
Le 19 Octobre 2011 ramenait le premier
anniversaire de l’importation d’une épidémie de Choléra
génocidaire par les casques bleus de l’ONU, débarqués dans le
pays depuis Juin 2004. En cette occasion, diverses activités ont
été réalisées pour marquer cette date hantise, indélébile dans
l’histoire de l’occupation d’Haïti par les forces étrangères.
Des notes de protestations, des rencontres avec les médias, des
manifestations ont été organisées pour continuer de dénoncer
l’introduction du Choléra en Haïti par les soldats des Nations
Unies, exiger justice, réparation et le départ sans condition de
tous les soldats de l’ONU qui salissent le territoire national.
En effet, une
année seulement après l’importation du Choléra en Haïti, selon
Médecins sans Frontières (MSF) 75 à 80% des cas de Choléra
recensés dans le monde au cours de l’année 2011, sont
enregistrés en Haïti. Haïti est actuellement le numéro un (1)
mondial en ce qui a trait à la maladie de Choléra, qui est en
voie de devenir la maladie infectieuse la plus mortelle du pays
avec 6569 décès et plus de 450 mille infectés, totalisant 5% de
la population la plus appauvrie de l’Amérique. Cet acte odieux
des soldats de la Minustah, selon plus d’un constitue un
génocide qui mérite d’être réparé à n’importe quel moment.
Dans cette
perspective, le mardi 19 Octobre 2011, des centaines de personne
étaient descendues dans les rues Port-au-Prince et de la Petite-Rivière de l’Artibonite pour réclamer dédommagement pour
les victimes et le départ de cette force criminelle de l’ONU
d’Haïti. A Port-au-Prince, à l’appel du Collectif de
Mobilisation pour le Dédommagement des Victimes du Choléra, des
centaines de manifestants partant du Fort-National, dans le
quartier populaire où se trouve une base du contingent
brésilien, ont parcouru plusieurs rues de la capitale, en
passant par d’autres quartiers populaires tels : Saint-Martin,
Bel-Air, traversant le centre de la capitale avant de pénétrer
l’enceinte du cimetière de Port-au-Prince où les manifestants
ont symboliquement brûlé un cercueil représentant la Minustah-Choléra-Kadejakè.
Sur tout le parcours,
inlassablement, des gens accompagnaient ou applaudissaient les
manifestants portant des pancartes sur lesquelles s’inscrivaient
des slogans hostiles à la Minustah, à l’ONU, à Bill Clinton, aux
grandes puissances impérialistes. « La Minustah doit
nous rendre notre pays ; La Minustah doit partir. Nous ne
voulons pas de la Minustah. Les soldats de la Minustah nous
tuent, violent les jeunes Haïtiens, pillent les richesses du
pays. Nous les jeunes, avons l’habitude de mener des combats.
Pour nous, les fils de Jean-Jacques Dessalines, la Minustah
partira, elle nous rendra notre pays. Le renouvellement du
mandat de la Minustah ne signifie rien pour nous. Face à la
mobilisation populaire monstre toutes les décisions seront
cassées. Le conseil de Sécurité de l’ONU en tirera la
conséquence… » déclaraient les protestataires en colère. La
manifestation s’est déroulée sans aucun incident avec
l’accompagnement de la Police Nationale d’Haïti.
A Crête-à-Pierrot dans le département de l’Artibonite où l’on
avait enregistré les premiers cas de Choléra, des organisations
locales soutenues pas d’autres institutions telles : la PADPDA,
la SOFA, Tèt Kole Tipeyizan Ayisyen, Mouvman Inite Tipeyizan
Latibonit (MITPA), Réseau des Associations des Coopératives des
producteurs agricoles de Bas Artibonite (RACPABA) ont également
organisé une manifestation, le mercredi 19 Octobre 2011 pour
exiger des Nations Unies le dédommagement pour les victimes de
Choléra et le départ de la Minustah. Les funérailles symboliques
de la Minustah ont été chantées et un cercueil symbolisant
l’inhumation de la Minustah a été brûlé au cimetière de
Petite-Rivière de l’Artibonite.
Le professeur
Camille Charlmers, principal responsable de la Plate-forme de
Plaidoyer pour le Développement Alternatif (PAPDA) qui
participait à cette marche a déclaré : « On a suffisamment
d’arguments pour que la Minustah soit condamnée et obligée à
verser des dédommagements. Des démarches en vue de recueillir
des informations auprès des personnes déclarées être victimes du
Choléra sont en cours. Les données doivent aider à monter un
dossier dans le cadre de la mise sur pied de la partie civile,
lorsque l’affaire sera portée par devant la Commission
interaméricaine des droits humains. »
De plus, le
professeur Charlmers a fait savoir que le Choléra a un impact
négatif sur l’économie nationale. Le Choléra a occasionné une
réduction drastique de la production agricole dans le
département de l’Artibonite. Les planteurs avaient peur d’entrer
dans l’eau des rivières, surtout dans la région rizicole de ce
département pour ne pas attraper la maladie, la vente de
certains produits agricoles et de fruits a chuté, et que la
diaspora a limité ses voyages dans le pays pour éviter
d’attraper le Choléra. Les pertes économiques engendrées par le
Choléra pourraient être évaluées à des centaines de milliers de
dollars US, par surcroît des pertes en vie humaine qui dépassent
la quantité de victimes dans un pays comme Bangladesh qui a été
durement touché par le Choléra.
