Haiti Liberte: Hebdomadaire Haitien / Haitian weekly

Subscriber Log In

Email Address:    Password:    

Forgot your password?  Click Here

Home :: Archives :: Ad Rates / Tarifs Publicitaires :: Subscription / Abonnement :: Info :: Contact

ARCHIVE DE GRANDS TITRES

Haiti-Liberte

Haiti Liberte: Hebdomadaire Haitien / Haitian weekly news
 

Edition Electronique

Vol. 8, No. 28
Du  Jan  21  au  Jan 27. 2015

Electronic Edition

Kòrdinasyon Desalin: Conférence de presse

 

 Vol. 6 • No. 32 • Du 20 au 26 février 2013

   

Dossier Jean-Claude Duvalier:
Etat de Droit ou Raison d’Etat ?

 ...par Jose Clément

Rien que du bluff! La comparution à la Cour d’Appel de l’ex despote haïtien, Jean-Claude Duvalier, n’est autre qu’une mise en scène effrayante après qu’il eut  été blanchi, le 30 janvier 2012, par le juge d’Instruction Carvès Jean pour crimes contre l’humanité. Il s’agit d’un montage scandaleux de la part de M. Martelly qui veut à tout prix réhabiliter politiquement  Jean-Claude Duvalier qui a dirigé le pays d’une main de fer de 1971 à 1986.  

Des centaines de milliers d’opposants au dictateur déchu de l’époque ont été tués ou portés disparus, selon des organismes internationaux de droits humains. Les Volontaires de la  Sécurité Nationale (VSN) communément appelés “les tontons macoutes” devenus le véritable fer de lance de la machine à broyer du régime sanguinaire, avaient fait croupir de nombreuses victimes innocentes dans les geôles de Fort-Dimanche, du Pénitencier National, des Casernes Dessalines, et de la Police de Port-au-Prince, etc.…

C’est un véritable scandale aux yeux du monde national et international quant à l’attitude d’un système judiciaire trop partial dans un pays en proie à la violence systématique où la loi du plus fort domine. La passivité avec laquelle la société réagit au dossier de Duvalier s’apparente à un “Oscar” qui lui a été remis en signe d’excellence pour les torts et dommages causés à l’ensemble de la société dont certains sont jusqu’ici irréparables. Car chaque crime resté impuni ouvre déjà la voie à un autre.

Pourquoi persister à vouloir ressusciter un régime qui est la négation même de l’Etat de droit, de la liberté d’expression, de la parole, de  la pensée et de la démocratie participative ? Vingt-neuf (29) années de pouvoir discrétionnaire et sans partage pendant lesquelles une véritable paix de cimetière s’était installée dans les esprits et dans les cœurs des haïtiens épris de justice et de liberté. Pourquoi vouloir réhabiliter Jean-Claude Duvalier qui est resté égal à lui-même dans une arrogance sans vergogne et démesurée? Un homme qui n’a jamais eu l’idée de demander pardon au peuple haïtien pour les méfaits de son régime. Au contraire, il s’est arrogé le droit, en plein tribunal, de demander: "qu’avez-vous fait de mon pays.” Comme si Haïti était et est encore le sien propre et comme s’il avait fait d’Haïti un pôle important de développement économique et social dans la Caraïbe, durant son régime. La kleptocratie qu’il dirigeait a laissé un pays avec une économie exsangue et une population dont la majorité ne savait ni lire ni écrire. “We are still cleaning your mess, Mr. Duvalier”, en guise de réponse à celui qui a fait de notre pays un tombeau à ciel ouvert et une “République bananière”.

En fait, le processus de réhabilitation de Jean-Claude Duvalier était déjà enclenché. Puisque nombre de gouvernements qui se sont succédés au pouvoir post 1986, n’ont rien fait pour juger Duvalier en Haïti et fixer sa responsabilité dans de nombreux massacres de citoyens accusés d’appartenir au mouvement communiste ou d’atteinte à la Sûreté de l’Etat”. Ce procès, à travers l’ex président à Vie, devrait être celui de tout le régime obscurantiste qui a noyé dans le sang toute tentative visant à instaurer un régime démocratique dans le pays. Il est du devoir moral des haïtiens de connaître enfin “qui était qui et qui faisait quoi” à cette époque. En guise de dédommagement aux victimes, la population se sentirait au moins soulagée de connaître enfin la vérité sur une tranche d’histoire récente de ce pays. Les juifs n’ont pas flirté avec les criminels nazis. Pourquoi les Haïtiens flirteraient-ils avec leurs bourreaux?

Plus près de nous, en Argentine, le dernier dictateur de ce pays d’Amérique du Sud, Reynaldo Bignone, 85 ans, a été condamné le 14 avril 2011 à la prison à perpétuité pour “violations des droits de l’homme” par le tribunal de San Martin au Nord de Buenos Aires.  30 mille de ses opposants politiques sont morts ou portés disparus, durant son règne 1982-1983. Depuis l’annulation des lois d’amnistie en 1985 par l’ex président Nestor Kirchner, plus de 200 dirigeants du régime et 800 militaires et policiers font toujours l’objet de poursuites (AFP/ le Monde). En 2010, il avait déjà été condamné à 25 ans de prison pour “privation illégale de liberté et tortures sur des prisonniers politiques pendant la dictature militaire de 1976 à 1983.

