Par Yves Pierre-Louis
L’épidémie mortelle de Choléra introduite en
Haïti depuis plus de 2 ans par les forces d’occupation de
l’Organisation des Nations Unies (ONU), la MINUSTAH, a rebondi
en force dans plusieurs régions du pays à la fin de l’année 2012
et au début de l’année 2013 pour continuer à faire des victimes.
A Saint-Marc, au bas du département de l’Artibonite, on a
enregistré 206 cas au cours du mois de décembre, alors qu’au
début du mois de janvier 280 cas ont été rapportés. Ces chiffres
démontrent que la tendance est à la hausse dans la zone où l’on
avait découvert les premiers cas de Choléra en Octobre 2010.
Dans les autres départements du pays, particulièrement le Sud,
le Sud ’Est, le Plateau Central, les Nippes, le Nord, le choléra
ne cesse de tuer des Haïtiens.
A Saint-Marc, une vingtaine de cas ont été
enregistrés par jour dans le Centre de Traitement du Choléra (CTC).
Le médecin en charge du CTC, le docteur Marc-André Jeune a fait
savoir:
« La plupart des personnes infectées viennent des localités de
Goyavier et de Gilbert, situées à la 3e section
communale de Saint-Marc. Les habitants de ces localités
utilisent des mares d’eau pour s’alimenter. »
Pour une meilleure prise en charge des victimes du
Choléra, les responsables de la santé publique se sont vus
obligés d’augmenter le personnel médical de l’hôpital
Saint-Nicolas de Saint-Marc : « Nous disposons de trois (3)
salles d’hospitalisation. Notre équipe qui était de six (6)
compte aujourd’hui 22 professionnels, dont trois (3) médecins,
trois (3) infirmières et neuf auxiliaires », a indiqué le Dr.
Jeune. Selon les chiffres officiels, le Choléra-MINUSTAH a tué
en deux (2) ans 7,750 Haïtiens et en a infecté plus de 620.000.
De l’autre côté de la frontière, en République Dominicaine, le
Choléra a tué plus de 420 personnes.
Dans le cadre de la coopération cubaine en Haïti, la
Brigade médicale cubaine a participé activement dans le
traitement des personnes infectées. Le coordonnateur de ladite
brigade, le Dr. Norberto Ramos dans son bilan de l’année 2012 a
fait savoir qu’au cours de cette année, les médecins cubains
éparpillés dans les coins les plus reculés du pays ont traité
plus de 324 cas de Choléra. D’autres activités ont été
organisées par les médecins pour lutter contre la propagation de
l’épidémie du Choléra dans le pays.
Depuis sa découverte dans le département de
l’Artibonite, au Nord d’Haïti, l’épidémie de Choléra a non
seulement un effet très négatif sur la vie du peuple haïtien,
mais également sur l’économie haïtienne. Les Etats-Unis et le
Canada exhortent leurs visiteurs à éviter la terre d’Haïti comme
destination touristique et appellent leurs ressortissants à la
plus grande vigilance de ce qu’ils consomment et des endroits
qu’ils fréquentent pour ne pas être contaminés par le Choléra.
Le Canada va plus loin et reste très ferme sur sa décision,
puisque l’agence canadienne de la santé publique recommande, dès
le début de l’année 2013 aux voyageurs à destination d’Haïti de
faire attention à ce qu’ils boivent et mangent. Selon l’agence,
le Canada a fait ces nouvelles recommandations en raison, du
fait que l’épidémie du choléra continue de faire rage dans ce
pays.
Après la découverte de cette maladie qui est devenue
endémique, de nombreuses études des experts français et
étasuniens avaient prouvé noir sur blanc que l’épidémie de
Choléra a été introduite en Haïti par les casques bleus des
Nations Unis ; mais jusqu’à présent, l’ONU refuse de le
reconnaître pour assumer ses responsabilités. En novembre 2011,
le Bureau des Avocats Internationaux (BAI) a formellement déposé
une plainte pour 5 mille victimes par devant les instances de
l’ONU tant en Haïti qu’à New-York, mais aucune suite n’y a
encore été donnée. Des voix s’élèvent tant de l’intérieur qu’à
l’extérieur du pays pour forcer l’ONU à prendre ses
responsabilités et laisser la terre de Dessalines, mais les
troupes de l’ONU continuent de semer le deuil dans les familles
haïtiennes tout en protégeant les intérêts des grandes
puissances impérialistes, leurs multinationales et de piller les
ressources du pays.
Dans cette perspective, le secrétaire général des
Nations Unies, Ban Ki-Moon a fait savoir que l’organisation
qu’il dirige est à la recherche 2.2 milliards de dollars pour
tenter de trouver une solution à ce problème. Selon lui 70 % de
ce montant devraient financer l’amélioration des infrastructures
sanitaires, la fourniture en eau potable et la vaccination par
de nouvelles méthodes orales. Toutefois comme on l’a toujours
constaté l’agent débloqué au nom d’Haïti une fois arrivé au
pays, tout le monde en profite sauf le peuple haïtien. Et déjà,
il a nommé le 28 décembre dernier, l’étasunien Paul Farmer,
conseiller spécial chargé de coordonner les activités des
différents acteurs internationaux relatives à l'épidémie de
Choléra.
Malgré tous les dégâts en termes de pertes en vie
humaine et les préjudices causés à l’économie, le gouvernement
haïtien refuse toujours de responsabiliser l’ONU dans la
propagation de cette maladie et d’exiger le dédommagement des
victimes. De toute façon la mobilisation du côté du peuple
haïtien doit continuer pour forcer l’ONU à apporter réparation
aux victimes du Choléra et à quitter le pays. |