur de la Nation
haïtienne, Jean Jacques Dessalines, surnommé l’Empereur d’Haïti
après la proclamation de l’Indépendance de l’Ile, le premier
janvier 1804. En cette occasion mémorable, des dizaines de
milliers de personnes ont manifesté à Port-au-Prince et dans la
deuxième ville du pays, Cap-Haïtien, non seulement pour
commémorer cette date, mais pour exiger le départ inconditionnel
de Michel Joseph Martelly et son équipe
kaletèt
du pays, et des forces d’occupation des Nations Unies de la
terre de Dessalines, d’une part.
D’autre part, après une courte cérémonie, dans la matinée au
Pont-Rouge, le président Martelly se rendait à la grande Rivière
du Nord, sur l’habitation Cormier, lieu de naissance de
l’Empereur, tandis que le Premier ministre, Laurent Lamothe,
lui, était à (Marchand) Dessalines, le lieu de fortification de
la lutte anticolonialiste. Après 209
ans d’Indépendance de la première république nègre du monde, la
lutte se poursuit pour la libération totale, la décolonisation
mentale, économique et culturelle du peuple haïtien. C’était
dans cette perspective qu’à l’occasion du 207e anniversaire de
l’assassinat crapuleux de ce grand homme de l’histoire du peuple
haïtien, des dizaines de milliers de personnes ont gagné les
rues dans les deux plus grandes villes du pays pour dire NON,
mille fois NON à toutes formes de colonisation, de domination et
d’exploitation.
A Port-au-Prince, la capitale haïtienne, à l’initiative de deux
organisations de base du mouvement Lavalas : Opposition
Populaire et Force Patriotique pour le Respect de la
Constitution de 1987 (FOPARC), une foule incalculable a
manifesté une fois de plus ce jeudi 17 octobre contre le régime
en place, dirigé par Michel Joseph Martelly. Rassemblés devant
l’église de Saint-Jean Bosco, les manifestants anti-Martelly
chauffés à blanc ont fait le va-et-vient sur la grand ’Rue entre
le portail Saint-Joseph et le carrefour de l’aéroport, armés de
banderoles, de pancartes et de photos de leur leader historique
et charismatique, le docteur Jean Bertrand Aristide, avant de
prendre la direction Nord vers le monument de Jean-Jacques
Dessalines au Pont-Rouge.
A cet endroit-là, l’équipe kaletèt de Martelly-Lamothe avait
posté deux machines EDE-PEP distribuant la nourriture de très
mauvaise qualité pour provoquer les manifestants et décourager
la population de la zone à prendre part à cette manifestation.
Mais, c’était bien compté et mal calculé, car durant le passage
de la manifestation, les gens ont jeté par terre les plats et
les distributeurs furent obligés de fermer leurs portes, malgré
tous les dispositifs de sécurité imposés. La manifestation a
poursuivi son parcours en faisant le tour de l’aéroport avant
d’emprunter la route de Delmas jusqu’à l’intersection de Delmas
3 et 18. De là, étant, les manifestants ont bifurqué à gauche en
direction du Champ-de-Mars, particulièrement au pied de Papa
Dessalines, où les dirigeants allaient délivrer un message de
circonstance au peuple haïtien. Arrivés au Champ-de-Mars, toutes
les rues y donnant accès avaient été barricadées par des
dispositifs de sécurité. Des policiers de maintien de l’ordre
avaient formellement interdit l’accès aux manifestants à la
Place Dessalines, où une exposition d’exactions des soldats des
Nations Unies au sein de la MINUSTAH avait eu lieu.
Face
à la détermination des manifestants pour pénétrer la Place
Dessalines, les policiers ont riposté par des tirs nourris en
l’air ; ainsi la foule a été vite dispersée pour se regrouper
devant Le Plaza hôtel. D’autres se sont repliés vers leur base
au Bel Air pour continuer à manifester contre le régime kaletèt
de Martelly-Lamothe. Ils ont dressé des barricades enflammées en
chantant: «
Prese, prese, presse ooo!
Prese, prese, prese ooo ! Martelly di l ap kraze chanm nan,
prese, prese, prese voye l ale. »
Alors qu’au Champ-de-Mars la foule criait haut et fort: «
Grenadye alaso, sa ki mouri zafè a yo. Si yo tire sou nou n ap
mete dife. Nou pa pè, nou pap janm pè, wè pa wè fòk Martelly
jije pou krim li fè sou jij la, pou manti li bay pèp la. »
A la rue Capois, un véhicule immatriculé PNH 1-497 à bord duquel
se trouvaient des policiers administratifs ont ouvert le feu
contre les manifestants, deux journalistes photographes en sont
sortis victimes, dont Jean Michel Cantave de Télé
Vérité.
Plusieurs personnalités politiques ont participé à cette grande
manifestation contre le pouvoir, parmi elles on peut citer la
coordonnatrice du comité exécutif de l’Organisation politique
Fanmi Lavalas, Dr. Maryse Narcisse ; l’ex-ministre de la Justice
et de la Sécurité Publique, Paul Denis ; l’ex-président de la
Chambre des députés, Lévaillant Louis-Jeune ; le deuxième
secrétaire du bureau de Sénat, John Joël Joseph ; le député de
Delmas/Tabarre, Arnel Bélizaire ; l’ex-sénateur Turneb Delpé.
