Haiti Liberte: Hebdomadaire Haitien / Haitian weekly

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ARCHIVE DE GRANDS TITRES

Haiti-Liberte

 

Edition Electronique

Vol. 8, No. 28
Du  Jan  21  au  Jan 27. 2015

Electronic Edition

Kòrdinasyon Desalin: Conférence de presse

 

 Vol. 6 • No. 35 • Du 13 au 20 Mars 2013

   

Chávez vit et la lutte continue !
L’Amérique latine n’oubliera jamais le grand leader
révolutionnaire Hugo Chávez

 Par Dr. Frantz Latour
...
«Il nous a montré la lumière, nous ne retournerons jamais à  l’obscurité»

 Un citoyen vénézuélien  

 «Il est parti, invaincu et invincible»

  Raúl Castro Ruz

 Hugo Rafael Chávez Frías est né le 28 juillet 1954 à Sabaneta, dans les Llanos, au sud du Venezuela, cette vaste plaine herbeuse qui s'étend entre la Colombie et le Venezuela, entre les Andes et la mer des Caraïbes le long du bassin de l'Orénoque. Les habitants de la région des Llanos, des plaines, ont la réputation d'être hospitaliers et aussi d'être d'excellents cavaliers. Cette naissance llanera semble avoir marqué l’homme qui va chevaucher le destin de son pays et celui des pays voisins, et tenter de forger une grande Amérique latine unie, forte et souveraine dans une perspective bolivarienne et socialiste.

Dans les veines de Chavez coule du sang à la fois indien, espagnol et afro-vénézuélien. Celui qui des années plus tard allait fermement s’opposer à l’empire est l'arrière-petit-fils du rebelle Pedro Perez Delgado, plus connu sous le nom de Maisanta, un leader rebelle toute sa vie. Il soutint une insurrection qui, avant sa capture en 1922, mena à la mort à la fois un ex-président vénézuélien et le gouverneur d’un État 

...De l’adolescence à l’académie militaire et au «Bolivarisme»

Chavez grandit dans un environnement familial pauvre, dans une petite maison faite de feuilles de palmiers et d'un sol en terre battue. Sa famille vivait dans un petit village juste à la sortie de Sabaneta. Sa mère aurait souhaité qu'il devienne un prêtre catholique, il servit alors comme enfant de chœur pendant un an. L'une de ses tâches consistait à nettoyer et à polir des statuettes représentant les saints et Jésus. Chávez vint à s’offenser de la représentation de Jésus comme «un idiot» alors que lui le considérait comme un « rebelle ».

Eventuellement, ses parents envoyèrent Chávez ainsi que son frère aîné, Adán vivre chez leur grand-mère paternelle, Rosa Inés Chávez, qui lui a appris à lire et à écrire avant d’entrer à l’école primaire, et qui vivait aussi dans le milieu rural de Sabaneta. Chávez en vint donc à nouer des liens plus forts avec sa grand-mère qu'avec sa propre mère. D’elle, il aura appris ses premières leçons d’histoire de la patrie de Bolivar, agrémentées de contes et légendes du terroir. 

La plupart des enfants de la région dans laquelle il grandit ne suivaient jamais d'études supérieures. Chávez, commença par fréquenter l'école primaire Julián Pino. Ses passe-temps étaient la peinture et le chant. Le journaliste Luis Hernández Navarro rapporte que «l’enfant Hugo Chávez a voyagé par le monde à travers les illustrations et les histoires qu’il a lues dans les quatre grands et gros tomes de l’Encyclopédie Autodidacte Quillet, cadeau de son père». Le soir après l'école, Chávez, petit marchand ambulant, vendait des friandises de fruits caramélisés confectionnées par sa grand-mère. Déjà, il se colletait aux rudesses de la vie.                                                                                              Adolescent, et aussi plus tard à l’âge adulte, Chávez était particulièrement intéressé par le baseball. L'un de ses rêves d'enfance du reste était de devenir lanceur pour l'équipe des Giants de San Francisco. Dès son plus jeune âge, Hugo Chávez s'intéresse à la vie, à l'idéologie, ainsi qu'aux écrits de Simón Bolívar. Plus tard, à Barinas, il fréquente le lycée Daniel Florencio O'Leary School. Durant ses années au lycée, ses meilleurs amis étaient les deux fils de Jose Ruiz, un communiste qui avait été incarcéré par le gouvernement de la dictature militaire de Marcos Pérez Jiménez. C'est dans la bibliothèque de la famille Ruiz que Chávez lut ses premiers livres sur le communisme et le socialisme.                                                                                                                                     Plus tard, à l'âge de 17 ans, Chávez rejoint l'armée vénézuélienne en s'inscrivant en tant que cadet à la Venezuelan Academy of Military Sciences – l'Académie vénézuélienne des sciences militaires. Il se rappela plus tard qu'il s'était engagé afin de pouvoir jouer dans la ligue de baseball de l'armée. A l’Académie of Military Sciences, il lit Marx et Bolivar, y fait des rencontres décisives, notamment un groupe de cadets panaméens qui poussent Chavez à s'intéresser au leader panaméen Omar Torrijos, qu'il considèrera très vite comme un modèle. Il sera diplômé le huitième de sa classe le 5 juillet 1975, en tant que sous-lieutenant avec un diplôme militaire en arts et sciences. C’est dans cet univers militaire que Chavez développe une vision politique forte, organise sa pensée politique et fonde, en 1982, le Mouvement bolivarien révolutionnaire au sein des forces armées.

