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Haiti-Liberte

Haiti Liberte: Hebdomadaire Haitien / Haitian weekly news
 

Edition Electronique

Vol. 8, No. 28
Du  Jan  21  au  Jan 27. 2015

Electronic Edition

Kòrdinasyon Desalin: Conférence de presse

 

 
 

Arrestation d’Arnel Bélizaire:
Martelly « plonge dans la dictature »

Par Yves Pierre-Louis

...

Après cinq mois passés à la tête du pays sans un gouvernement légalement établi, le président de la République, Michel Joseph Martelly, est arrivé, quand bien même, à doter le pays d’un nouveau gouvernement composé d’un Premier ministre, de 18 ministres, et de 19 secrétaires d’Etat.

Mais, à peine installé dans ses fonctions, ce gouvernement, dirigé par le Premier ministre Garry Conille, s’enfonce dans un dilemme avec l’arrestation arbitraire et illégale du député de la circonscription Delmas/Tabarre, Arnel Bélizaire, sur l’ordre formel du président Martelly, le jeudi 27 Octobre 2011, à l’aéroport international Toussaint Louverture de Port-au-Prince.

...Pour accomplir cette sale tâche, Martelly et Conille ont utilisé le bon vouloir du commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Félix Léger, les agents de la Police Nationale d’Haïti, et les soldats des forces d’occupation de l’ONU, la MINUSTAH.

En effet, le jeudi 27 Octobre, dans l’après-midi, le député Arnel Bélizaire revenait d’un voyage officiel en France pour le Parlement muni d’un passeport diplomatique.  À sa descente de l’avion, des agents de la PNH ont procédé à son arrestation et l’ont conduit au Pénitencier national, où il a passé une nuit. Le président Martelly a reproché au député d’être un évadé de prison, suite à une dispute qui avait tourné au vinaigre, et qui a provoqué un lourd échange de vulgarités Voirci-après la lettre du député Belizaire au président de la chambre basse pour lui raconter les incidents survenus, au Palais National le 12 Octobre dernier. Le président Martelly, qui a toujours la nostalgie du temps de l’arbitraire duvaliériste, avait promis de mettre la main au collet du député Bélizaire, de gré ou de force.

Ce jeudi à l’aéroport de Port-au-Prince, toutes les dispositions avaient été prises pour procéder à l’arrestation du député. L’accès au salon diplomatique de l’aéroport avait été interdit à une délégation parlementaire, présidée par le président de la Chambre des députés, Sorel Jacinthe. « Nous avons affaire à un chef suprême qui plonge dans la dictature et qui a aujourd’hui dans le pays de qui s’inspirer, » a dit M. Jacinthe. « Nous allons voir Arnel pour lui dire qu’on est pour la démocratie, pour la séparation des pouvoirs, pour le respect de la constitution. »

M. Jacinthe a de plus ajouté qu’il craignait un retour au statu quo ante parce que l’ex-dictateur Jean Claude Duvalier, estime-t-il, est le modèle politique préféré de l’actuel président haïtien, qui affiche le plus grand mépris pour la liberté de la presse et le pouvoir législatif.

L’ex-président de la Chambre des députés, Lévaillant Louis-Jeune, quant à lui, a fait savoir que le  pays a vécu ce jeudi le jour « j » d’une nouvelle dictature. Il a promis également dès la rentrée parlementaire de janvier 2012, une proposition de mise en accusation du président de la République, conformément a la constitution haïtienne de 1987 en vigueur, qui en son article 186, stipule. « La Chambre des députés, à la majorité des deux tiers (2/3) de ses membres prononce la mise en accusation : a) du président de la République pour crime de haute trahison ou tous autres crimes ou délits commis dans l’exercice de ses fonctions. »

Et alors l’arrestation arbitraire du député Arnel Bélizaire en flagrante violation de l’article 115 de la Constitution, n’est-ce pas là une infraction commise par le président Martelly « dans l’exercice de ses fonctions » ? L’article 115 de la Constitution stipule : « Nul membre du Corps législatif ne peut, durant son  mandat, être arrêté en matière criminelle, correctionnelle ou de police pour délit de droit commun, si ce n’est qu’avec l’autorisation de la Chambre à laquelle il appartient, sauf le cas de flagrant délit pour faits emportant une peine afflictive  et infamante. Il en est alors référé à la Chambre des députés ou au Sénat sans délais, si le Corps législatif est en session, dans le cas contraire, à l’ouverture de la prochaine session ordinaire ou extraordinaire. »

