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Edition Electronique

Vol. 8, No. 28
Du  Jan  21  au  Jan 27. 2015

Electronic Edition

Kòrdinasyon Desalin: Conférence de presse

 

 Vol. 6 • No. 50 • Du 26 juin au 2 juillet 2013

   

A quand la tenue des élections sénatoriales partielles, municipales et locales ?

Par Francklyn B. Geffrard

 ...
La conversation, par téléconférence, déroulée le 20 Juin dernier entre le président Haïtien Michel Martelly et le vice-président Américain Joe Biden, semble avoir eu un certain impact sur le comportement du régime « Tet Kalé ». Jusqu’ici le gouvernement s’était toujours tu sur la question électorale. Suite à cette conversation avec le numéro 2 Américain, l’organisation des élections législatives partielles, municipales et locales semble devenir brusquement une priorité pour le pouvoir. Pourtant, c’est ce même pouvoir qui, volontairement avait omis de rapporter dans son communiqué relatif à cette conversation que les Etats-Unis avaient encouragé le régime à réaliser les élections à la fin de cette année dans le pays. Quel paradoxe ! 

 Le régime se montre tellement préoccupé par les élections que le chef du gouvernement multiplie les rencontres avec les membres de l’organisme d’exception chargé d’organiser ces élections, le Collège Transitoire du Conseil Electoral Permanent (CTCEP). En moins d’une semaine, le premier ministère Laurent Lamothe s’est entretenu trois (3) fois avec les conseillers électoraux et d’autres secteurs impliqués dans l’organisation des prochaines élections. Laurent Lamothe a même annoncé le décaissement de 300 millions d’une enveloppe totale de 600 millions de gourdes pour la mise en branle du processus électoral. Dans des déclarations faites en marge d’une rencontre le 24 Juin 2013, Mr. Lamothe a laissé entendre que « les élections sont incontournables et prioritaires pour le gouvernement.»

 Il semble avoir compris finalement que, ne pas organiser les prochaines élections risque d’avoir des conséquences significatives sur sa carrière politique. Dans l’entourage du pouvoir, Laurent Lamothe est présenté comme le futur candidat à la présidence du clan ou un des clans « Tèt Kalé ». Reste à savoir, s’il a déjà reçu la bénédiction de son copain Michel Martelly qui, vraisemblablement voudrait désigner son dauphin dans l’objectif de préparer son retour au pouvoir. Rien n’est encore joué ni pour l’un ni pour l’autre. Les élections législatives partielles auront valeur de test pour le pouvoir en place. Et même si le régime bénéficie encore du soutien d’un secteur puissant de la communauté internationale, il n’a pas droit à l’erreur. Il doit donc éviter d’organiser des élections frauduleuses pour ne pas entrainer le pays dans une crise électorale permanente.

Les déclarations de Joe Biden lors de cette conversation par téléconférence qui a apporté une bouffée d’oxygène au régime après maintes tentatives de rencontrer le chef de la maison blanche, Barack Obama, semblent avoir donné un coup d’accélérateur à la question électorale en Haïti. Cependant, aucune date n’est toujours retenue pour la tenue de ces joutes qui devaient avoir lieu depuis la fin de l’année 2011. Les autorités gouvernementales et électorales ne parlent que de l’organisation prochaine des élections. Le flou est total quant à la date du scrutin. Cette attitude est très similaire à cet écriteau que l’on voit dans les petites boutiques où il est dit, « Pas de crédit aujourd’hui, demain oui. » En fait, il n’y aura jamais de crédit, car à chaque jour, il y aura toujours un demain. Quand on dit que les élections auront lieu prochainement, même si elles tiennent dans six ou 12 mois, ce sera toujours prochainement. Jusqu’ici, la seule petite avancée concrète accomplie dans le cadre des préparatifs en vue de la réalisation des prochaines élections serait l’élaboration de l’avant-projet loi électorale qui sera transmis aux différents secteurs du pays aux fins d’analyse avant d’être acheminée au parlement pour

Dans tout pays qui se respecte, les élections constituent un acte de souveraineté nationale. C’est le processus par lequel les peuples choisissent leurs dirigeants. Depuis plusieurs années, de nombreux secteurs dénoncent l’ingérence étrangère dans les affaires internes du pays. Ils vont jusqu’à dénoncer la dépendance du pays par rapport aux étrangers notamment pour le financement du budget national et du processus électoral. Ils estiment que les élections sont trop onéreuses et qu’il fallait opter pour d’autres formules plus adaptées aux réalités socioéconomiques du pays. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, ce sont ces mêmes secteurs qui souhaitent que les puissances étrangères exercent plus de pression sur le régime Martelly/Lamothe pour l’organisation des élections à la fin de cette année. Haïti est un pays où les paradoxes sont normaux ! C’est comme si quelques uns des  secteurs ne voudraient pas assumer leurs responsabilités vis-à-vis du peuple.

A entendre les responsables gouvernementaux et électoraux, on aurait l’impression que les choses vont vite. Mais l’impression seulement. Car les dirigeants haïtiens ont une réputation de chronophage. En fait, ils savent jouer sur le temps, même quand le temps jouerait contre eux. Ils ne se gêneront pas de faire trainer le processus en longueur. Il faudrait être naïf seulement pour ne pas remarquer que les autorités parlent de la question électorale sans pourtant lancer le processus électoral proprement dit. Ils ont déjà trouvé, sans doute, la formule qui leur permettra de faire passer le temps pour que le processus électoral ne bouge même pas.    