Le «Bolivarisme» de Chavez est né au confluent de plusieurs sources politiques, militaires et intellectuelles fécondes, particulièrement celle des idéaux de Simón Bolívar et de Simón Rodríguez, compagnon et tuteur de Bolívar . Il faut y ajouter l’influence de José Leonardo Chirino, un marron précurseur du socialisme; de Pedro Camejo, militaire vénézuélien de très grande bravoure, seul officier noir dans l’armée de Bolivar, remarquable lancier, qui s’est battu avec «l’armée patriote» durant la guerre d’indépendance du Venezuela; des écrits de l'historien marxiste Federico Brito Figueroa; de l’influence de Ezequiel Zamora, leader paysan vénézuélien, porte-parole des paysans sans terre; de Jorge Eliécer Gaitán (leader charismatique colombien de gauche opposé à l'oligarchie, assassiné en 1948 alors qu’il était candidat à la présidence); de son plus proche ami, frère, père et mentor Fidel Castro; du grand Salvador Allende un précurseur du socialisme en Amérique latine; et de l’illustre «guerrier héroïque», penseur, écrivain, théoricien, stratège Che Guevara.

...Début d’un destin politique

En 1989, des milliers de pauvres protestent contre un plan d’ajustement structurel imposé par le FMI. Le Caracazo, la première révolte contre le néolibéralisme, à Caracas, tourne alors à la tragédie: 3.000 morts après trois jours d’affrontement entre les «forces de l’ordre» et la population. A l’aube du 27 février 1989, les gens venus des quartiers pauvres se rendant vers la ville (Caracas) découvrirent que les tarifs avaient doublé par rapport à la veille et commencèrent à protester spontanément. Rapidement, le mécontentement se transforma en affrontements avec la police militaire locale. Et les affrontements devinrent émeutes et s’étendirent à la capitale. Cet événement, un traumatisme dans la mémoire collective, sera un tournant dans la vie et la pensée politique de Chavez. Il sera à l’origine, trois ans plus tard, du soulèvement civico-militaire avorté de 1992 qu’il conduira lui-même.                                                                                Le 4 février 1992, le MBR-200 (Mouvement révolutionnaire bolivarien 200), d'orientation socialiste, dirigé par Hugo Chávez, tente un coup d'État contre le président Carlos Andrés Pérez accusé, entre autres choses, d'avoir engagé l'armée dans une vague de répressions sanglantes. Le putsch du nom de « opération Ezequiel Zamora » échoue  et Chávez est emprisonné pendant deux ans. Lors de son séjour carcéral, il enregistre une vidéocassette dans laquelle il appelle à l'insurrection. Elle est diffusée dans la nuit du 26 au 27 novembre 1992, prélude à un deuxième coup d'État préparé par le MBR-200. Cette deuxième tentative avorte également. En 1994, Chávez est gracié par le président nouvellement élu, Rafael Caldera.  

En sortant de prison, Hugo Chavez  découvre qu'il est devenu le héros d'un peuple marginalisé, mis à l'écart des gras bénéfices tirés des revenus de l'exploitation du pétrole, dont le Venezuela détient les plus importantes réserves au monde. Il promet de conquérir le pouvoir par les urnes. Il parcourt le pays en camionnette, il est élu président, le 6 décembre 1998, avec 56% des voix, une victoire nette, face à l'opposition menée par une oligarchie corrompue et archaïque. Il prête serment le 2 février 1999 et annonce une «révolution pacifique et démocratique». Il ordonne par décret la tenue d'un référendum pour l'élection d'une assemblée constituante. Dès lors, Hugo Chavez se consacrera à mettre en place son Socialisme du XXIe siècle inspiré de Simon Bolivar.   Symboliquement le pays deviendra: République Bolivarienne du Venezuela.

