Tombait
au Pont rouge, il y a 207 ans, le fondateur de l’indépendance de
notre pays, victime d’une lutte sans merci entre les deux
secteurs de la bourgeoisie naissante pour l’appropriation des
moyens de production, qui en 1806 était la terre.
Contrairement à ce
que pensent certains historiens, ce crime n’était pas une
réaction contre une prétendue tyrannie. Nos historiens ont puisé
largement dans l’arsenal idéologique des classes dirigeantes
pour essayer de dénaturer les faits.
Nous savons que
l’histoire de toute société basée sur la propriété privée, des
moyens de production et d’échange est nécessairement l’histoire
de la lutte des classes qui sont aux prises dans cette société.
Et il est devenu une vérité élémentaire de dire que l’existence
même des classes dans une société indique du coup l’existence
d’une lutte entre ces classes. De sorte que la violence utilisée
par une classe pour assurer ses intérêts n’est autre que la
transposition sur le plan politique et social d’une lutte qui
découle de la nature des rapports de production, de la nature
même du mode de production. Et l’idée même de recourir à la
violence ne germe pas “comme ça” dans la tête des hommes, s’il
n’existe pas in abstracto, n’est pas une conséquence du péché
originel de l ‘église catholique. Cette idée n’est autre que le
reflet dans le cerveau des hommes d’un état de fait d’une
nécessité matérielle: la nécessité d’assurer des intérêts
économiques.
La violence reprochée
par les historiens bourgeois à Dessalines existait sans doute,
mais au profit des nouveaux libres, au profit de ceux qui
travaillent la terre et qui par conséquent devraient en être les
détenteurs. On comprend dès lors que les généraux qui avaient
les leviers de commande se sont soient mis ensemble pour
supprimer Dessalines. Le fondateur de l’indépendance est tombé
au Pont rouge, victime des secteurs noirs et jaunes (les
généraux en tête) qui voulaient asseoir leur autorité militaire
sur une base économique stable. Les faits après le drame du Pont
Rouge sont venus le prouver. Et la grande vérité qui émerge de
cette époque historique est que Dessalines au Pont Rouge victime
de la lutte pour l’appropriation par les généraux etc…des moyens
de production, a donné par anticipation raison à Karl Marx.
Ce que nous devons souligner aussi c’est la lutte héroïque pour
l’indépendance nationale ; lutte dont Dessalines fut l’âme et
qui rappelle des gloires éternellement jeunes. Jean Jacques
Dessalines au lendemain même de 1804 a orienté tous les efforts
de la jeune nation vers un self- défense contre un retour
offensive éventuel du colonialisme-français.
Et aujourd’hui quels sont ceux-là qui ont repris et gardé la
tradition de Dessalines?
L’impérialisme nord-américain comme jadis l’impérialisme
français étouffe le développement économique de notre pays. Cet
impérialisme fauteur de guerre veut que notre pays reste sa
propriété privée pour l’écoulement des usines nord’ américaines
et un fournisseur de matières premières à bon marché. Autrement
dit que le pays garde son statut semi-colonial avec sa séquelle
de misère, de chômage, d’avilissement de la main d’œuvre et
finalement l’avilissement de la Patrie elle-même.
Dessalines
fut un des grands héros de notre patrie. Ce guerrier immortel
qui sur la place d’armes des Gonaïves en 1804, proclama l’état
libre d’Haïti fut ‘ le sublime va-nu-pieds’ entre tous qui mit
fin réellement à l’esclavage honteux des noirs.
Jean
Jacques Dessalines fut celui qui cristallisa en lui le génie
révolutionnaire de la race noire. Esclave d’ abord pendant 30
ans sous le nom de Jacques Duclos, sa vie de misères, de
privations de calamités devait nourrir en lui le sentiment de
révolte et de haine contre le colon esclavagiste. Son cœur
criait vengeance pour lui et pour ses frères misérables dont il
voulait briser les chaines.
Le
génie révolutionnaire de Dessalines se manifesta et fit de lui
la grande figure dominante de l’épopée de 1804 en ce sens qu’il
sut ajouter aux qualités de Toussaint, sous les ordres de qui il
travailla comme officier, celle de fermeté, de décision, de
discipline, d’audace de violence même que recommandaient les
circonstances. L’histoire
réactionnaire voudrait faire de Dessalines un être farouche et
barbare. Le fondateur de notre indépendance pensait que pour
sortir de la fournaise dans laquelle les noirs de St Domingue
étaient placés par les colons sanguinaires et les ennemis des
principes de 89, il fallait continuer le travail du Précurseur
Toussaint avec un plan d’action plus rapide et plus expéditif.
Aussi
lorsque Toussaint fut déporté par une odieuse machination,
Dessalines sut avec tact et intelligence s’allier la
collaboration de Pétion et de Clervaux et forger ainsi l’unité
haïtienne, facteur important pour la victoire. En plaçant alors
des chefs indigènes à divers postes de commande et en réalisant
la politique de la ‘ terre écorchée ‘, Dessalines devait avoir
finalement raison de ses ennemis et à aboutir à la magnifique
victoire qui fut le point de départ de notre Nation.
L’homme inculte qu’était Dessalines ne concevait pourtant pas la
révolution sans un résultat concret pour ces’ va-nu-pieds’ au
nom desquels il avait livré la guerre d’indépendance. Il voulut
arriver à un partage équitable des terres au lendemain de cette
épopée héroïque de 1804. Mais c’était s’attaquer aux
privilèges des riches propriétaires noirs et mulâtres qui
avaient hérité du passé colonial et continuaient à marcher sur
les traces des colons exploiteurs. L’Empereur Dessalines tomba
sous les balles d’un assassin que la jeune classe réactionnaire
avait armé.
Encore que le geste de Dessalines en voulant assurer la sécurité
économique de ses frères exploités ne s’inspirât d’aucune
idéologie marxiste, nous du journal, nous nous inclinons devant
ce guerrier intrépide, fondateur de notre indépendance et
rendons hommage à ce Symbole de la révolution, qui loin de
mettre la charrue devant les bœufs voulut procéder radicalement
à la base pour nous forger une Patrie.
Fidèle
à Dessalines pour qui nous avons une vénération très profonde
nous continuerons à mener la lutte pour notre indépendance
économique jusqu’à ce que soient renversées les bastilles de
l’impérialisme et ses bastions nationaux jusqu’à la victoire
finale, qui n’est rien d’autre que l’installation du socialisme.
Oui, ce 17 Octobre nous retrouve dans la même voie, cette voie
qui fut celle de notre illustre héros Jean Jacques Dessalines.
Avec tous ceux-là qui le peuvent nous disons : SUIVONS LA VOIE
DE NOTRE DIEU. |