Le vendredi 17 février 2012, il
était environ 3 heures de l’après-midi,
lorsque Michel Joseph Martelly
à la tête d’un groupe d’individus
casseurs a essayé de pénétrer à
l’intérieur de la Faculté d’Ethnologie
qui se trouve à la rue Magloire Ambroise,
au Champ-de-Mars. Accompagné
de sa femme, Sophia Martelly,
sans aucune forme d’invitation, il
voulait assister à un Colloque international
se déroulant sur le thème :
« L’Ethnologie et la construction de
la Nation politique, du peuple, du citoyen
en Haïti », animé par des professeurs
étrangers et haïtiens. Bloqué par des étudiants, l’ancien
chanteur d’un groupe Compas,
surnommé « Sweet Micky » a tenté
de force d’y entrer. Ses partisans-casseurs
prétendaient que les étudiants
auraient touché à coup de pierres le
cortège du président « Tèt Kale ». Ils
ont pénétré par effraction à l’intérieur
de la Faculté Ethnologie et le
Bureau National d’Ethnologie où ils
ont commis des actes de vandalisme
très graves. Des ordinateurs, des imprimantes,
des téléphones portables,
des ventilateurs et d’autres matériels
de bureau ont été emportés par les
bandits de Martelly. Les pare-brise
des véhicules stationnés sur la cour
de l’établissement universitaire ont
été endommagés. Des matériels de
bureau renversés par terre, le bilan
est très lourd. Les agents de sécurité
de Martelly sont intervenus de force
en tirant en l’air des coups de feu et
de bombonnes de gaz lacrymogène
en direction de la Faculté. Des étudiants
se sont évanouis, d’autres ont
été blessés, quatre autres ont été interpellés
par la Police puis relâchés dans la
soirée. Alors qu’aucun des casseurs
n’a été arrêté en dépit de l’intervention
du Commissaire du gouvernement
de Port-au-Prince, Jean Renel
Sénatus.
Les dégâts matériels sont
considérables, des impacts de balles
restaient encore très visibles sur les
persiennes de la Facultés. La clôture
du Bureau National d’Ethnologie
qui se trouve en face de la barrière
Nord du palais national, partageant
la cour de la Faculté a été également
détruite. Les participants au colloque
et les étudiants se trouvant à la Faculté
n’ont eu la vie sauve que grâce
à l’intervention de la Croix-Rouge
et d’autres représentants du corps
diplomatique.
Selon les étudiants de l’entité
universitaire publique, l’incident a
été provoqué par le président Martelly
qui a voulu pénétrer l’enceinte de
la Faculté avec des hommes armés
en civil, alors que se tenait encore
un colloque international dans l’établissement.
« L’espace universitaire étant inviolable, nous avions décidé qu’ils
n’entreraient pas. Des hommes armés en civil et des policiers
ont tiré des coups de feu, frappé des étudiants, cassé des
vitres de voitures tandis que des portes du bâtiment ont été
défoncées, » confirment les
étudiants témoins des actes de vandalisme
des bandes de Martelly.
Le Bureau de Communication
du palais national s’est empressé
d’émettre un communiqué pour
essayer de détourner l’attention de
la population sur ce qui s’est passé
réellement à la Faculté Ethnologie
ce jour-là. Il dénonce une certaine
agression contre le cortège présidentiel
« des fauteurs de trouble
réfugiés dans l’enceinte de la Faculté
d’Ethnologie, ont agressé le cortège
du président de la République qui
parcourait l’aire du champ-de-Mars
à pied accompagné des bandes carnavalesques
», a prétendu le Bureau.
C’était bizarre, selon des témoins
les fauteurs de trouble se trouvaient
dans les rangs des bandits légaux de Martelly. Ce sont eux qui ont pénétré
par effraction l’enceinte des locaux
de la Faculté d’Ethnologie pour voler,
piller, briser tout ce qui s’y trouvait.
Le communiqué a parlé de
bandes carnavalesques alors que
le président Martelly, lui-même a
interdit formellement le défilé carnavalesque
dans les rues de Port-au-Prince. Il a parlé également d’agression
contre le cortège présidentiel,
qui oserait attaquer le cortège présidentiel
à un pas du palais national ?
Communiqué mensonger.
En fait, le président Martelly
était à la tête d’une manifestation
réunissant quelques centaines de
personnes, partie des hauteurs de
Pétion-ville pour se rendre en ville,
essayant ainsi de faire croire à tous
ceux qui en lui veulent qu’il est «
populaire ». La question de la double
nationalité semble atteindre le président
Martelly au plus profond de son
coeur. Le comportement du président
Martelly ces derniers jours, laisse à
désirer, qu’il s’agisse des réponses
choquantes données à des journalistes,
de l’intervention inappropriée
à la résidence privée du Premier ministre
ou de l’intervention brutale et
sauvage à la Faculté d’Ethnologie. Le recteur contesté de l’Université
d’Etat d’Haïti (UEH), Jean
Henry Vernet a condamné ce qui
s’est passé vendredi 17 février à la
Faculté d’Ethnologie en ces termes
: « C’est un incident qui est vraiment
malheureux, un incident sans
nom. Je suis très gêné d’une chose
comme ça, parce que j’ai été obligé
à un certain moment de faire appel
à la Croix-Rouge pour évacuer les
personnes en danger. Je pense que
l’incident qui s’est produit n’est pas
normal, c’est une mauvaise façon
de faire qui est à la base de toute la
casse qui a été faite. Des gens malintentionnés
envahissent l’enceinte de
la faculté et cassent tout ce qui s’y
trouve. Déjà que nous n’avons pas
assez de moyen et que nous constatons
des pertes de ce genre, je suis
vraiment consterné par ce qui s’est
passé là-bas. »
Certains observateurs
constatent depuis bien des temps
que le président Michel Martelly ne
se gêne pas de commettre n’importe
quel désordre. Et d’ailleurs il disait
haut et fort : « Depi se prezidan an k
ap fè dezòd, dezòd la legal ». Alors le
président Martelly peut se permettre
d’entrer à la Faculté d’Ethnologie
comme bon lui semble à la tête d’un
groupe de casseurs. Quelle image a-t-il envoyé à l’étranger quand il sait
très bien qu’il y avait un colloque
international animé par des professeurs
venus de plusieurs continents
?
Ces nouveaux incidents douloureux
interviennent à un moment
où le gouvernement prétend ouvrir le
pays aux investissements étrangers,
alors le président par son comportement
désagréable envoie un autre
message aux investisseurs, en dépit
de toutes les difficultés auxquelles
on fait face. De plus, le pays traverse
une grave crise de gouvernance, née
de la nouvelle relative à la nationalité
étrangère des hauts dignitaires de
l’Etat, interdite par la constitution
haïtienne. Cette situation a également
débouché sur de graves divergences
entre les deux branches du pouvoir
exécutif et entre le pouvoir législatif
et le pouvoir exécutif.
Maintenant, c’est le secteur
universitaire qui fait l’objet d’attaques
sévères de la part du président Martelly en personne. La
grande question qu’on se pose est :
où va-t-il conduire le pays? |