Par Daniel Tercier et Wendel Polynice
Le Président Michel
Martelly chaperonné par son ex-ministre de la culture, Jean
Mario Dupuy, et son conseiller, l’ex sénateur de l’Artibonite
Youri Latortue, s’est rendu le 13 janvier dernier, à trois
grands centres religieux vaudou des Gonaïves: les lakou
Souvenance, Soukri et Badjo.
Beaucoup d’observateurs se demandent quel était réellement
l’objectif de cette visite ? Le président était-il venu pour
faire un «travail» c’est à dire offrir des sacrifices espérant
ainsi enraciner son pouvoir ou cherchait-il pour autant à
tromper les vodouisants en leur faisant croire qu’il serait de
leur côté ?
Cependant, comme tout dictateur, à l’instar d’un Papa Doc et de
son fils Baby Doc, pour ne citer que ceux-là, Martelly, cet
apprenti sorcier voyant que son régime est véritablement menacé,
a sans nulle doute voulu recourir à ce qu’il croit être un
quelconque pouvoir mystérieux de la religion vaudou pour essayer
de sauvegarder le pouvoir que la Communauté internationale lui
avait illégalement donné. Mais, ce genre de comportement n’est
qu’un autre moyen pour avilir beaucoup plus la religion vaudou.
Ainsi pour
cacher les raisons réelles qui l’ont emmené à Gonaïves, Martelly
a pris comme prétexte qu’il était venu tenir ses promesses
électorales : « Je vous ai dit que je viendrais vous visiter si
j’étais élu président », aurait-il déclaré aux vaudouisants.
A
Lakou Souvenance, le président a été accueilli par le serviteur
connu sous le nom de Fernand Bien Aimé, un prêtre du vodou qui
lui a ouvert le peristil, tendu une bougie allumée, un
gobelet blanc au brillant d’émail, rempli d’eau, et lui a
entouré le cou d’un foulard à masques de différentes couleurs
(crème avec des boules de couleur marron)
Le
président a fait ses «demandes» personnelles et en a profité
également pour jeter quelques gouttes d’eau sur le sol, en signe
de «demande». Il a eu des mots de remerciement et a offert des
sacrifices aux esprits mystérieux vaudouistes, qui d’après lui,
l’ont beaucoup aidé en lui faisant gagner les élections
présidentielles (sic).
«
Je ne resterai jamais loin de vous » a-t-il dit, dansant au son
des tambours. On dirait même qu’il a pu faire croire qu’il était
«possédé» par des loas.
Pour amadouer la population, des kits humanitaires Ede Pèp
avaient été distribués ; Martelly a promis des travaux
sanitaires, et même, dans les jours à venir, une école de
tambour (sic) pour chaque lakou. « Le vaudou est une
religion comme toutes les autres religions, malheureusement il
est négligé. J’apporterai tous mes accompagnements à ce secteur
», a eu à déclarer Martelly
Le
houngan (prêtre vaudou), M. Fernand Bien Aimé dans ses
demandes et ses supplications a sollicité des esprits ou des
loas d’accorder leur support au règne du président Martelly,
plus précisément de lui permettre d’arriver au terme de son
mandat présidentiel de 5 ans.
Mme Marie Carme Delva et un autre serviteur, Dorsainvil, ont
parlé au nom de lakou Soukri et Badio pour dire des mots
de remerciement à l’occasion de cette visite officielle qui
selon eux, est un geste important de reconnaissance pour les
cercles vaudou.
Rappelons que durant la compagne électorale, plusieurs cercles
religieux, plus précisément du secteur protestant ( Shalom
Tabernacle de gloire ), s’étaient solidarisés avec Martelly,
priant pour qu’il gagne les élections présidentielles. D’autres,
par leurs «révélations» avaient ouvertement déclaré que Martelly
est un envoyé de Dieu. Ne sont- ils pas, en un sens,
responsables de l’arrogance, des comportements immoraux
incontrôlables et de toutes les dérives du président qui ont mis
le pays dans l’état pitoyable où il est actuellement.
Cependant malgré tout ce qu’a fait le ministre de la Culture,
Mario Dupuy, pour conserver son poste, il l’a quand même perdu
et les loas n’ont pu l’empêcher d’être humilié par Martelly
lui-même. Le même sort arrivera à ce dernier, car ni le pouvoir
du Pape, ni celui des églises protestantes et des loas
n’empêcheront les forces populaires d’emporter et de jeter dans
les poubelles de l’histoire ce mystificateur qui pille les
maigres trésors de l’Etat, salit l’honneur de la nation et livre
le pays aux appétits des puissances étrangères.
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