 ...Le «Socialisme du XXIème siècle» au pouvoir

Le 30 juillet 2000, Chavez est réélu avec 59,7% des voix. Le 10 avril 2002, l'opposition et les milieux économiques encouragés par les Etats-Unis lancent un appel à la grève générale illimitée. Le 12 avril, des officiers supérieurs annoncent que Chavez, accusé de la mort de onze manifestants, a démissionné. Ils nomment à la tête d'un gouvernement de transition Pedro Carmona, un richissime homme d'affaires. Chavez, aux arrêts, dément avoir démissionné et dénonce un coup d'Etat. Le 13 avril, sous l’énorme pression de manifestants chavistes, Carmona démissionne et des militaires fidèles au président déposé prennent le contrôle du palais Miraflores. Le 14, Chavez effectue un retour triomphal au palais présidentiel.

Le 2 décembre 2002, des syndicalistes, dirigeants et salariés antichavistes de la compagnie pétrolière publique PDVSA (Petróleos de Venezuela SA), appartenant à l’État vénézuélien, se mettent en grève. La production s'effondre. Le cinquième exportateur mondial de pétrole est incapable d'éviter des pénuries de carburants et de vivres. Le 2 février 2003,  Chavez mobilise l'armée pour relancer les activités de la PDVSA. La grève s'achève.                                                                                                                            Le 3 juin 2004, après de nombreux reports et recours, le conseil national électoral valide une requête de l'opposition réclamant la tenue d'un référendum "révocatoire" du mandat de Chavez. Le 15 août 2004, avec plus de 59% des voix , Chavez est confirmé au pouvoir et sa légitimité en sort renforcée. L'opposition se divise.

Le 3 décembre 2005, les candidats chavistes triomphent aux élections législatives boycottées par l'opposition. Le 3 décembre 2006, Chavez est réélu à la présidence avec plus de 60% des voix. «C'est une nouvelle défaite pour le diable qui veut dominer le monde», déclare-t-il, une flèche évidente en direction de Washington. Le 2 février 2009,  Chavez fête dix années de pouvoir sans échec électoral, le vote populaire ayant été confirmé par tous les observateurs internationaux comme des élections honnêtes et crédibles, y compris la Fondation Carter.                                                                          Le 19 septembre 2012, l’ex-Président états-unien Jimmy Carter, durant la rencontre publique annuelle du Centre portant son nom, déclarait qu’après avoir observé plus de 90 élections dans le monde, il était en mesure d’affirmer que «le processus électoral au Venezuela est le meilleur du monde», avec son système automatisé de vote doublé d’une preuve imprimée qui facilite la vérification des résultats. Aussi, c’est avec fierté que Chávez, revendiquant l'héritage de Simon Bolivar, pouvait déclarer : «Il y a dix ans, Bolivar est revenu à la vie, par et dans la volonté du peuple».

Maladie et décès de Chavez

Au mois de juin 2011, le président  Hugo Chavez, de façon inattendue, annonce à la télévision cubaine qu'il a subi une intervention chirurgicale pour une tumeur cancéreuse «dans la région pelvienne», opérations suivies de séances de chimiothérapie, à Cuba. Le 20 octobre 2011, il était rapporté qu’à la suite d'examens, sans doute de laboratoire, à La Havane, que Chavez était «guéri», ce qu’avait confirmé Chavez lui-même. Une 2ème opération eu lieu en février 2012 suivie de radiothérapie. Entre-temps il avait été réélu le 7 octobre 2012.  Le 20 novembre il était à la Havane pour un traitement par oxygénation hyperbare. Le 20 décembre 2012, Chavez était en état de participer au sommet du Mercosur en Uruguay, son premier déplacement politique à l'étranger depuis que son cancer avait été diagnostiqué et traité.

Il est revenu à la Havane, fin décembre pour des traitements apparemment liés à une ou des infections pulmonaires nécessitant une trachéotomie. Il y a passé environ deux mois. Il est retourné, par surprise, le 18 février à Caracas où il semblait être en mesure de continuer ses traitements à l’hôpital militaire. Il était question, selon le Vice Président Maduro, de «chimiothérapie lourde». Les partisans du président Chavez avaient accueilli la nouvelle avec grande satisfaction sinon grande joie. Mais les nouvelles de la santé de Chavez parvenaient au compte-goutte au public.

