Le peuple haïtien commence à se soulever en grand
nombre contre le régime anti-démocratique Martelly-Lamothe un
peu partout dans le pays. Les principales revendications des
manifestants restent et demeurent le départ inconditionnel de
Martelly à la tête du pays. Ils les reprochent des violations
graves et flagrantes de la constitution, de la loi de finances
des deux derniers exercices fiscaux; leur refus d’organiser des
élections depuis plus de deux ans, la vassalisation des deux
autres pouvoirs, en l’occurrence le pouvoir législatif et le
pouvoir judiciaire; la pratique de corrompre certains de leurs
membres leurs manœuvres à rendre dysfonctionnelles les
institutions des collectivités territoriales; leurs implications
au décès suspect du juge Jean Serge Joseph, d’avoir mentir à la
Nation, de s’être livrés à des bamboches carnavalesques au lieu
de travailler à la bonne marche des institutions du pays; et
enfin, lur volonté manifeste d’instaurer à nouveau un régime
dictatorial, fasciste et arbitraire dans le pays.
Depuis plus de deux ans à la tête du pays, le régime
kaletèt de Martelly ne fait que renforcer un Etat irresponsable,
un Etat confiscatoire et sadomasochiste. Pour stopper de façon
institutionnelle toutes ces dérives, 13 députés courageux ont
signé et fait le dépôt d’une proposition d’acte de mise en
accusation contre le président Martelly et le Premier ministre
Lamothe, par devant le bureau de la chambre des députés. Le
président de l’Assemblée nationale, Desras Simon Dieuseul, dans
son discours de clôture de la deuxième session ordinaire de la
49ème législature, le lundi 9 septembre dernier, a
bien indiqué que le président Martelly a organisé au moins 4
carnavals, zéro élection et la réouverture des classes n’a
jamais eu lieu en septembre depuis l’arrivée du régime kaletèt
de Martelly au pouvoir en Haïti.
Face à cette situation qui se dégrade de jour en
jour, le peuple haïtien, seul souverain, commence à se réveiller
pour limiter les dégâts de cet éléphant dans un magasin de
faïences. C’est dans cette perspective qu’une semaine de
manifestation a été réalisée par la population de diverses
régions du pays et des victimes du tremblement de terre du 12
janvier 2010. Les manifestants pointent du doigt la gestion
catastrophique de l’administration Martelly-Lamothe qui a un
impact direct très négatif sur la vie des couches les plus
défavorisées du pays.
Le lundi 9 septembre 2013, plusieurs centaines de
personnes ont gagné les rues de la ville de Jacmel, à
l’initiative du Groupe Révolutionnaire d’Appui du Sud-Est
(GRAS), Rassemblement pour l’Avancement des Sudesois d’Haïti
(RASH) et OJEDESE pour protester contre la hausse des bordereaux
de l’EDH, le blackout et les mauvaises conditions de vie de la
population du Sud-Est. Les manifestants ont dénoncé également
les élus du Sud-Est, particulièrement les sénateurs Wencesclass
Lambert et Edwin Zenny qui ont promis du carburant à la centrale
électrique de Jacmel depuis des lustres mais qui jusqu’à
présent, n’ont pas honoré leurs promesses. Ils préfèrent se
mettre du côté du pouvoir kaletèt au lieu de défendre les
intérêts de la population. Le même jour, les victimes du
tremblement de terre du 12 janvier qui vivent toujours sous des
tentes dans des conditions infrahumaines, sous menace
d’expulsion forcée dans différents endroits de la zone
métropolitaine de Port-Au-Prince, de la rue Tiremasse, au local
de la Teleco sans-fil, de Mariani au village Magon et à Sous
Matelas au niveau de la route nationale # 1 ont manifesté contre
leur expulsion forcée et les mauvaises conditions dans
lesquelles ils s’adonnent à vivre depuis le séisme. Ils exigent
la construction de logements sociaux décents et du changement
dans les conditions de vie de la population déplacée.
Les habitants de Cité Soleil ont eux aussi manifesté
devant les locaux du Parlement haïtien pour dénoncer
l’insécurité programmée dans la Cité, avec la complicité des
proches du président Martelly au Palais national, des agents
intérimaires municipaux et du député Almethis Junior. Ils ont
dénoncé en outre la faim, la misère et le chômage qui sévissent
dans la Cité. Le mardi 10 septembre, les militants du Mouvement
de Liberté, d’Egalite et de Fraternité des Haïtiens (MOLEGHAF)
étaient une fois de plus au rendez-vous devant le ministère des
Affaires sociales et du Travail (MAST) dans leur énième sit-in
pour exiger des changements palpables dans la vie des habitants
des quartiers populeux et de l’emploi pour les jeunes de ces
quartiers. Ils ont profité de l’occasion pour dénoncer la
corruption et le gaspillage des fonds publics qui gangrènent
l’administration Martelly-Lamothe.
