Durant son
émission « Ranmase » du samedi 27 août, l’animateur Jean Monard
annonçait l’intervention du sieur Guy Philippe sur les ondes de
Radio Caraïbes pour le lundi 30 août. La réception des propos
tenus par Philippe était très mauvaise, du moins en diaspora. Ce
qui est certain, c’est que l’ancien «rebelle» atteint en quelque
sorte de diarrhée verbale n’avait pas facilité la tâche au
journaliste qui n’a pas pu poser toutes les questions qu’il
aurait voulu poser. A un moment, Jean Monard n’a pas pu
s’empêcher de lâcher :«pa fè m sa Guy», reflet d’une
insatisfaction certaine. Quand Monard a demandé à Philippe de
citer certains noms, notre «rebelle» «dessalinien» s’est soudain
métamorphosé en une carpe. En fait Monard a dû écourter
l’interview qui l’avait laissé «sur [ma] faim».
Dans l’intervalle, le journal a pris
connaissance de deux sources d’information relatives à ce «dessalinien»
sans peur : un texte de Roberson Alphonse paru dans le
Nouvelliste «Guy Philippe dans le collimateur de la DEA»
et une interview accordée à Radio Scoop Haiti (Mardi, 30 Août
2011 13:30), à l’Emission très prisée Haïti-débat animée par
l’influent journaliste Garry Pierre-Paul Charles. La
transcription de l’interview à laquelle ont participé d’autres
journalistes est précédée d’une sorte de résumé de cette même
interview. Le moins que l’on puisse se demander, c’est quel feu
au cul a pu faire sortir l’animal de sa carapace pestélienne.
Est-ce l’article du Miami Herald Guy Philippe, en
date du jeudi 25 août 2011 ? Article rapportant que la «tortue»
«rebelle» en cavale malgré les tentatives pour l'appréhender,
sera arrêtée tôt ou tard, a déclaré Mark Trouville, un agent
spécial de la DEA. Guy Philippe, selon ce responsable de la DEA,
fait partie d'une douzaine d'Haïtiens accusés d'avoir expédié de
la cocaïne colombienne vers le sud de la Floride au milieu de
l'année 2000. Joint au téléphone par le journal Le Nouvelliste
en milieu de journée, Guy Philippe n'a pas souhaité faire de
commentaires. Pourtant, le bonhomme était animé du «
souci de faire jaillir la vérité ».
Rappelons que par le passé Philippe a maintes fois prétendu que
la DEA a été transformée en un instrument politique pour le
nuire. Vérité de tortue ou mensonge de reptile traqué ? Seule le
sait la DEA et sans doute aussi «la classe politique
traditionnelle, l’ambassade américaine en Haïti et le Groupe des
184 [qui avaient] décidé de partir avec Jean Bertrand Aristide
avant le débarquement des insurgés», justement des «membres
du secteur privé des affaires qui supportent le mouvement ont
débloqué l’importante somme de 600 mille dollars américains pour
l’approvisionnement d’armes et de munitions». Bavarde
tortue ! Tòti pa gen lang, mwen pa konnen kouman l fè pale.
Pour être juste, disons que Philippe a eu le tortuesque courage
de ne pas affirmer qu’Aristide avait «signé sa démission», la
version macouto-ambassado-GNBiste bien connue.
D’homicidantes et fracassantes déclarations ont été
faites par Philippe à savoir «que
son assassinat [du pasteur Leroy]
a été commandité par l’ex-président René Préval alors que
Mireille Durocher Bertin aurait été liquidée par Jean Bertrand.
Aristide. Il dit aussi connaitre comme bon nombre de personnes
les auteurs des assassinats du pasteur Leroy et du sénateur Yvon
Toussaint.». Assurément une grosse morsure médiatique par
Philippe. Tòti pa gen dan, m pa konnen ki jan l fè mòde.
Des auteurs de ces assassinats, la «tortue» ne dit mot. Sans
doute leurs noms doivent se cacher sous sa carapace ou sous
celle de «la classe politique traditionnelle, l’ambassade
américaine en Haïti et le Groupe des 184». En passant, de
quoi a-t-il peur l’animal si «mwen se pitit Desalin, mwen pa
rete ak blan».