Le 5 mars 2013, c’est avec douleur et grande émotion que le vice-président Maduro, au bord des larmes, annonce au peuple vénézuélien: «Nous avons reçu l'information la plus éprouvante et la plus tragique que nous puissions annoncer à notre peuple. A 16h25, aujourd'hui 5 mars, est mort notre commandant président Hugo Chavez Frias après avoir combattu avec acharnement une maladie depuis presque deux ans»,   plongeant le pays dans la stupeur et la tristesse. Le président Chavez s’est donc éteint à l’âge de 58 ans. 

Il est difficile de se faire à l’idée qu’un leader aussi charismatique et rassembleur de peuples que Chávez se soit éteint à un moment où se profile déjà, grâce à sa vision, le rêve unitaire latino-américain de Bolívar. Ils sont des millions à travers le monde pleurant la disparition de cet homme hors du commun, doté d’une vibrante personnalité, se mêlant naturellement et spontanément de façon simple et chaude au peuple. Comme nous regrettons cet débordant optimisme créateur matérialisé à travers d’innombrables projets visant non seulement à élever les conditions de vie des petites gens, mais aussi à unir les peuples de l’Amérique latine en une vaste et dynamique fédération humaine dans une perspective socialiste de coopération et de participation équitable de leurs ressources trop longtemps accaparées par une oligarchie égoïste, arrogante, encore prisonnière d’une mentalité colonialiste.

En plus d’avoir amélioré les conditions de vie de millions de vénézuéliens, de latino-américains et de gens de la Caraïbe, Chavez a montré de façon concrète et claire que le rêve bolivarien d’une intégration régionale forte, féconde, libérée des chaînes d’oppression de l’empire n’est pas une utopie. Peut en témoigner la formation d’associations régionales anti-impérialistes dynamiques, initiatives dont Chavez a été le créateur ou l’inspirateur. Ainsi : L’Alliance Bolivarienne pour les Amériques (ALBA) ; la Communauté d'États latino-américains et caraïbes (CELAC) en contrepoids à l’OEA. Hugo Chávez est «à l’origine de la création en 2011 de cette CELAC qui regroupe pour la première fois les 33 nations de la région, qui s’émancipent ainsi de la tutelle des Etats-Unis et du Canada» absents de l’organisation (Salim Lamrani). Cette Communauté représente un trait d’union visant à renforcer la cohésion, le rendement maximum, de meilleurs rapports économiques entre les nations d’Amérique latine et des Caraïbes.                                                                                                                    

Les funérailles de Chávez                                                                                                     Les funérailles du président Chávez certes  célébrées   en grande pompe,  furent atypiques à l’image du parcours du leader de la révolution bolivarienne. S’il y a eu les gardes d’honneur des chefs d’Etats et de gouvernements, par contre, selon l’Humanité, «le syncrétisme a guidé le cérémonial : hommage aux enfants du Venezuela avec la participation de personnalités du monde de la culture et du sport, chants des Llanos qui ont vu naître Hugo Chavez...».                                                                                                    Le vendredi 8 mars, Journée Internationale de la Femme, au Venezuela, les funérailles d'Etat du président Hugo Chavez ont eu lieu, en présence de 32 chefs d'Etat et de gouvernement étrangers. Dans un roulement de tambour, l'Orchestre symphonique Simon Bolivar a ouvert les funérailles d'Etat en jouant l'hymne de la république bolivarienne vénézuélienne. M. Nicolas Maduro a déposé sur le cercueil entièrement recouvert du drapeau jaune, bleu et rouge étoilé du Venezuela une réplique de l'épée en or du libérateur sud-américain Simon Bolivar, grande référence historique du défunt ayant inspiré sa Révolution bolivarienne. L'arme a été remise à la famille du défunt à l'issue de la cérémonie.                                                                                                                                        Puis les chefs d'Etat et de gouvernement ont été invités par petits groupes à former des haies d'honneur successives autour du cercueil installé dans une chapelle ardente de circonstance à l’Académie militaire. La première était réservée aux plus proches alliés latino-américains, dont le Cubain Raul Castro, le Bolivien Evo Morales et l'Equatorien Rafael Correa. Parmi les dignitaires de la seconde haie figurait le président haïtien Michel Joseph Martelly. La présidente brésilienne, Dilma Rousseff, et la présidente argentine Cristina Kirchner venues s'incliner jeudi soir devant la dépouille de Hugo Chavez, étaient rentrées dans leurs pays avant la cérémonie.                                     Une messe de funérailles a ensuite été célébrée, au cours de laquelle l’Orchestre philarmonique du Venezuela a joué des airs populaires traditionnels du pays. Le révérend Jesse Jackson et l’évêque vénézuélien Marco Moronta ont clôturé cette partie strictement religieuse en rendant hommage au charismatique leader vénézuélien. Jackson s’est adressé au public avec des mots de réconfort et de partage, convaincu, a-t-il déclaré, « que la transition ordonnée va contribuer à construire une grande nation ».                                            Depuis mercredi soir, les partisans de Chavez avaient envahi les places entourant l'académie militaire où son cercueil avait été transporté après une longue procession empreinte de ferveur dans les rues de Caracas.  En pleurs ou faisant le signe de croix, plus de deux millions de «chavistes» vêtus de rouge, canalisés par des barrières métalliques se sont déjà recueillis devant sa dépouille, qui restera exposée sept jours supplémentaires afin de permettre aux nombreux Vénézuéliens qui le souhaitent de lui rendre un dernier hommage.                                                                                                                         On comprend cet océan d’affection et de reconnaissance quand on sait qu’en 14 ans au pouvoir, Hugo Chavez a ravivé la flamme de la gauche anti-impérialiste sur le continent latino-américain; et au Venezuela, il a forgé sa popularité parmi les couches défavorisées, les bénéficiaires de programmes sociaux financés par une manne pétrolière infinie, et grâce à son charisme exubérant.