Le mercredi 11 septembre, à l’occasion du 25ème
anniversaire du massacre et de l’incendie de l’église de
Saint-Jean Bosco, le 11 septembre 1988, et à l’appel du
Mouvement National d’Opposition Populaire(MONOP), des centaines
de manifestants ont gagné les rues pour marquer cette date
sombre dans l’histoire politique récente d’Haïti. Armés de
pancartes, de branches d’arbres, ces manifestants se sont réunis
devant ce qui reste de l’église de Saint-Jean Bosco et après une
courte cérémonie au Flambeau, la manifestation a démarré avec
des slogans hostiles au pouvoir kaletèt : « Grenadye
alaso sa ki mouri zafè a yo. Aba Martelly !
Wè pa wè fòk Martelly ale ! »
Partant de Saint-Jean Bosco, la manifestation a pris la
direction de La Saline en longeant la rue Saint-Martin, Solino
pour déboucher sur l’avenue Pouplard en passant par le Fort
National pour enfin arriver au Champ-de-Mars en direction du
Palais national où les dirigeants allaient délivrer un message
au peuple haïtien. Arrivés à l’intersection des rues Lamarre et
Lalue, les policiers qui avaient barricadé toutes les rentrées
du champ-de-mars ont brutalement mis fin à cette manifestation à
coups de gaz lacrymogène et des tirs nourris contre les
manifestants. Le bilan s’est soldé par des blessés légers.
Le jeudi 12 septembre des policiers de différentes
unités de la PNH : CIMO, UDMO et des policiers du commissariat
de Port-Au-Prince, sur l’ordre du ministre de la Justice, Jean
Renel Sanon ont brutalement interrompu un sit-in organisé par la
direction de la commission de mobilisation du Mouvement
Patriotique de l’Opposition Démocratique (MOPOD) pour exiger la
libération des 3 prisonniers politiques, à savoir : Josué et
Enold Florestal et Jean-Robert Vincent, mettre fin à toute
persécution politique contre des militants et des avocats,
tels : André Michel, Newton Saint-Juste et autres. Les
protestataires exigeaient également le départ de Michel Martelly
à la tête du pays.
Le samedi 14 septembre, la population du Nord n’a
pas chômé. Elle était dans les rues en foule pour réclamer le
départ de Martelly et de son équipe au pouvoir. Cette
manifestation lancée par le Collectif des Militants pour Libérer
Haïti s’est déroulée sans aucun incident sous la haute
protection des Policiers du Nord renforcée par d’autres agents
de la PNH de la capitale. Durant tout le parcours, les
manifestants ont lancé un seul slogan : le départ inconditionnel
de Michel Martelly à la tête du pays. Une délégation composée de
plusieurs personnalités de l’opposition démocratique entre
autres, l’agronome Jean André Victor, le Dr TurnebDelpe, Marie
Denise Claude, l’ex-député, Evans Gérard Beaubrun ont apporté
leur soutien à la manifestation anti-Martelly dans le Nord du
pays.
L’opposant farouche au régime kaletèt de Martelly-Lamothe,
le sénateur Moise Jean-Charles n’a pas raté ce rendez-vous pour
lancer des anathèmes à l’endroit de Martelly qui, selon lui et
de l’avis de plus d’un, mitonne un projet dictatorial contre le
peuple haïtien. Il continue d’appeler la population à la
mobilisation générale dans tout le pays pour faire échec à ce
projet qui devrait prendre corps le deuxième lundi de janvier
2014.
Dans cet ordre d’idées, le présidentMartelly a
entamé une série de visites chez certains responsables de partis
de la classe politique traditionnelle pour parvenir à asseoir
son projet anti-démocratique. Entre- temps, il a déclaré : « Tout
sa m deside se sa k ap fèt, pandan 2 lane m rete pou m pase sou
pouvwa a ».
Donc, s’il décide que les élections n’auront pas lieu à la fin
de l’année, il n’y aura pas d’élections. S’il décide à dissoudre
le Pouvoir législatif avant le terme du mandat des élus, il n’y
aura pas d’entrée parlementaire le deuxième lundi de janvier
2014. Alors que de la France étant le Premier ministre haïtien,
Laurent Lamothe saluait le vote du projet de loi électorale à la
chambre des députés à la fin de la semaine dernière, sans
pouvoir donner la garantie que les élections auraient lieu à la
fin de cette année. Il renvoie la balle dans le camp des
conseillers électoraux du CTCEP.
Face à cette situation, le camp populaire
majoritaire du pays ne reste pas indiffèrent. Promettant de ne
pas laisser à Martelly l’opportunité d’établir sa dictature
contre le peuple haïtien et de ne plus laisser aux grandes
puissances impérialistes le loisir de décider de l’avenir du
peuple haïtien ; des organisations populaires conséquentes
réunies au sein du KODINASYON DESALIN (KOD) organisera de
concert avec d’autres organisations populaires un forum
populaire le 29 septembre à Port-Au-Prince et une grande
manifestation le 30 septembre, à l’occasion du 22eme
anniversaire du coup d’Etat militaire contre le pouvoir du
peuple haïtien dirigé alors par l’ex-prêtre, Jean Bertrand
Aristide. Ce forum vise à préparer une alternative au pouvoir
kaletèt et à élaborer un projet populaire face au projet
anti-démocratique des forces impérialistes. |