Le commissaire du gouvernement de Martelly, Félix Léger a même osé enlever le titre du député après sa séquestration : « La justice n’est pas en affaire avec un député, » a-t-il dit. « La justice est en affaire avec un citoyen », pour ne pas dire un « bandit » comme disait le porte-parole de la Police nationale d’Haïti, Gary Desrosiers, pour les huit militants de MOLEGHAF, arrêtés devant les locaux du ministère des Affaires sociales, le mardi 25 Octobre dernier. « Il y a un citoyen qui a des démêlés avec la justice, la justice a fait son travail, c’est ça qui est important, » a déclaré M. Léger, qui semble (comme le député Jacinthe a noté la semaine dernière) ignorer le contenu de la Constitution.

Mais, peu troublé par ces détails, M. Léger a poursuivi: « L’ordre formel de la justice, » – il aurait dû dire du président Martelly –  « était de le conduire là, je n’ai pas à l’entendre, parce que l’ordre ne dit pas de le conduire au Parquet de Port-au-Prince, l’ordre  est de le rechercher et de le déposer au Pénitencier national. Il est certain que la Police a fait son boulot, et la justice apprécie le travail de la Police, » a-t-il félicité.

Tandis que les députés ne pouvaient pas pénétrer à l’intérieur de l’aéroport, le ministre de l’Intérieur, Thierry Mayard-Paul, y pénétrait  avec ses gardes du corps lourdement armés, le même jour. Interdits de circuler avec des armes par les agents de sécurité, Thierry ainsi que ses bourreaux ont agressé physiquement les agents de sécurité de l’aéroport. Le badge de l’agent de sécurité Fritz Dorcé a été confisqué, ce qui a provoqué un arrêt de travail le vendredi 28 Octobre à l’aéroport international Toussaint Louverture.

Le lendemain de son arrestation, le député Arnel Bélizaire était conduit à la Chambre des députés où il a été reçu par des centaines de ses partisans et collègues. Séance tenante, les députés ont majoritairement voté une résolution demandant la démission immédiate de quatre membres du gouvernement Martelly-Conille qui sont : le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Josué Pierre-Louis ; le ministre de l’Intérieur, Thierry Mayard Paul ; le secrétaire d’Etat à la présidence aux Affaires Etrangères, Michel Brunache, et le commissaire du gouvernement a.i. près le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, Félix Léger. Dans la mesure où ils n’auront pas obtempéré à cette injonction, ils seront interpellés dès la rentrée de la première session parlementaire en janvier 2012.

Au niveau du Sénat de la République, 16 sénateurs ont signé une proposition d’interpellation contre le ministre de la justice, Josué Pierre-Louis, et le secrétaire d’Etat, Michel Brunache, pour le jeudi 3 Novembre.

Le Premier ministre Garry Conille et son ministre de l’Intérieur, Thierry Mayard-Paul, sont attendus au Sénat le lundi 7 Novembre. Ils sont invités pour aller s’expliquer sur le projet de gouvernement de rétablir les Forces Armées d’Haïti.

Ils ont également mis sur pied une commission sénatoriale devant enquêter sur la nationalité des membres de ce gouvernement. Tout est fin prêt pour «couper la tête» de quelques ministres chers à Martelly.

Le président qui a quitté le pays le jeudi 27 Octobre dernier pour un voyage de santé aux Etats-Unis, selon un communiqué du Bureau de communication du Palais National, devrait retourner au pays le dimanche 6 novembre. Face à cette situation confuse, parait-il, il semble être obligé prématurément  à mettre fin à son séjour, pour retourner le mercredi 2 novembre.

Le gouvernement est menacé de connaître une grave crise politique dont personne ne connaît l’issue. Alors au niveau du Palais National, des démarches ont été entreprises auprès de certains responsables d’organisations pour accueillir le président à l’aéroport, faisant semblant que Martelly est populaire. Donc le peuple haïtien aura à vivre un autre scénario à l’aéroport Toussaint Louverture.

