La Fondation Dr Aristide pour la Démocratie a été, du 11 au 14
juillet 2013, le théâtre d’un évènement d’importance, la
célébration de la deuxième Université d’été 2013 de Fanmi
Lavalas, qui a culminé au 15 juillet, date d’anniversaire de
naissance d’Aristide, revendiquée journées de partage, de
solidarité et d’amitié par les Lavalassiens et
sympathisants.
Sous le thème : « Pour une société sans exclusion »,
le Dr Maryse Narcisse, coordonnatrice de Fanmi Lavalas a ouvert
les séances de réflexions et de débats autour d’une multiplicité
de sujets à caractère : politique, économique, social et
culturel. Fanmi Lavalas , comme l’a si bien dit la
coordonnatrice et comme l’a si bien illustré le choix des
intervenants, a fait appel à des spécialistes de divers
horizons, partageant cependant des convictions démocratiques,
pour engager la parole et développer les différents sujets
devant animer les débats au cours de cette Université.
Il s’agit de questionner les multiples problèmes auxquels est
confrontée la société haïtienne et d’engager des réflexions
d’ensemble dans un esprit de participation. Dégageant l’essence
de cette Université, le Dr Maryse Narcisse a précisé qu’il
s’agit pour Fanmi Lavalas, d’anticiper, de préparer l’avenir et
de construire une nouvelle vision, vision transformatrice de la
société haïtienne. La coordonnatrice a peint le sombre tableau,
spectacle lamentable d’une Haïti qui gît dans la pauvreté, la
misère et une gouvernance douteuse. Fanmi Lavalas, a-t-elle dit,
« est en train de construire le pouvoir, avant même de le
conquérir dans des élections libres, honnêtes, démocratiques et
inclusives ».
Monsieur Claude Roumain, coordonnateur de
l’Université d’été de FanmiLavalas, a lui aussi présenté la
tragique situation du pays, un pays nageant dans l’exclusion
totale, aggravant ainsi les rapports sociaux. Le coordonnateur a
plaidé pour une société sans exclusion dans le cadre d’un nouvel
Etat de droit, qui privilégie le droit, la constitution et les
lois comme
boussole.
Claude Roumain invite les Haïtiens à la réflexion, à
l’engagement, à la lutte pour déconstruire notre vieille société
traditionnelle, avec tout son système d’exploitation,
d’injustice, d’ignorance, bref cette vétuste société doit
disparaître pour faire place à une société nouvelle dans
laquelle tous les droits des citoyens et des citoyennes sont
respectés. C’est donc vers cela que conduit l’effort de Fanmi
Lavalas, dans sa lutte pour aider tout le monde à réfléchir, à
comprendre et à se lancer dans la bataille pour cette nécessaire
et inévitable transformation
d’Haïti.
Cette Université a effectivement présenté sa
première conférence sur la « Constitution et Etat de droit »
avec Mme Mirlande H.Manigat, qui a largement instruit que tout
régime qui se veut répondre à une vocation démocratique doit se
construire sur la constitution et les lois. Ce sont, d’après la
conférencière, les bases sur lesquelles toute société qui
revendique l’Etat de droit doit s’appuyer.
Construire une société démocratique, une société d’essence
d’Etat de droit, revient pour MirlandeManigat à établir et
respecter la hiérarchie des normes qui régissent toutes les
institutions et toutes les décisions se rapportant à cette
société. L’une des conférences qui a fondamentalement marqué la
première journée de l’Université d’été de 2013 de FanmiLavalas a
été celle présentée par Claude Roumain« L’Etat faible et ses
défis : construction démocratique et développement ». Dans son
explication d’Etat faible avec une remarquable illustration du
cas haïtien, un Etat contre la majorité, privilégiant seulement
la minorité, niant jusqu’à l’existence des exclus, l’Etat
haïtien ne saurait être porteur d’un projet de développement
socio-économique démocratique. C’est un Etat totalement en
porte-à-faux par rapport à la construction démocratique. « C’est
un Etat antinational, corrompu, incapable d’offrir une
alternative à la grave crise qui secoue Haïti ».
Le conférencier
a poursuivi dans la ligne d’une transformation totale de la
société, dans la mesure où l’Etat haïtien est frappé
d’obsolescence et se pose en négation totale de tout changement
en profondeur de la société. D’ailleurs, tous les conférenciers
qui ont réfléchi sur ces thèmes socio-économico-politiques,
reconnaissent qu’on ne peut rapiécer ces structures vieillies,
frappées de caducité, que la société haïtienne doit se donner un
Etat apte à répondre aux grandes exigences historiques de
l’heure et du devenir.