La voix du peuple

            Dans la foule des plus de 2 millions de chavistes depuis jeudi dernier, Maribel Plazola, cette salariée de l’Etat de Miranda attend son tour, patiemment, depuis vint-quatre heures sous un soleil mordant. Car, il était impensable pour elle de ne pas rendre hommage à « son » président. « Il a ressuscité l’identité du Venezuela et redonné la vie aux pauvres», a-t-elle déclaré. Pour nous, c’est un héros. Il est mort mais ces idées seront toujours dans nos cœurs. Il doit reposer dans un espace digne, au Panthéon, aux côtés des restes de Simon Bolivar». Devant l'académie militaire, partout le long de kilomètres de défilés pour arriver jusqu’à la chapelle ardente, les partisans de Chavez n’arrêtent pas de scander: «Chavez n'est pas mort. Chavez vit. La révolution continue».

            «C'est à nous de poursuivre la révolution et de faire ce que Chavez nous a demandé: soutenir Maduro», déclarait Trinidad Nunez, 40 ans, devant le bâtiment où repose la dépouille du défunt président, qui porte son uniforme et son célèbre béret rouge. Beaucoup éclatent en sanglots en arrivant devant le cercueil. «Je lui ai dit de ne pas s'inquiéter, que Nicolas Maduro sera bien le nouveau président comme il l'a demandé», raconte Maria Fernandez, une infirmière de 51 ans. Et comme une traînée de poudre se répand de bouche à oreille le slogan magique:« Chávez, te juro que voto por Maduro», Chavez, je te jure que je vote pour Maduro.

            La voix du peuple n’est pas seulement celle du peuple vénézuélien, c’est aussi la voix des peuples latino-américains, et aussi  la voix des peuples opprimés de la terre. Dans de nombreux pays, à l’échelle des gouvernemnts ou de simples citoyens reconnaissants (étudiants, travailleurs, syndicalistes, associations paysannes), ont eu lieu des manifestations de solidarité pour rendre hommage à l’illustre disparu. Signalons au hasard, les chapelles ardentes à Cuba, au Nicaragua, en Bolivie, au Chili, à Madrid ; une messe célébrée à Rome par le cardinal Jorge Liberato Urossa Savino à l’église Santa Maria dei Monti ; les milliers de Cubains  défilant sur la Place de la Révolution à la Havane pour aller rendre hommage à Chavez ; la décision prise par des habitants d’un quartier de Chincha, une ville du Pérou, de l’appeler Barrio Hugo Chavez, en reconnaissance de l’aide que le président vénézuélien leur avait apportée lors d’un violent tremblement de terre en 2007; l’hommage rendu par des milliers de Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie dont la mémoire se souvient car ils n’oublient pas que Chavez avait dénoncé Israël comme un État terroriste, «génocidaire» lors de la guerre de 22 jours contre Gaza où plus de 1400 Palestiniens avaient été assassinés.                                                 

Le dauphin de Chávez                                                                                                          Le vice-président Nicolás Maduro qu'Hugo Chavez a désigné comme son dauphin, a été officiellement nommé chef d'Etat par intérim après les funérailles de vendredi. Il paraît déjà être le favori de l'élection présidentielle censée être organisée dans un délai de 30 jours, même si des responsables vénézuéliens évoquent un possible report en raison de l'impréparation du pays, aussi bien sur les plans émotionnel que logistique.                 Deux récents sondages donnaient une solide avance à Maduro. Le dernier en date, réalisé mi-février, créditait le dauphin désigné de 46,4% des voix contre 34,3% au candidat de l'opposition Henrique Capriles, battu lors de la présidentielle d'octobre 2012. La Cour suprême a déclaré vendredi que Nicolas Maduro n'aurait pas besoin de démissionner de ses fonctions pour faire campagne.                                                 