Il n’y a pas que les noms sus-cités à être caché
sous le blindage du carapaceux. Il y a aussi «Yvon
Toussaint, [à l’époque ce parti détenait la majorité au
parlement et la présence de ce sénateur était très importante
pour maintenir cette majorité fragile],… les journalistes Jean
Leopold Dominique et Brignol Lindor, sans oublier d’autres
citoyens, des étudiants, professeurs battus et molestés».
Depuis tout ce temps que X a zigouillé Jean Dominique et son
chauffeur, et que l’enquête se «poursuive», Philippe gagnerait
en crédibilité à mettre la femme de Dominique sur la bonne piste
de ce X ou de ces X, les auteurs de ces assassinats en fait.
Mais les tortues n’avancent pas vite, et ne parlent pas trop
vite non plus. Elles ont peur d’avoir au cul le tison de feu de
la DEA ou du…laboratoire. De toute façon, se menm yo menm yo.
On est bien heureux d’apprendre que «La
première invasion militaire réalisée le 28 juillet 2000 à
l’académie de police à Frères, menée par quelques ex-militaires
rentrés directement de la République dominicaine dirigés par le
Sergent Ravix avait été commandé [commandité ?]
par Paul Denis qui tel un lièvre (transfuge) «a aussitôt
rejeté catégoriquement cette information qu’il qualifie de
fausse, dans une intervention à cette même émission»…Guy
Philippe se yon fieffé menteur pou n site Paul Denis»
(Scoop).
Entre menteurs, salisseurs et fèzè, on s’y perd parfois….
«Le
17 décembre une première attaque militaire orchestrée par Guy
Philippe a été effectuée sur Palais national» (texte de
Radio Scoop).Tiens, les GNBistes, ces dyòlalèlè
précurseurs du 29 février 2004 avaient toujours raconté que
c’était un «montage» du régime d’Aristide. En Equateur on avait
dû sûrement apprendre à Guy Philippe l’art de démonter un
«montage» surtout que maintenant il a le feu de la DEA au cul.
On finira aussi par savoir un jour qui était l’auteur
intellectuel de l’Opération Bagdad ; qui tuait qui pour
terroriser la population et sans doute aux fins de diaboliser un
parti politique. Peut-être que Paul Denis doit aussi avoir une
carapace, à moins de faire appel aux mânes de Saddam Hussein.
Mais le meilleur scoop sur Radio Scoop a été
l’imperturbable audace de Philippe à déclarer :« gwoup 184 di
nèg yo te pè m, yo pa t kontwole m, yo pa t konnen si m te vini
si mwen pa t ap vin fè yon mouvman sosyalis radikal, e tounen
yon tip de Thomas Sankara an Amerik». Heureusement que le
laboratoire a eu peur (à temps) de Philippe, autrement il aurait
pu être sankarisé par un «frère d’armes», Chamblain par exemple,
quoique ce denier n’ait pas tout à fait la formation,
l’intellect de Blaise Compaoré.
Finalement, «Guy Philippe… estime avoir été
trahi par la classe politique traditionnelle et les hommes
d’affaires impliqués dans le mouvement». Alors là, Philippe
a manqué de courage dessalinien. Car Sankara lui aurait dit – et
Philippe le sait – que les bourgeois s’étaient servis du nigaud
macouto-féodal qu’il est pour qu’aujourd’hui plastronnent les
Sweet Micky, les Rouzier, Bernard
Gousse et autres ouistitis de la most repugnant elite
tapie dans la bourgeoisie. Se bon pou egare anba ban an.
Philippe le frekan aura appris sa leçon,
il aura appris à quelle gamelle aller goinfrer, en compagnie de
quels pourceaux. Rappelons-lui ce croustillant proverbe
haïtien : nan batèm frize nèg
manje kaka chwal. Que Philippe aille
son train de tortue, car dans les écuries de la DEA, chaje ak
kaka chwal.
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