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Haiti-Liberte

Haiti Liberte: Hebdomadaire Haitien / Haitian weekly news
 

Edition Electronique

Vol. 8, No. 28
Du  Jan  21  au  Jan 27. 2015

Electronic Edition

Kòrdinasyon Desalin: Conférence de presse

 

 

   

Toute une série de crimes policiers sous le boisseau:
Après sept ans, Mario Andrésol restera-t-il comme chef de la police d'Haïti?

Par Kim Ives
...

 

 

 

 


FLASH: Quelques heures après cet article a été publié dans la matinée du 15 août, le Palais National a annoncé que Godson Orélus remplacerait Mario Andrésol comme chef de la police d'Haïti. Pour comprendre pourquoi, lisez la suite.

Mario Andrésol est l'un des hommes les plus puissants d'Haïti. Il dirige la seule force publique armée en Haïti, les presque 11.000 membres de la police nationale haïtienne (PNH). La force est officiellement un organisme civil autonome; son chef, appelé le Directeur Général, est nommé par le président, puis ratifié par le Parlement.

Andrésol dirige la force depuis Juillet 2005, quand il fut nommé, grâce à l'appui des États-Unis, sous le gouvernement de facto, installé par un coup d'Etat que dirigeait le Premier Ministre Gérard Latortue.

            A cette époque, il n'y avait pas eu de Parlement qui fonctionnait. Mais le 7 Février, 2006, des élections ont porté le président René Préval au pouvoir avec un nouveau parlement le 14 mai 2006. Un mois plus tard, les États-Unis ont fait pression sur Préval, désireux de mettre quelqu'un de nouveau, pour qu’il nomme à nouveau Andrésol en tant que chef de la police le 14 juin, et le 5 juillet, 2006 le nouveau Parlement le ratifiait pour trois ans.

            Le 14 juillet 2009, Préval renouvelait le mandat d’Andrésol sous pression de Washington. Son troisième mandat, également pour trois ans, fut ratifié par le Parlement le 18 août 2009.

            Ce terme prendra fin le 18 août 2012. Mais Andrésol et Washington font pression sur le Président Michel Martelly pour qu’il renouvelle le mandat du chef de la police une fois de plus.

Selon un ancien fonctionnaire de la police, haut placé avec une connaissance intime et des contacts bien placés dans l'appareil de sécurité en Haïti, deux secteurs de la classe dirigeante se battent pour le poste: le secteur « bourgeois » pro-américain, représenté par le Premier ministre Lamothe Laurent, et le secteur « macoute » des cartels de la drogue, représenté par la famille de la première dame, les Saint-Rémy, et les anciens sénateurs puissants comme Youri Latortue et Joseph Lambert.

            En Mars, Haïti Liberté  publiait un long exposé basé sur les câbles secrets de l’ambassade américaine qui lui furent fournis par l’organisation médiatique WikiLeaks. Les câbles ont révélé que Andrésol a été un pion préféré de Washington (voir Haïti Liberté, Vol.5, n ° 37, le 28 mars 2012).

            Par exemple, dans un câble de novembre 2006, un officiel de l'ambassade des États-Unis a fait l'éloge de ce qu'il percevait comme « l'engagement [de Andrésol]... à réformer la PNH [police nationale haïtienne], à s'attaquer à la corruption, et rétablir la loi et l'ordre dans tout le pays. »

            Cependant un examen du dossier d’Andrésol au cours des sept dernières années révèle qu'il a ou bien fermé les yeux, jusqu’à tolérer la participation des fonctionnaires de haut rang de la police dans l'enlèvement, le trafic de drogue, la corruption, et même des assassinats. Voici une étude de quelques-uns des cas les plus éhontés et les plus récents des malversations de la PNH sous la direction d’Andrésol. 

Participation de la police dans le kidnapping et les meurtres 

 En avril 2012, Emane “Jacques” Jean-Louis, propriétaire de l'entreprise Sourire Rent-a-Car, une compagnie de location de voitures à Tabarre, fut enlevé. Sa famille paya finalement environ $800.000 de rançon aux kidnappeurs, et il fut libéré.

Mais, immédiatement après sa libération, Emane introduisit une plainte contre la PNH pour participation des agents de la police à son enlèvement, selon l'ancien fonctionnaire de la police de haut rang qui a requis l’anonymat. Emane a donné le numéro de la plaque d'immatriculation d'un véhicule de la police utilisé et les noms de plusieurs des policiers impliqués. Jusqu'à présent, la Police n’a entrepris aucune action pour arrêter n'importe lequel de ceux-là que Emane accuse d'avoir aidé à le kidnapper.