Une opposition haineuse, hargneuse, venimeuse et déraisonnable

  Le principal dirigeant de l'opposition, le gouverneur Henrique Capriles, a   affirmé que l'investiture prévue dans la soirée du vice-président Nicolas Maduro comme président par intérim jusqu'aux prochaines élections était «une fraude constitutionnelle» rappelant que «personne ne l'a élu [Nicolas Maduro]». Du reste, à quelques exceptions près, l’opposition a boycotté la cérémonie de prestation de serment de Maduro qui a eu lieu sous l’oeil vigilant du président du parlement, Diosdado Cabello. A peine a-t-elle mis une sourdine à ces propos malveillants à l’endroit de Chávez, pouvant à peine respecter la douleur de la famille présidentielle et de la majorité électorale.                                                          Depuis l’arrivée de Chávez au pouvoir, l’opposition n’a cessé de le calomnier de façon acharnée, virulente et misérable, allant jusqu’aux injures les plus viles et tentatives d’assassinat. A la limite on pourrait parler de cannibalisme. Elle est grassement financée par l’oligarchie locale et la machine à diffamer entretenue à cet effet par des sources de financement connues telle la National Endowment for Democracy (NED), ou occultes telle la CIA. Il arrive que nombre de médias, stipendiés, et pas des moindres, occasionnellement des organisations de défense des droits humains?? et même  une partie de la gauche sociale-démocrate apportent leurs notes ténébreuses à ce concert de diffamation.                                                                                                                                  Le peuple vénézuélien laisse aboyer les chiens de l’impérialisme. Sa caravane révolutionnaire poursuit sa marche ascendante consolidant les acquis du processus bolivarien. Il se rappelle que le Commandante, lors d’un rapport devant le parlement vénézuélien de l’action de son gouvernement en 2011 et de son programme pour l’année en cours, avait, calmement, lancé à une parlementaire qui l’avait interrompu et violemment agressé verbalement: « L’aigle n’attrape pas les mouches ». Il se rappelle aussi que Chavez disait à ses détracteurs qui voulaient sa mort, physique: «A ceux qui me souhaitent la mort, je leur souhaite une très longue vie pour qu’ils continuent à voir la Révolution Bolivarienne avancer de bataille en bataille, de victoire en victoire.» Chavez vit, le peuple vit avec lui, en lui et pour lui. Et la lutte continue.

Pourquoi tant de haine ?

Parce que, entre autres choses, « à l’heure où la social-démocratie connaît une crise d’identité en Europe, les circonstances historiques semblent avoir confié à M. Chávez la responsabilité de prendre la tête, à l’échelle internationale, de la réinvention de la gauche», s’est exprimé Ignacio Ramonet. Parce que la droite néolibérale enrage de voir qu’elle est empêtrée dans les mailles d’un chaos économique et écologique qui menace l’humanité, qu’elle ne peut plus même garantir à sa propre population, européenne ou nord-américaine les droits élémentaires à la santé, au travail, à l’éducation, au logement ni même aux droits minima de la personne prônés par l’ordre bourgeois.                          Parce que le bilan de Chávez enlève le sommeil aux dirigeants occidentaux, surtout européens: respect scrupuleux de la démocratie et de toutes les libertés, quoiqu’en disent les calomniateurs; nouvelle Constitution garantissant «l’implication populaire dans le changement social»; dignité rendue à «quelque cinq millions de marginalisés (dont les indigènes) dépourvus de documents d’identité»; dignité rendue du même coup aux peuples indigènes et afro-descendants de l’Amérique latine; reprise en main de la compagnie publique Petróleos de Venezuela SA (PDVSA) dont les gigantesques bénéfices allaient aux compagnies étrangères; nationalisation des champs pétrolifères de l’Orénoque aux immenses réserves; déprivatisation de la principale entreprise de télécommunication du pays ainsi que la compagnie d’électricité de Caracas mises aujourd’hui, pleinement, au service de la nation; autonomie effective face aux institutions financières internationales, grâce à l’utilisation d’une partie de la rente au financement de programmes sociaux.                                                                                                               «Trois millions d’hectares de terre ont été distribués aux paysans. Des millions d’adultes et d’enfants ont été alphabétisés. Des milliers de dispensaires médicaux ont été installés dans les quartiers populaires. Des dizaines de milliers de personnes sans ressources, atteintes d’affections oculaires, ont été gratuitement opérées. Les produits alimentaires de base sont subventionnés et proposés aux plus démunis à des prix inférieurs de 42 % à ceux du marché. La durée de travail hebdomadaire est passée de 44 heures à 36 heures, tandis que le salaire minimum montait à 204 euros par mois (le plus élevé d’Amérique latine après le Costa Rica)» (Ignacio Ramonet).                                                Les statistiques provenant de sources onusiennes donnent quand même un aperçu du bilan de Chávez: Un niveau de pauvreté passé à 26% alors qu’il était de 70%, de pauvreté extrême abaissée à 6%, elle était de 40% avant Chávez. Aujourd’hui le baril de pétrole se vend à plus de 100 dollars, autrefois, c’était à sept dollars, un vol extraordinaire au détriment de la population. Grâce à Chávez, aujourd’hui 5 millions de Colombiens ont pu acquérir la nationalité vénézuélienne, leur conférant en même temps une vie digne. L’analphabétisme a été réduit de presque 100% en quatorze années de gouvernement. Comme l’a suggéré un internaute sur le net, bien des pays du tiers-monde seraient heureux d’avoir un tel «dictateur» comme chef d’Etat.