L’organisation
Non Gouvernementale (ONG) internationale des Médecins Sans
Frontières (MSF), très active dans la lutte contre le Choléra en
Haïti a indiqué lors d’une conférence-bilan, un an après la
propagation de la maladie, que l’épidémie n’est toujours pas
sous contrôle, que l’Etat haïtien ne fait pas preuve de
leadership dans la lutte contre le Choléra dans le pays et que
la situation reste toujours préoccupante.
Au niveau de la MSF en Haïti, plus de 45 millions de dollars US ont été utilisés
durant une année dans la lutte contre l’épidémie avec un
personnel d’environ 400 étrangers et 4000 Haïtiens répartis dans
différentes régions du pays et travaillant dans plusieurs
domaines.
Selon Paul Farmer, expert en Santé publique et envoyé spécial adjoint de
Bill Clinton dans la représentation des Nations Unies en Haïti,
l’épidémie de Choléra qui frappe Haïti est la pire que le monde
connaisse actuellement. De plus, il a fait remarquer qu’Haïti
est actuellement le numéro un mondial pour ce qui a trait au
choléra. La situation du pays est catastrophique car le Choléra
est en train d’y devenir endémique : « Il va être avec Haïti
pendant une longue période », a souligné Paul Farmer.
Dans la foulée,
le co-directeur du Centre pour la Recherche Economique et
Politique (CEPR), aux Etats-Unis, Mark Weisbrot reste convaincu
que les Nations Unies doivent fournir un dédommagement à Haïti
pour leur responsabilité dans l’introduction du choléra dans le
pays. Selon Mark Weisbrot, l’organisation des Nations Unies doit
faire des excuses au peuple haïtien pour avoir causé l’une des
épidémies les plus mortelles de son histoire. Des études
scientifiques ont lié la présence du Choléra en Haïti à une base
des casques bleus népalais appartenant à la Mission des Nations
Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH).
Lors d’une
conférence de presse le mercredi 19 Octobre, le Réseau
Frontalier Jeannot Succès (RFJS) a fait savoir que l’épidémie de
Choléra de la Minustah continue d’allonger la liste des
victimes dans les zones frontalières d’Haïti et la République
Dominicaine. De Janvier à Septembre 2011, dans la localité de Bokbanik, 333 personnes sont mortes sur 1784 infectées. A
Baptiste 121 personnes sont mortes sur 1846 infectées. A
Lascahobas 27 personnes sont mortes sur 1220 infectées entre mai
et Septembre 2011.
Le
Coordonnateur du Comité des droits humains de Lascahobas, Vilnor
Dormévil a appelé l’Etat haïtien à prendre ses responsabilités
régaliennes : « Ce n’est pas possible de laisser les gens mourir
ainsi dans les mornes, dans les zones qu’on dit reculées. L’Etat
haïtien est considéré comme irresponsable dans la gestion de
l’épidémie de Choléra, ce qui est une violation des droits
humains. » Il a demandé aux autorités haïtiennes d’exiger le
dédommagement de la part des Nations Unies, responsables de
l’introduction du Choléra dans le pays.
Un an après
l’introduction de l’épidémie de Choléra en Haïti par les soldats
des Nations Unies du contingent népalais, l’organisation pro-impérialiste mondiale refuse jusqu’à présent de reconnaitre
ses torts. Dans les considérants de la résolution 2012, du 14
Octobre 2011, du Conseil de Sécurité reconduisant la Minustah
pour une année de plus’, on a tout simplement mentionné : «
Constatant qu’Haïti demeure confrontée à d’importantes
difficultés sur le plan humanitaire, avec plus de 600,000
personnes déplacées encore tributaires de l’aide pour leur
survie, une épidémie de Choléra et une extrême vulnérabilité
aux catastrophes naturelles… »
Il est évident que la mobilisation générale du peuple héroïque
d’Haïti déterminé à mettre fin à l’occupation injuste, odieux et
injustifiable, présente en Haïti depuis plus de 7 ans,
parviendra à s’imposer et changera la réalité. L’ONU n’a aucune
volonté réelle pour aider Haïti à sortir de ce labyrinthe, au
contraire elle aggrave de jour en jour la situation du pays.
Alors, face à cette situation, seule la mobilisation d’ici et
d’ailleurs pourra forcer le Conseil de Sécurité à revenir sur sa
décision pour acquiescer au dédommagement nécessaire auquel ont
droit toutes les victimes de l’action criminelle des soldats des
Nations Unies en Haïti. |