           Il y a aussi le cas de l’homme d’affaires Richardson Croicy au Cap-Haïtien. Il a été kidnappé le 22 mai 2012, puis assassiné. La juge d'instruction Heidi Fortuné a émis plus de 15 mandats d'arrêt contre sept policiers qu'elle croyait impliqués dans l'enlèvement et l’assassinat. Cependant Carl Henri Boucher, directeur de la police du Département du Nord, a refusé d’exécuter les mandats du juge d'arrêter les policiers et a même facilité qu’ils échappèrent à la justice.

            « Boucher est un très proche collaborateur d’Andrésol », a dit l’ancien fonctionnaire de la police de haut niveau à Haïti Liberté. « Andrésol l’avait envoyé aux États-Unis pour la formation des policiers, et une fois que vous obtenez votre formation aux États-Unis, vous faîtes en effet partie du cercle intime d’Andrésol ».

            Le Nouvelliste du 25 juin 2012 a signalé que « selon une source proche de l'enquête, la majorité des policiers impliqués dans le dossier ont déjà quitté le pays à destination de Providentiales via la République dominicaine ».

            Un autre cas choquant d'une apparente protection (cover-up) de la police a été l'enlèvement et le meurtre d'une jeune femme haïtienne, Monique Pierre. Après une condamnation pour trafic de drogue, Mme Pierre, 35 ans, avait été expulsée des États-Unis où elle aurait fait une rondelette fortune. Mais le 29 novembre 2008, elle fut kidnappée et retrouvée morte avec deux balles dans la tête et les yeux crevés.

            Le chef de la police des Gonaïves, Ernst Dorfeuille, était l'amant de Mme Pierre et le suspect numéro un dans le cas, accusé par les enquêteurs de liens avec les kidnappeurs de Mme Pierre. Il a été également rapporté que le véhicule affichant une plaque d'immatriculation attribuée à Joseph Lambert, sénateur puissant du sud-est d'Haïti, était impliqué dans l'enlèvement. Néanmoins, l'enquête n’a jamais abouti, et ni Dorfeuille (qui a été brièvement arrêté) ni Lambert n'ont jamais été inculpés. Le crime reste non élucidé.

            Plus récemment, le 12 juin 2012, des policiers de la Brigade d'intervention motorisée (BIM) ont tué deux jeunes hommes, Makenson Saint-Vil, 27 ans, et Reginald Lhérisson, 23, à la maison où ils vivaient. Des témoins affirment que les deux jeunes hommes n'avaient rien fait pour provoquer leurs meurtres et avaient été abattus de sang-froid. Jusqu'à maintenant, deux mois plus tard, la police n'a encore arrêté aucun des policiers impliqués ni procédé à une enquête des meurtres en dépit des manifestations de rue réclamant la justice pour les deux victimes.

            À la fin de 2010, Andrésol a concédé, lors d’une émission de radio, qu’environ 25% de ses hommes auraient été impliqués dans des activités criminelles. En novembre 2006, Michel Lucius, le chef de la Police Judiciaire (DCPJ), l’unité principale d'investigation en Haïti, a été congédié et arrêté pour son implication dans des enlèvements. Il a été libéré en décembre 2007, malgré la protestation du juge qui avait délivré le mandat d'arrêt initial. 

Corruption de la police

 Il existe de nombreuses histoires de corruption de la police, mais aucune n'est plus spectaculaire que ce qui s'est passé dans la ville du nord-ouest de Port-de-Paix il y a quatre ans, en grande partie parce que aucune des autorités impliquées n'a jamais été condamnée pour ce crime.

            Le 12 novembre 2008 dans le quartier Lavaud de Port-de-Paix, les autorités haïtiennes perquisitionnaient le domicile de Marc Frédéric, l'oncle de l'accusé trafiquant de drogue Alain Désir, qui avait été arrêté aux Etats-Unis trois semaines plus tôt. Le raid fut réalisé par quatre fonctionnaires du ministère de la Justice, 18 officiers de police, et un représentant de la Mission des Nations Unies pour stabiliser Haïti (MINUSTAH).

            Une quantité énorme et encore inconnue d’argent fut trouvée dans la maison et répartie entre les policiers et judiciaires concernés (mais pas le représentant de la MINUSTAH), selon les rapports de presse et un rapport du  Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH).

            Les fonctionnaires ont prétendu plus tard que des flics corrompus avaient pris une somme d'environ $ 1,7 millions, mais les enquêteurs estiment l'argent volé à plusieurs millions de dollars.

            Au cours des deux jours suivants, les officiers de la police ont partagé le butin avec huit autres fonctionnaires de la justice et des policiers à Port-de-Paix.