Christianisme et Socialisme du XXIème siècle

 En adepte de la théologie de la libération, Chávez  incarnait ce que pourrait être le futur d'une Église catholique «réformée de l'intérieur». Combien de temps faudra-t-il pour arriver à des résultats concrets à la dimension d’un christianisme véritablement humain? Des années? Plusieurs siècles encore? Car depuis Constantin 1er, l’Eglise est devenue une institution des puissants, par les puissants et pour les puissants. Seul un socialisme chaviste ou castriste reprenant à son compte l’amour et la charité prêchés par le Nazaréen semble la seule voie. Car, une foi qui méprise les aspirations universelles, fondamentales de bien-être de l'humanité ne peut que se faire l'alliée objective des oppresseurs. Chavez a montré la voie à la fois aux laïques et aux religieux. A eux de la suivre en dépit de la propagande mensongère des forces du statu quo obscurantiste.  

Chavez, conscience latino-américaine

 Hugo Chavez était l’incarnation même de la révolte. Révolte contre une aristocratie du pouvoir et de l’argent suffisante, insolente et arrogante. Révolte contre la confiscation de la rente pétrolière par une infime minorité laissant à la grande majorité des miettes de pauvreté. Révolte contre un Etat acquis au défaitisme et générateur de misère pour le plus grand nombre. Révolte contre la soumission à plat ventre des élites à l’impérialisme. Révolte contre l’absence quasi totale de sentiment national et de fierté nationaliste au sein d’aventuriers déguisés en intellectuels, hommes de loi, hommes d’Etat servilement soumis aux intérêts étrangers.                                                                   On ne remet pas en cause de façon significative le destin d’une Nation, on ne peut tracer une voie authentiquement révolutionnaire sans faire d’erreurs. Chavez assurément a fait des erreurs . Il reste néanmoins qu’il incarnait la fierté d’un peuple à qui il a montré et démontré qu’un autre monde était possible. Les Vénézuéliens, les Latino-américains, les Antillais, les peuples des pays du Sud l’ont appris et retenu. En quatorze années de réformes hardies, Hugo Chavez a contribué à donner aux Vénézuéliens les moyens de leur propre liberté, car, comme ses pairs Fidel Castro, Che Guevara, Evo Morales, Rafael Correa, Raul Castro, il a compris qu’un peuple ne peut pas être libre quand il est tyrannisé par la misère, tétanisé par la faim et la peur du lendemain.                                     Une nation n’est pas libre quand ses dirigeants vivent “genoux ployés devant le dieu-papier à l’effigie de Washington», à plat ventre devant l’empire qui les méprise royalement parce qu’ils sont de vulgaires laquais à son service, quand il ne les considère pas comme ses fils de pute. Désormais, les Vénézuéliens sont libres. Ils devront être fidèles à l’héritage et aux acquis d’Hugo Chavez, «préserver ses accomplissements, poursuivre ce qui reste à accomplir, corriger ce qui ne fut pas bien accompli».                   «Un leader n’est pas la révolution. Ce sont les masses et le processus révolutionnaire qui créent des leaders et non pas le contraire. Toutefois, les leaders peuvent diriger la révolution […] Les leaders sont aussi une part importante des révolutions quand elles sont le produit des aspirations des masses. Chavez fut un tel leader» (Berta Joubert, Mundo obrero).