 La liste serait bien longue de tous les dictateurs déchus qui ont été jugés un peu partout dans le monde, notamment en Amérique du Sud et en Amérique Latine. Même si la justice argentine a attendu environ 27 ans pour venir à bout de ce dictateur coriace. On peut attendre longtemps et très longtemps encore. Mais la justice aura, quand même un jour, raison de Jean-Claude Duvalier. C’est, du moins, ce qu’il faut raisonnablement espérer.

Dans le temps, la première tentative de faire juger Duvalier en France remonte à 1986 lorsque l’Etat haïtien a engagé un avocat français, Jacques Sales pour poursuivre le dictateur. La justice française n’avait pas pris de décision sérieuse arguant qu’il fallait le juger d’abord dans son pays d’origine où les faits lui ont été reprochés. Malgré des preuves irréfutables de l’avocat relatives au détournement de 400 millions de dollars US entre 1981 à 1985 des caisses de l’Etat haïtien par Duvalier fils, le dossier n’a jusqu’ici pas été suivi d’effet. Il a, en compagnie de sa femme, littéralement dilapidé les caisses de l’Etat notamment La Régie du Tabac, la Téléco et certains Ministères. En plus des châteaux achetés en France et des appartements à New-York et en Floride, Duvalier fils faisait payer ses effets personnels au frais de l’Etat. Il se la coulait douce dans une République familiale où la mauvaise situation sociale et économique a poussé à partir dès 1980, bon nombre de citoyens à prendre le chemin de la mer sur de frêles embarcations pour atteindre les côtes des Bahamas et de la Floride, en particulier

Autre élément à l’appui de cette thèse, en plus d’une voiture officielle mise à la disposition du dictateur et sécurité accordée au même titre qu’un ancien président, l’octroi d’un passeport diplomatique à M. Duvalier prouve encore une fois que l’Etat haïtien, à travers le gouvernement en place, fait fi des revendications de la population en ce qui a trait au jugement de ce dernier. L’Etat haïtien garant de la stabilité des vies et des biens et de la chose publique a pris fait et cause pour Duvalier dans un dossier aussi problématique. Le gouvernement cherche à couvrir les crimes de Duvalier et à ridiculiser la population. Ce fait rappelle étrangement et paradoxalement l’implication du gouvernement extrémiste Rwandais, à majorité Hutu dans le massacre des Tutsi du 6 avril au 14 juillet 1994, sur fond de nettoyage ethnique. Les massacreurs Tutsi ont reçu le soutien de la radio et de la télévision (“Les Mille Collines”, “Radio Hutu Power” communément appelées les “Médias de la haine”) dans leurs basses œuvres.

Parallèlement en Haïti, certains médias conservateurs (privé et public) à la solde d’une certaine classe sociale spécialisée dans une entreprise malsaine de destruction de la mémoire collective ont commencé à préparer le terrain pour la réhabilitation politique de Jean-Claude Duvalier. En l’an 2013, il y a déjà un conditionnement des esprits et des cœurs dans l’objectif certain d’arriver à une guerre fratricide dans le pays. Raison d’Etat oblige! Puisque l’Etat est non seulement incapable de fournir des services de base à la population, mais en plus, investit dans une entreprise de déstabilisation de la Nation à travers une campagne de propagande tous azimuts aux fins de semer la confusion au sein de la famille haïtienne. L’objectif est  donc d’arriver à garder le pouvoir politique par tous les moyens même au prix du sang. Les nominations dans des postes clés dans l’Administration des fils notoires de la vieille garde duvaliériste prouve que nous sommes en face d’un gouvernement extrémiste irresponsable qui cherche à narguer toute une population en réveillant les vieux démons de la dictature.

Il est évident que la population ne peut pas se payer le luxe de jouer au Ponce Pilate dans un dossier aussi déterminant dans le cadre de la construction d’un Etat de droit et de l’avènement d’une démocratie véritable. Il n’y a pas de réconciliation sans pardon. Et Le pardon ne peut se faire sur la base d’impunité. Même si la société haïtienne est en phase de déclin, il faut encore interpeller sinon réveiller la conscience des citoyens intègres avant qu’Il ne soit trop tard. Il faut inévitablement, au nom de la morale collective publique et de la conscience critique, faire échec au statut quo ante à travers la construction d’une alternative démocratique viable capable de transformer l’Etat et la Nation. Ceci requiert la mise en commun des efforts de tous les démocrates authentiques.

Il y a une raison d’Etat pour le président Martelly à ne pas être trop enclin à faire juger Duvalier. On peut le comprendre. Le chef de l’Etat et sa clique ne peuvent scier l’arbre sur lequel ils sont assis, puisque redevance politique oblige! Même si c’est au détriment de la nation entière. Quelque se chose se trame contre la République. Alors, seuls les hauts responsables peuvent nous le dire. Un chambardement social et politique de grande envergure est en préparation au profit d’un pays tiers. Les collabos ne sont qu’en service commandé!

 
 
Vol. 6 • No. 34 • Du 6 au 12 Mars 2013
 

Home | Archives | Ads/Publicites | Contact Us

 

Copyright © 2009 Haiti Liberte. All rights reserved
Site Design and Hosted by:All in One Office, LLC

 
 
comments powered by Disqus