Le juge Jean Serge Joseph, âgé de 58 ans, qui était en charge du
dossier de corruption de la famille présidentielle, a trouvé la
mort dans des conditions non encore élucidées, le samedi 13
juillet 2013 à l’hôpital Bernard Mevs, à Port-Au-Prince. Il est
décédé 11 jours après avoir rendu un jugement avant dire droit,
le mardi 2 juillet dernier, faisant injonction au président
Michel Martelly d’ordonner la comparution personnelle de 19
membres de son administration par devant le Tribunal, dont son
Premier ministre, Laurent Lamothe.
La disparition mystérieuse et prématurée du juge
Serge Joseph a surpris, et plus d’un l’a attribuée au pouvoir
Tètkale de Michel Martelly, vu qu’il a reçu toutes sortes de
pressions venant de celui-ci. Les informations issues des
proches de la victime ont fait savoir qu’il y aurait eu deux
réunions suivies, le mercredi 10 et le jeudi 11 juillet 2013,
planifiées par l’actuel doyen du Tribunal de Première Instance
de Port-au-Prince, Jean Michel Raymond, au cabinet d’un
conseiller du président Martelly, Me. Garry Lissade, où étaient
également présents le président Michel Joseph Martelly et le
Premier ministre Laurent Lamothe. Le magistrat aurait reçu de
fortes pressions de la part du président Martelly pour mettre
fin à ce dossier scandaleux. « Convoquez une audience rapide et
clore immédiate ce dossier » déclare-t-il.
Le refus du juge d’obtempérer aux injonctions des
plus hautes autorités d’abandonner ce dossier lui coûte la mort,
va ainsi la justice en Haïti. On dit souvent la justice élève
une Nation, en Haïti la justice enterre la Nation. Au moment où
le président Martelly parle hypocritement de l’Etat de droit, un
magistrat est tombé pour sa conviction dans la justice. La
justice haïtienne est-elle vraiment indépendante ?
En effet, deux avocats, amis du magistrat victime,
Samuel Madistin et Joseph Claudel Lamour ont confirmé qu’il leur
a fait des confidences sur de fortes menaces qu’il a reçues de
la part du pouvoir en place. Ils se disent prêts à témoigner
devant les instances compétentes.
Pour Me. Samuel Madistin, les rencontres ont bien eu
lieu avec le président Michel Martelly, le Premier ministre
Laurent Lamothe en présence du ministre de la Justice, Jean
Renel Sanon et le conseiller du président, Me. Gary Lissade, au
cours desquelles de fortes pressions ont été exercées à
l’endroit du juge dans l’exercice de ses fonctions. « C’est une
mort suspecte, je suis prêt à faire une dénonciation devant la
justice » a fait savoir Me. Madistin. Quant au Me. Joseph
Claudel Lamour, le juge Jean Serge lui a confié : « Il y a de
fortes pressions sur moi venant du pouvoir. On est très offusqué
contre ma décision prise contre la famille présidentielle ».
Me. Lamour se dit prêt à témoigner par devant n’importe quel
tribunal pour qu’il raconte tout ce qu’il lui a dit afin que la
vérité puisse être établir dans cette affaire.
Le député de l’Estère, Jules Lionel Anélus,
président de la commission des droits humains à la Chambre des
députés et proche de la famille de la victime, lui aussi, a
dévoilé des secrets de la rencontre au cours de laquelle le
président Martelly a déclaré au juge : « Eske w konn wè madanm
yon prezidan al nan prizon pandan prezidan an toujou sou pouvwa
a. » raporte le député.
Le directeur exécutif du Réseau National de Défense
des Droits Humains (RNDDH), Pierre Espérance a dénoncé la
pression de l’Exécutif sur le Judiciaire. Le cas du juge Serge
Joseph est patent, après une prise de décision contre la femme
et le fils du président Michel Martelly, impliqués dans des cas
de corruption, selon la dénonciation des deux avocats : Mes.
Newton St-Juste et André Michel. « Nous avons en affaire avec
un pouvoir délinquant qui nage dans la corruption et exerce des
pressions sur la justice. Malgré la présence du Conseil
Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ), la justice se trouve
dans un état où elle n’a jamais été depuis son existence », a
déclaré Pierre Espérance.
Le sénateur Moïse Jean Charles, de son côté, a
qualifié la mort subite du juge « d’assassinat politique ».
Après ce coup fatal contre la justice, le sénateur Moïse Jean
Charles continue d’exiger le départ du président Martelly à la
tête du pays. Il demande à nouveau, à ses collègues à la Chambre
des députés d’assumer leurs responsabilités en mettant le
président Martelly en accusation selon les prescrits
constitutionnels. Si les parlementaires refusent de prendre
leurs responsabilités face aux dérives du pouvoir tètkale ; le
peuple haïtien doit se soulever pour renverser l’ordre des
choses tant au Parlement qu’au Palais national. Tout le monde
est menacé sous la machine de la mort du pouvoir Tetkale.
Il faut rappeler que, le citoyen,
Hénold Florestal qui a endossé la plainte contre des membres de
la famille présidentielle haïtienne, pour "usurpation de
titres", affirme avoir été victime de menaces et
d’intimidations mercredi 10 juillet dans la soirée
Les faits se seraient produits aux environs de 8 heures PM dans
le quartier de Christ-Roi à Nazon, où réside M. Florestal.
Plusieurs hommes à bord de 3 véhicules aux vitres teintées, se
seraient renseignés sur son lieu de résidence et l'auraient, par
la suite, sommé de se rétracter.
L'avocat de Hénold Florestal , Me André Michel, a fait savoir
que, parmi ces individus, se trouvait un ancien directeur
général de la Police Nationale d’Haïti dont il s’est, pour
l’instant, gardé, dit-il de révéler l’identité, mais il assure
qu`il ne s`agit pas de Mario Andrésol.
Me Michel rapporte que ces individus qui étaient très menaçants,
ont demandé à son client d'enlever sa plainte contre Sophia et
Olivier Martelly, respectivement femme et fils-ainé du président
Michel Martelly.
Toujours, selon André Michel, ces hommes auraient fait savoir à
son client que le président Martelly serait prêt à négocier avec
lui pourvu qu`il accepte de retirer sa plainte. Dans le cas
contraire, cela risquerait de mal se terminer pour lui.
Donc il est clair que, le décès suspect du juge Jean
Serge Joseph et les actes d’intimidation dont faisait l’objet le
plaignant Enold Florestal démontrent qu’il n’existe pas de
l’Etat de droit en Haïti, et que la justice vit sous des menaces
évidentes. Ces derniers jours des dossiers criminels impliquant
des proches du président Martelly tels que : Joseph Lambert,
Ernest Edouard Laventure alias Mòlòskòt et autres sont devant le
tribunal. L’assassinat du magistrat Jean Serge Joseph était-il
un acte voulu et planifié pour essayer d’intimider les juges et
étouffer les grands dossiers ? |