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Monsieur Sorel JACINTHE
Président de la chambre des Députés
En ses bureaux

 Monsieur le Président,

 J’ai l’honneur de vous présenter mes compliments et m’empresse de vous faire part de l’incident survenu au Palais National tout de suite après la rencontre avec le Premier Ministre Gary CONILLE et les députés du groupe 58 à l’hôtel « Le Plaza », le mercredi 12 octobre en cours.

 Les Députés du groupe 58 avaient demandé de respecter le minimum exigé à savoir les cinquante (50) millions de gourdes pour les cartels communaux et la nomination des Vice-délégués. Le Premier Ministre a dit qu’il étudiera avec son staff financier les possibilités y relatives, avec la garantie de le faire en accord avec les Députés.

 Comme les deux (2) autres points ressortent à la compétence du Président, avec qui le député Abel Descollines avait déjà planifié une rencontre, une fois l’entretien avec le Premier Ministre terminé, on s’est rendu au Palais national. Arrivé audit lieu, la rencontre commençait avec le président de la République. Le Député Fritz CHERY a brièvement rappelé le but de la rencontre. Après son intervention, le président de la République a réagi. Le député Fritz Chéry a demandé au député Virkens Derilus d’intervenir pour exposer en détail les grands points de la rencontre, travail qui a été confié préalablement au député Bourjolly. Etant donné que ce dernier n’a pas bien rempli son rôle, le député Vickens a pu réagir pour éclaircir certains points pour le Président de la République en disant que monsieur le président, pour que le groupe 58 puisse ratifier la déclaration de politique générale du Premier Ministre, il faut que le décaissement des 50 millions de gourdes alloués à chaque commune, la nomination des Vices-délégués et les Cartels communaux soient respectés. Le président a répondu : « Ki kaka sa, nou konnen mwen menm, mwen pa gen moun ki ka enpoze m’anyen, mwen gen yon gwo zozo nan boudam ki two lou pou mwen nou pa ka fè’m anyen e pa gen anyen map pèdi, nou menm si nou vle fè yon bagay avèm’m, n ap dim " Prezidan men sa nou ta renmen epi map gade sa map ka fè" »

A ce moment là, j’ai eu à intervenir pour déclarer au président que je ne suis pas d’accord. Il m’a répondu : « ki mele bouda m’ou bliye yon le mwen te avè w nan la sware nou tape ede moun, et le lendemain ou moute sou radyo se fann ou fann mwen ; men mwen pat tande ou non se moun ki di m sa ». Je lui ai répondu « Monsieur le Président, sa yo di ou la se vre wi, se fann mwen fann ou nan radyo, surtout ou konen mwen pa renmen ou déjà ». Après cet instant, le Président a perdu son contrôle en m’injuriant et proférant à mon endroit des menaces (tout sot jouman ki genyen) à un point tel qu’il a osé me dire : « kom mwen tande ou gen grenn pwouve’m sa la, mwen fè ou pa soti vivan nan palè a »

Monsieur le Président, j’ai tellement lutté pour la démocratie dans ce pays, qu’aujourd’hui je me retrouve face à une dictature des plus féroces. Face à la réaction du président de la République hier soir, j’en déduis qu’il ne va pas accepter l’opposition et qu’il serait prêt à tout faire pour éliminer les obstacles sur son chemin.

Monsieur le Président, la situation bat son plein. Si un président de la République arrive à traiter un parlementaire de la sorte et qui pis est, en présence de plus de 50 autres

Parlementaires. Cela explique clairement, si le peuple ne m’avait pas doté d’un brin de pouvoir, je serais le premier messager que le président aurait renvoyé.

Etant dûment mandaté par le peuple pour contrôler l’exécutif, je demanderais à mes collègues, quoi qu’il arrive, de rester unis afin de continuer le travail qui nous a été dignement confié, car l’avenir de notre cher pays parait sombre. Puissent mes collègues tirer de cette situation la conclusion qui s’impose afin de maintenir l’indépendance et l’autorité du parlement, co-dépositaire de la souveraineté nationale.

Je vous renouvelle, Monsieur le Président, l’expression de mes patriotiques salutations.

 Arnel BELIZAIRE
Député de la 6eme circonscription
Delmas Tabarre

C.C. Jean Roldolphe Joazile
Président du Sénat de la République

 
 
Vol. 5, No. 16 • Du 2 au 8 Novembre 2011
 

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