C’est déjà intéressant que le CTCEP cherche à recueillir le point de vu de différents secteurs de la vie nationale autour de la proposition de l’avant-projet loi électorale. En raison de son déficit  de légitimité constitutionnelle, il est normal que le CTCEP tente d’impliquer tout le monde. Il veut sans doute s’assurer qu’à la fin, il ne soit pas le seul à être blâmé si les choses tournent mal.  N’est-ce pas intelligent ? Cependant, une chose est certaine ; cette démarche, quoique positive, risque aussi de faire ralentir le rythme d’un processus qui piétine depuis près de deux ans. D’abord, le document de la future loi électorale sera envoyé aux secteurs concernés pour recueillir leurs avis et recommandations. Ensuite, il sera transmis au parlement pour ratification. Les parlementaires prendront certainement du temps pour bien analyser le texte avant de l’entériner, Après cette étape, le document sera acheminé à l’exécutif qui, s’il n’y fait pas d’objection, le publiera dans le journal officiel du pays, Le Moniteur. A ce moment, le document devient une loi.

Peu rassurés, de nombreux secteurs dont des partis politiques de l’opposition, des organisations de la société civile et des parlementaires continuent de dénoncer le manque de volonté de l’exécutif pour organiser les sénatoriales partielles,  municipales et locales avant la fin de l’année. Ils disent attendre des signaux clairs de la volonté du pouvoir sur l’organisation des élections. Parallèlement, ils accusent le régime en place de vouloir rendre le parlement dysfonctionnel afin de constater sa caducité. « Ce serait un scénario catastrophe, » a réagi un responsable de l’initiative de la société civile, Rosny Desroches.  

L’idée serait d’arriver à la mise en place d’une assemblée constituante dont la mission serait de rédiger une nouvelle Constitution avec toutes les conséquences qui en découlent. En réalité, quoique  ce soit anti-démocratique, si le régime Têt Kalé veut se lancer dans cette dangereuse aventure, rien ne l’en empêche. Le pouvoir dispose d’une majorité à la chambre et au Sénat. Tout ce dont il aura besoin, ce sera d’obtenir de ses supporteurs au parlement qu’ils ne se présentent lors de la séance d’ouverture de la session ordinaire de l’année législative du deuxième lundi de Janvier 2014. Mais, même avec l’appui de la communauté internationale, une telle opération  risque de tourner court pour le pouvoir. On ne sait pas exactement de quoi l’opposition et les autres secteurs organisés du pays seront capables de provoquer en termes de troubles pour protester contre le régime.         

Déjà, l’épreuve de force s’annonce entre le pouvoir et le parlement. L’exécutif se prépare à utiliser la loi électorale de 2009 pour constater la caducité du parlement le deuxième lundi de Janvier. Cependant, à la chambre et au Sénat, les parlementaires agitent le spectre de la mise en accusation du président. Toute cette bataille se déroule sur fond d’intérêts personnels. Le pays et la démocratie  n’en tireront certainement aucun profit. La nation est donc l’otage de politiciens qui ne se soucient que de leurs intérêts de clan. 

Parallèlement, le président du CTCEP, Emmanuel Ménard, annonce toute une batterie d’innovations dans la loi électorale, notamment le vote électronique, le vote des haïtiens de l’étranger, le vote anticipé pour vieillards et les personnes à mobilité réduites. C’est vraiment joli ! En fait, le CTCEP ne tarit pas de promesses. Rêve ou illusion ? En ce qui a trait au vote des haïtiens d’outre-mer, le CTCEP aura beaucoup à faire en termes de mise en place pour que cela soit effectif. Emmanuel Ménard n’a pas précisé qui pourra voter et comment. S’agira-t-il d’haïtiens déjà détenteurs de cartes électorales ? Procédera-t-on à l’émission de nouvelles cartes électorales pour ceux qui souhaitent voter aux prochaines élections? Ceux qui ont acquis une autre citoyenneté pourront-ils voter ? En fait le vote des haïtiens de l’étranger tel que conçu par le CTCEP est une équation à plusieurs inconnus.                                            

La question du vote des haïtiens expatriés est trop importante pour être traitée de manière superficielle. Une clause dans une loi électorale ne suffit pas à résoudre ce problème. Le vote des haïtiens d’outre-mer devrait être un premier pas vers leur intégration et leur participation effectives dans la vie politique du pays. Mais on sait que la Constitution de 1987 leur impose certaines barrières. Aussi longtemps que les restrictions constitutionnelles demeurent, il sera difficile pour ces haïtiens de participer aux affaires de leur pays. Le véritable enjeu d’une participation des compatriotes d’outre-mer est leur inclusion et leur implication dans la gestion de la chose publique. La principale étape vers cette intégration devra consister à lever les barrières constitutionnelles. Cela devra se faire par un amendement de la Constitution, notamment les articles relatifs à la double citoyenneté. Si on ne va pas vers l’essentiel, on risque d’orchestrer une vaste opération démagogique.

Francklyn B. Geffrard

Floride, 25 juin 2013

Centre International d’Etudes et de Réflexions (CIER)
 
 
Vol. 6 • No. 50 • Du 26 juin au 2 juillet 2013
 

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