La conférence de l’économiste Hancy Pierre- Louis a poussé de
nombreux jeunes et d’autres participants à l’Université, à une
prise de conscience, encore plus aigüe, de la crise d’Haïti.
Dans son exposé, « Un agenda pour la croissance économique et le
développement », l’économiste s’est servi d’une courbe
économétrique pour démontrer la dégringolade économique d’Haïti.
En comparant la croissance exponentielle de la population et
l’absolue faiblesse de la croissance économique, la preuve a été
faite de la disparité aggravante entre les ressources pour la
satisfaction des besoins et la démographie galopante.
Si les problèmes ont été soulignés de manière
claire, des solutions ont été proposées. Non seulement, il faut
transformer l’Etat haïtien en un Etat moderne, appliquant des
politiques publiques en adéquation avec les problèmes de la
société, mais aussi la dimension sociale doit être privilégiée.
Donc, les biens et les services produits doivent satisfaire les
besoins sociaux dans le processus
économique.
Hancy Pierre-Louis, en
optant pour un développement socio-économique endogène, prône
une utilisation efficiente de l’aide externe, afin que le pays
réduise, relativise la dépendance, pour qu’il puisse un jour
s’autodéterminer et construire son propre destin.
Toutes les autres interventions situent les politiques publiques
du pays dans cette même perspective d’une Haïti inscrite dans la
dynamique de l’autodétermination. Les thèses soutenues par des
intervenants, tels : Anthony Dessources, Patrick Elie, Dr
Gabriel Nicolas, Dr Guy Dépeignes, etc… rejoignent cette même
préoccupation d’une construction démocratique axée sur l’endogénéïté
et la construction du nouvel Etat haïtien répondant aux besoins
et aux légitimes aspirations du peuple
haïtien.
A la grande question
à savoir quelle économie construire et au profit de qui ?
L’Université dans sa généralité répond très clairement, une
économie pour satisfaire les besoins et aspirations de tous les
Haïtiens, c’est-à-dire une économie défendant les intérêts des
Haïtiens, de tous les Haïtiens. L’Université a aussi montré que Fanmi Lavalas a déjà répondu à la problématique du genre. Une
question qui fait couler beaucoup d’encre, quand on sait que les
femmes haïtiennes représentent la majeure partie de la
population, alors qu’elles ne jouissent pas encore de tous les
droits que lui attribue la constitution. Selon Mme Marjorie
Michel, dont l’intervention portait « sur la problématique du
genre », Fanmi Lavalas dépasse le quota de 30% que les femmes
doivent occuper dans les différentes fonctions publiques, en
préconisant le tiers. Sur chaque trois postes, le tiers doit
être occupé par une femme. Néanmoins, elle a encouragé les
femmes à ne pas s’éclipser elles-mêmes du jeu politique, sous
prétexte que c’est une affaire d’hommes et non de femmes. Mme
Michel a aussi critiqué la société d’exclusion d’Haïti qui, à
son avis, avait pendant longtemps exclu la participation de la
gent féminine à la res publica.
Cette Université d’été a été aussi l’occasion pour Fanmi Lavalas
d’exhorter les jeunes à s’impliquer davantage dans la politique.
Les jeunes doivent s’instruire, permanemment, ils ne doivent
jamais se dessaisir de leur mission, en tant que force sociale
montante, authentique valeur qui incarne le vrai changement, la
vraie société d’inclusion. Le rôle de la jeunesse a été mis en
évidence au cours des débats.
De nombreux critiques ont démontré
comment la jeunesse a été écartée, délaissée dans les politiques
orchestrées par l’Etat haïtien. La jeunesse a été toujours
sacrifiée au nom des slogans et des mensonges d’une société
d’exclusion, qui valorise le mensonge et des intérêts égoïstes.
L’Université en
tant que champ de production du savoir et de la réflexion
scientifique, n’a jamais joué le rôle fondamental pour lequel
elle existe. Au lieu de s’impliquer davantage pour proposer des
solutions et des alternatives à notre société en panne de
progrès et de développement, elle est gardée à l’écart au
service d’intérêts groupusculaires, égoïstes, retardataires et
réfractaires. C’est la raison pour laquelle, elle n’a pas
instruit la jeunesse à développer une conscience claire de la
véritable réalité
haïtienne. Fanmi Lavalas a toujours considéré la santé comme un grand
morceau dans son programme de développement économique et
social« Investir dans l’humain ». En abordant le thème « santé
et développement économique », le Dr Guy Dépeignes s’est situé
en droite ligne du programme de santé de l’Organisation
politique Lavalas, avec bien sûr, des renforcements, dans la
mesure où ce programme a été élaboré, il y a plus de dix ans.