Chavez, l’homme, dépouillé du politique

Hugo Chavez n’était pas seulement un remarquable animal politique, ce géant politique qui, sans peur, a affronté le monstre impérialiste. Il était aussi ce musicien, ce guitariste qui en pleine séance ministérielle, ou lors d’une rencontre avec ses partisans pouvait chanter un de ses airs favoris “Patria, patria, tuya es mi vida, tuya es mi alma, tuyo es mi amor” (Patrie, patrie, ma vie est pour toi, mon âme est pour toi, mon amour est pour toi). Il était ce père de famille qui adorait ses deux filles et trouvait du temps à leur consacrer. Il aimait beaucoup les enfants dont il recherchait souvent la compagnie. Il avait plein d’humour et pouvait faire rire au moment où l’on s’attendait le moins. Il a manifesté un immense chagrin lors de la mort du président argentin Néstor Kirchner et témoigné d’une chaleureuse présence humaine auprès de Cristina Fernandez Kirchner. Il faut beaucoup d’amour des autres pour être un vrai révolutionnaire.                                               Le journal Haïti Liberté présente ses plus profondes condoléances à la famille du camarade de lutte Hugo Chávez Frías, au courageux peuple vénézuélien, au personnel des sièges diplomatiques vénézuéliens, à la dynamique équipe de TeleSur, tous rudement éprouvés par la perte d’un si grand leader. Il repose déjà en paix aux côtés de son mentor politique Simón Bolívar. Il vit et la lutte continue.

            Et pour finir cet hommage à l’exemplaire révolutionnaire que fut Chavez, nous dédions à sa mémoire ce poème, simple, vrai et spontané, à l’image de Chavez, glané sur le Net au hasard de mes rencontres avec un internaute inattendu, l’artiste musicien et poète marocain Ayssar Hassan:

Adieu l’ami! 

Adieu l’ami...

Tu nous as fait réfléchir et tu nous as fait rêver

Tu nous as fait rire aussi.

Tu as été la voix de ceux qui ne peuvent parler,

Des opprimés, des illettrés, des enfermés

Des favelas de Caracas jusqu’à Gaza.

Tu as résisté aux marchands,

À ceux qui veulent dominer le monde,

À ceux qui veulent le mettre à feu et à sang.

Tu as gardé la Foi.

Ton peuple te suivait et tu suivais le Christ.

Jusqu’ici on entend les pleurs

De ta patrie qui prie pour toi ;

On a tous espéré que tu allais gagner.

Avec les plus grands, Hugo Chavez,

Ton nom restera dans l’Histoire

Et ton sourire, dans nos coeurs.                    

Sources d’information.

1. Mort de Hugo Chavez, une vie au service du Venezuela. Candice Bruneau. Melty Campus. 6 mars 2013.

2. Hugo Chavez, la seconde vie de Bolivar. Cathy Ceïbe. L’Humanité.fr, 6 mars 2013.

3. El Caracazo, Ignacio Betancourt, El Nacional, 21 février 1999.

4. El Dia en que bajaron los cerros, Rafael Rivas-Vazquez, février 1999.

5. Le ‘‘Caracazo’’, c’était il y a 15 ans. Frédéric Lévêque. RISAL Info. 29 février 2004.

6. Funérailles de Chavez : «Il a ressuscité l’identité du Venezuela et redonné la vie aux pauvres». Cathy Ceïbe, L’Humanité.fr. 8 février 2013.

7. ¡Hugo Chavez, presente! Editor. Work World/Mundo obrero. 7 mars 2013.

8. Hugo Chávez and the Politics of Race. Nicholas Kozloff, Counterpunch, 17 octobre 2005.

9. Hugo Chávez Sin Uniforme Alberto Barrera Tyszka, Cristina Marcano et Cynthia Rodriguez. Debate, 2007.

10. The Venezuelan Military: The Making of an Anomaly. Marta Harnecker,      venezuelanalysis.com, septembre 2003.

11. Election présidentielle au Venezuela : "des élections propres et honnêtes ". Bady S. Le Grand Soir, 5 octobre 2012.

12. Hugo Chavez. Ignacio Ramonet. Le Monde diplomatique, août 2007.

13. Don't Cry for Me, Venezuela. Alma Guillermoprieto. The New York Review of Books, 6 octobre 2005.

14. 50 vérités sur Hugo Chávez et la Révolution bolivarienne. Salim LAMRANI. Opera Mundi, 8 mars 2013.

15. Hugo Chavez, l’enfant pauvre de Sabaneta. Luis Hernández Navarro. La Jornada, 6 mars 2013.
 
 
Vol. 6 • No. 35 • Du 13 au 20 Mars 2013
 

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