Dans sa première déclaration, la coordonnatrice de Fanmi Lavalas
qui avait rejoint la manifestation à Delmas 18, a salué la
mémoire du père de la patrie haïtienne, Jean Jacques Dessalines.
Elle a profité de l’occasion, durant son parcours jusqu’au
Champ-de-Mars pour faire savoir que cette manifestation en ce
grand jour du 17 octobre s’inscrivait dans la logique de
mobilisation, de concertation, du rassemblement et de la
détermination du peuple haïtien pour la sauvegarde des acquis
démocratiques et du projet de construction d’une société où la
politique d’exclusion sociale de la majorité doit être bannie à
jamais.
Paul Denis de son côté n’est pas passé par quatre chemins pour
accuser la communauté internationale de leur participation dans
le complot qui a abouti à l’accession de Sweet Micky à la
première magistrature du pays. Et, malgré les différentes
protestations exigeant sa démission, elle continue de supporter
les actions d’un président qui n’a pas de légitimité populaire.
Le député Levaillant Louis-Jeune a abondé dans le même sens. Il
a demandé à la communauté internationale de prendre ses
responsabilités face à la crise politique qui ronge le pays et
dont elle est toujours responsable. Selon lui, ce sont les
puissances étrangères qui ne cessent de s’immiscer dans les
affaires internes d’Haïti, qui ont imposé cet étranger répondant
au nom de Michaël Martelly au pouvoir. « Le peuple lui demande
sa démission sans condition” a-t-il répété. L’ex-sénateur Turneb
Delpé a repris le mot d’ordre « élection ou démission », si les
élections législatives partielles, municipales et locales
n’arrivent pas à être organisées d’ici la fin de l’année 2013.
Quant à certains manifestants, ils ont énuméré un ensemble de
dérives qui devraient conduire à la chute de Martelly : 1) les
violations flagrantes et continues de la constitution du pays,
2) les velléités manifestes de rendre dysfonctionnels les autres
pouvoirs publics et les institutions indépendantes, citant à
titre d’exemple, le pouvoir législatif, la cour Supérieure des
Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA), 3)
l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire et de la Police
Nationale d’Haïti (PNH), 4) l’assassinat du juge Jean Serge
Joseph suivi de parjure devant la Nation. 5) Le refus
catégorique d’organiser des élections libres transparentes et
démocratiques, 6) le refus catégorique d’appuyer la demande de
dédommagement des victimes de Choléra-MINUSTAH par devant les
Nations Unies et de promulguer la résolution du Sénat exigeant
le départ des troupes de l’ONU au plus tard en mai 2014. 7) Les
velléités de Martelly d’établir un régime totalitaire et
autoritaire contre la volonté au peuple haïtien. 8) la
Cooptation de certaines presses et la persécution politique des
autres.
Au Cap-Haïtien, en dépit de la présence du président Martelly
qui distribuait des enveloppes dans lesquelles, il y avait une
modique somme de mille gourdes, des milliers de personnes
étaient descendues dans les rues de la deuxième ville pour
exiger une fois de plus le départ de Martelly à la tête du pays.
Les gens ont pris l’argent pour acheter de l’eau à distribuer
aux protestataires, qui criaient : « Abas Martelly ! Abas bandit
légal! Abas tous les étrangers qu’on impose à la tête du
pays ! » Cette manifestation qui se déroulait sous la direction
des organisations du Nord, telles : collectifs des militants
pour libérer Haïti, Base Populaire Nord a trouvé le support de
plusieurs personnalités et militants politiques. On peut citer,
entre autres : les sénateurs Moïse Jean-Charles, Westner
Polycarpe, les ex-députés Hugues Célestin et Gérard Evans
Beaubrun, Me. André Michel, les deux sœurs Claude, Marie Denise
et Marie France. Tous, dans leur déclaration réclamaient le
départ inconditionnel de Michel Martelly du pouvoir en Haïti.
Pour le sénateur Westner Polycarpe, Martelly a menti à la
Nation. C’est un étranger qu’on a imposé à Haïti, c’est un
usager de la drogue. Il n’a ni légitimité ni autorité pour
négocier quoi que ce soit au nom du peuple haitien. C’est un
déséquilibré mental, un criminel qui a causé la mort du juge
Jean Serge Joseph. Martelly et Lamothe sont des indésirables.
La seule solution, c’est la destitution selon le vœu populaire.
Selon Polycarpe, les négociations ou dialogues entamés sous les
auspices de la plateforme Religions pour la Paix ne déboucheront
sur rien de concret. C’est de la diversion pour essayer de
détourner l’attention du peuple. C’est une stratégie des forces
occultes pour maintenir leur domination sur Haïti. La solution,
c’est la formation d’un gouvernement provisoire pour organiser
des élections générales dans le pays pour tous les postes
vacants au Sénat et les Collectivités Territoriales. |