L’une [des nouveaux] introduite par le conférencier est que
l’Etat, dans sa vision de santé publique doit prendre en haute
considération l’environnement physique et social du pays pour se
lancer dans la recherche de développement en termes concrets.
A l’instar de Cuba dont la Médecine est très
évoluée avec une capacité considérable de soins de santé à la
population, tion, FanmiLavalas doit définitivement emprunter le chemin
de la modernité pour divorcer d’avec la banalité quotidienne
d’une santé publique incapable de satisfaire les besoins de la
population haïtienne. « Un esprit sain dans un corps sain »
voilà ce que signifie : « lapè nan tèt, lapè nan vant. » Voilà
ce que FanmiLavalas voulait offrir au peuple haïtien, quand des
forces anti-progressistes ont déclenché leur coup d’Etat. Voilà
ce qu’elle offrira, quand en 2015 le peuple choisira son
programme « Investir dans l’humain » revu, corrigé, adapté à la
réalité en constante
transformation.
Dans l’exposé portant sur les medias et réseaux sociaux pour une
société sans exclusion, des panélistes ont critiqué le
comportement des medias traditionnels, qui ont toujours combattu
le choix du peuple majoritaire, quand ses votes traduisent la
volonté délibérée de transformer ses bulletins en demande de
démocratie, c’est -à-dire en politiques publiques aptes à
satisfaire ses revendications et aspirations légitimes.
Les
coups d’Etat de septembre 1991 et fondamentalement celui du 29
février 2004 ont illustré véritablement et profondément cette
vérité. Cette critique a été aussi adressée à la majorité des
intellectuels, politiciens et oligarchie haïtienne, détentrice
du vrai pouvoir de l’Etat. Il a été aussi relevé que seule une
infime partie de cette presse traditionnelle et une minorité
d’intellectuels et d’hommes politiques prennent part directement
et soutiennent les luttes du peuple haïtien pour frayer la voie
vers sa libération économique, politique, sociale et
culturelle.
Il a été noté aussi que des medias sociaux, en relatant des
informations qui resteraient enfouies dans la nuit noire de
l’ignorance et de l’oubli, brisent dans une large mesure les
monopoles des medias traditionnels et participent activement à
la lutte de la libération des peuples exploités et dominés. Les
exploits de Wikileaks en dévoilant certains secrets de
l’establishment, ont largement informé les peuples et du coup
paralysent, dans une large mesure, les grandes manœuvres
impérialistes construites dans les
ténèbres.
Qui n’a pas vu et compris
les persécutions contre Julian Assange, Edward Snowden et
Bradley Manning qui en informant les peuples des terribles
dérives impérialistes sont accusés, pourchassés d’avoir livré
des secrets d’Etat aux ennemis !
L’Université d’été 2013 de FanmiLavalas aura été un
succès, compte tenu de la participation, de la qualité de la
thématique, de la pertinence des interventions, tant du côté des
conférenciers que de celui des participants. Elle répond à une
immense préoccupation de la population haïtienne, dans ses
multiples interrogations sur la mauvaise gouvernance du pays, le
phénomène de la cherté de la vie, la corruption qui bat son
plein, les atteintes à la démocratie et aux droits de la
personne, bref le renforcement du phénomène d’exclusion sociale,
économique, politique et le refus du gouvernement d’organiser
les élections libres, crédibles, honnêtes et inclusives dans le
pays.
Le but poursuivi par
les organisateurs était de dire que FanmiLavalas est consciente
des dérives actuelles qui entrainent le pays à la ruine et qu’à
travers sa philosophie d’inclusion de tous et son programme
« Investir dans l’humain » revu et corrigé, elle offre la
meilleure alternative possible pour rompre avec le cycle
permanent de crise qui détruit
Haïti.
Il s’agit aussi de fournir aux militants, aux jeunes et à la
population globale des outils de réflexions afin qu’ils puissent
mieux comprendre et interpréter la réalité pour des choix
judicieux. FanmiLavalas, en tant qu’Organisation politique
luttant pour l’émancipation des masses haïtiennes et la
constitution d’un système étatique d’inclusion de tous,
poursuivra inlassablement sa marche dans un processus discontinu
de formation et d’éducation du peuple haïtien. FanmiLavalas veut
se renforcer, s’étendre, se faire comprendre par certains
Haïtiens qui l’ont perçue à travers un prisme déformant, une
fausse vision charriant : mensonges, illusions, désinformations,
aliénations et mépris. Cette Université aura été une réponse
concrète, un vaste effort d’ouverture et aussi l’opportunité de
démontrer que notre philosophie et notre vision d’une Haïti
inclusive, sont les seules démarches conformes, aptes à
l’éclosion d’une société de justice, de partage, de paix et de
solidarité en Haïti. |