            Andrésol finalement avait annoncé 26 arrestations pour interrogatoire, 19 policiers et sept fonctionnaires du tribunal. Mais aucune condamnation n’a jamais eu lieu, et tous les intéressés (sauf celui qui est mort) sont maintenant libres.

            Le commissaire Bernard Mary Dadaille, chef de la police du département du Nord-Ouest, est allé à la direction générale de la police à Port-au-Prince, quelques jours après le raid à Lavaud.

            « Dadaille avait apporté une grosse somme d'argent pour être partagée avec le haut état- major de la police à la capitale », a expliqué notre source de police haut placée. « Mais l’histoire de l'argent pris dans le raid à Lavaud était déjà dans tous les médias, et Andrésol ne voulait pas être impliqué. Il a fait en sorte que Dadaille fuie le pays vers la République dominicaine, où on l’a perdu de vue».

            Pour la forme, le 28 janvier 2009, la police a perquisitionné le domicile de Dadaille à Carradeux, une banlieue de Port-au-Prince, mais les policiers ont annoncé qu'ils n'avaient pas trouvé le chef de la police ou quelqu’évidence de sa présence.

            Parmi les personnes arrêtées à la suite du raid il y avait Jean Raymond Philippe, qui avait été le chef adjoint du Département du Nord-Ouest sous Dadaille. Mais le 11 janvier 2009, Philippe est mort dans des circonstances mystérieuses alors qu’il était aux mains de la police judiciaire, qui a prétendu qu'il s'était suicidé en buvant de l'acide de batterie.

            La femme de Philippe, Jeannette Désir Philippe, s'est rendue à Radio Kiskeya le 23 janvier 2009, où « avouant son désespoir, la veuve a indiqué que dans sa dernière conversation avec Jean-Raymond Philippe, quelques heures avant sa mort, le 12 janvier dernier, rien ne laissait présager ce scénario-catastrophe », selon ce qu’a rapporté la radio. « Mais, la veuve n’a pas caché son étonnement de voir les autorités la placer sous investigation judiciaire dans le cadre de l’enquête ouverte sur le pillage présumé de narcodollars lors d’une perquisition chez l’oncle d’Alain Désir. Lors d’un deuxième appel téléphonique effectué dans la même journée, Jeannette Désir Philippe n’avait pu parler à l’officier de police qui ne répondait que par des gémissements continus. Une autre personne qui s’était saisie du combiné avait obstinément refusé de s’identifier, a raconté l’épouse, désabusée ».

            La veuve a déclaré que « son époux, avec qui elle vivait depuis 22 ans, était un homme modeste et honnête qui a consacré 31 ans au service de son pays, au sein des Forces Armées d’Haïti, puis de la Police Nationale », a rapporté la radio.

            En fin de compte, le mystère de la mort de Philippe, le vol de Dadaille, et la disparition de millions de dollars de la maison de Marc Frédéric n'ont jamais été résolus et personne ne fut jamais poursuivie, encore moins condamnée.

La torture et la mort de Serge Démosthène

 Peut-être le cas le plus accablant contre Andrésol est la torture et la mort de Serge Démosthène, âgé de 44 ans, le 15 juin 2011. La veille, la police avait arrêté Démosthène avec un autre homme, Feckel Plaisimond, suite à l'assassinat le 12 juin de Guiteau Toussaint, le directeur de la Banque National de Crédit (BNC). Les deux hommes  furent emmenés à la station de   police à Pétionville. La police tortura Démosthène à mort dans un effort de lui faire confesser l’assassinat. Le commissaire du gouvernement près du tribunal civil de Port-au-Prince, Me Harrycidas Auguste, aurait été témoin du meurtre de Démosthène.

            Il a été établi plus tard que Démosthène et Plaisimond, étaient tous deux innocents. Plaisimond fut libéré sans jugement après avoir été emprisonné pendant plusieurs mois.

            L’inspecteur général Fritz Jean de la PNH s’est penché sur le cas et a arrêté Vanel Lacroix, le chef de la PNH à Pétionville, qui avait supervisé la torture. Mais l'arrestation a provoqué une crise au sein de la police.

            « Vanel Lacroix était un très proche d’Andrésol », a dit notre source policière. « Donc, Andrésol a été furieux contre Fritz Jean, lorsqu'il a arrêté Lacroix et l'a emprisonné. Le conflit a créé un fossé énorme entre le numéro  un et le numéro deux de la PNH. Enfin, en septembre 2011, Fritz Jean a démissionné de son poste et s'est enfui au Canada parce qu'il craignait pour sa vie ».

            Dans sa lettre de démission, Jean s’est plaint de ce que Andrésol était à l’origine du  blocage de son enquête sur la mort de Démosthène, par exemple, en procédant au transfert de l’enquêteur unique de Jean, Jude Altidor.

            « J'attire l'attention des autorités de l'Etat, de mes supérieurs et de la société que ce transfert survenu suite au résultat de l'enquête diligentée autour du décès du nommé Serge Démosthène au commissariat de Pétion-ville, .... a été orchestré par le directeur général en vue de détruire l'élan, le dynamisme et surtout l'indépendance de l'IGPNH dans la conduite de ses enquêtes », a écrit Jean dans sa lettre. Tous ses efforts « pour empêcher les violations des droits de l'homme par les policiers, sont sapés par le directeur général », a conclu Jean.

            Notre source a également rapporté que Démosthène avait été antérieurement le gardien d’un terrain utilisé par Andrésol, et que les deux hommes étaient en conflit. Ceci ajoute à la suspicion autour de la mort de Démosthène et les prétendus efforts pour bloquer son enquête.

            L’assassinat de Démosthène en garde à vue a provoqué l'alarme parmi les tuteurs de la police en Haïti. En Décembre 2011, la branche de la MINUSTAH qui s’occupe des droits de l'homme - le Bureau du Haut Commissariat aux droits de l'homme - a publié un rapport dans lequel il dit: « Le rapport constate également que l’enquête de l’Inspection générale de la PNH  sur le décès de Serge Démosthène a provoqué des tensions avec la  Direction  générale  de  la  PNH  qui  posent  la question de l’indépendance et de l’Inspection générale de la PNH. Enfin il fait état de possibles entraves à l’indépendance judiciaire au cours de l’instruction de ce dossier ».

            Fritz Jean hors du poste d’inspecteur général, Lacroix fut libéré de prison, en juillet, il y a trois semaies de cela, une libération qui a été dénoncée par le RNDDH comme « scandaleuse ».

Un dossier de mauvaise gestion

Il existe de nombreux autres cas qui remettent en question le leadership de Andrésol.

            Lorsque, par exemple le Président Michel Martelly et son ministre de l'Intérieur, à ce moment Thierry Mayard-Paul, ont ordonné le 27 octobre 2011 l'arrestation illégale du député Arnel Bélizaire, qui en tant qu'élu jouit de l'immunité d'arrestation, le chef de la police aurait dû refuser. « Mais le chef de l'opération visant à arrêter Bélizaire, Godson Orélus,à  la tête de la DCPJ, a agi sur les ordres de Mario Andrésol », a expliqué notre source antérieurement haut placé. « Andrésol a dirigé l'opération du commencement à la fin, comme il en a été fait témoignage au Parlement ».

            Un autre exemple de corruption remonte à 2004. Après le coup d'Etat contre le président Jean-Bertrand Aristide, le 29 février 2004, plus de 100 policiers ont été révoqués. « Deux promotions de police ont été formées sous Aristide », a dit notre source. « Ils ont été congédiés, mais leurs chèques sont encore émis chaque mois et vont à la Direction Générale, qui encaisse les chèques et les utilise. Cela a commencé sous Léon Charles chef de la PNH, mais s’est poursuivi sous Andrésol. En outre, plusieurs agents de police qui restent en service bénéficient de résidence aux États-Unis, en France, ou au Canada. Ils vivent à l'étranger pendant des années, mais parce qu'ils sont proches d’Andrésol, ils continueront à recevoir leurs chèques ».

            Le public se plaint constamment du manque de policiers en Haïti. Des 10.814 officiers de police en Haïti, seulement 2175 sont stationnés dans les provinces en dehors de la capitale, selon le Rapport de Stratégie Internationale de Contrôle des Narcotiques de 2012 relevant du Département d’Etat américain (INCSR). Cependant, « beaucoup de policiers sont utilisés comme agents privés de sécurité pour des ex-parlementaires et des conseillers présidentiels, qui n'ont pas le droit à la protection personnelle de la police », a déclaré notre source. « Tout garde de corps préposé à la protection de ces gens devrait être engagé à titre privé, et non payé par l'État haïtien. Mais quand vous êtes l'ami de Andrésol, ou de la famille Saint-Rémy [la famille de l'épouse de Martelly], ou de [l'ancien ministre de l'Intérieur] Thierry Mayard-Paul,  ou de Laurent Lamothe, les autorités vous fournissent sécurité. Pendant ce temps, la population n'a pas une protection policière ».

            Dans le même ordre d’idées, quand les gens demandent de l'aide de la police, on leur dit souvent que les policiers n'ont pas assez de véhicules pour répondre aux appels. « Cependant, n’importe quelle matinée donnée, vous verrez des policiers dans leur pick-ups de police conduisant leurs enfants à l'école, leurs femmes à leur lieu de travail, ou à un studio pour faire leurs ongles et leurs cheveux », a dit notre source haut placé . « Peut-être même qu’ils utilisent la voiture pour faire des courses dans une autre ville. Tout cela contribue à l'insécurité. »

Mauvaise alternatives 

Comme nous l'indiquions dans notre article sur le chef de la police en Mars, il y a eu un conflit entre Andrésol et le président Martelly.

            D'une part, les États-Unis, qui contrôlent et paient pour le plus gros de la formation de la police d'Haïti, approuvent Andrésol et souhaitent voir son mandat renouvelé pour trois autres années. Mais il y a un autre concurrent pour le poste: l’actuel numéro trois de la PNH, Godson Orélus, directeur de la Police Judiciaire (DCPJ), soit l'équivalent du FBI en Haïti.

            « Godson Orélus jouit du support du secteur du trafic de la drogue, des gens comme la famille Saint-Rémy [ la Première Dame d'Haïti Sofia Martelly], et d’anciens sénateurs comme Youri Latortue et Joseph Lambert, qui sont maintenant proches conseillers de Martelly », a déclaré notre ancien responsable de la police hautement placé. « Ils mettent beaucoup de pression sur Martelly pour nommer Orélus comme le prochain chef de la police ».

            Après le putsch de 2004, Orélus avait été nommé directeur de la police du département du Sud par le chef de la PNH d’alors, Léon Charles. « Il avait deux missions », explique notre source: « La première consistait à pourchasser, neutraliser, et à terroriser tous les militants Lavalas, tous les partisans d'Aristide. La seconde était d'assurer la livraison sans problème de la drogue en provenance d'Amérique du Sud. Godson a très bien effectué les deux missions, si bien que les types de la DEA ont demandé au gouvernement de Latortue de transférer Orélus parce qu'ils pouvaient se rendre compte qu’il ne contribuait pas à combattre le trafic de drogue dans le département du Sud. Donc Orélus fut transféré pour devenir le directeur de la PNH de l'Artibonite, où il devint l’homme de main du sénateur Youri Latortue [de l'Artibonite] ainsi que de la famille Saint-Rémy originaire des Gonaïves ».

            Notre source indique également que « Orélus a payé au sénateur Joseph Lambert une grande quantité d'argent pour qu’il soit son homme au Sénat ». Les mandats des sénateurs Lambert et Latortue ont expiré en mai.

            Par conséquent, le président Michel Martelly se trouve entre les deux factions en guerre dans son gouvernement. D'une part, le Premier ministre Laurent Lamothe représente l'aile «bourgeoise» du régime, et il semble être en train de se rapprocher de Washington dans une alliance plus étroite (surtout après sa visite à Washington les 23-24 juillet) et va sûrement faire pression pour Andrésol à nouveau.

            D'autre part, il y a l’aile plus « macoutique » du régime, impliquée dans le trafic de drogue, représentée par la famille Saint-Rémy (principalement le beau-frère de Martelly, Kiko St. Rémy), Youri Latortue, Joseph Lambert, et les frères Mayard-Paul, Thierry et Grégory, aujourd’hui les deux conseillers présidentiels.

            « Fondamentalement, nous assistons à une lutte entre le secteur de l’industrie de sous-traitance / télécommunications, dirigé par Lamothe, en faveur d’Andrésol, et le secteur des drogues, dirigé par Sofia, en faveur d’Orélus », a résumé notre ancien fonctionnaire de haut rang de la police.

            Martelly est plus susceptible de pencher vers les États-Unis et le secteur Lamothe en raison de l’actuel rapport de forces en Haïti, prédit notre source, « mais nous ne pouvons pas sous-estimer la pression qui peut être apportée par Sofia, qui est un peu comme Michelle Bennett [l'épouse de Jean-Claude «Baby Doc» Duvalier de 1980 à 1986], ainsi que des conseillers comme les Mayard-Paul, Youri Latortue, et Joseph Lambert. Martelly va vraiment se sentir sous le feu des deux parties. »

            Martelly devra annoncer sa décision avant le 18 août lorsque prendra fin le mandat de Andrésol. Son dilemme tient bien dans un proverbe haïtien: « Chen gen kat pye, men li  ka mache nan yon sèl chemen ». Un chien a quatre pattes, mais il ne peut suivre qu’un seul chemin.
 
 
Vol. 6, No. 5 • Du 15 au 21 Août 2012
 

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