Le poulain de la communauté internationale ou du moins de Bill
Clinton, Garry Conille est devenu Premier ministre ratifié par
le Parlement avec 17 voix pour, 3 contre et 9 abstentions, sur
un total de 30 sénateurs présents au mépris des articles 157 et
52 de la constitution haïtienne de 1987 en vigueur.
L’article
159 de cette même constitution est ainsi libellé : « Le Premier
ministre fait exécuter les lois. » Comment un Premier ministre
comme Garry Conille qui n’a jamais respecté les lois haïtiennes,
qui n’a pas sa carte d’identification nationale, ne vote pas aux
élections, ne paie pas ses taxes et ne défend pas le pays
pourrait-il faire exécuter les lois ? Alors il pourrait faire
exécuter les lois sans les respecter lui-même, c’est une
absurdité. Les députés et les sénateurs, en posant cet acte
anticonstitutionnel pour plaire uniquement à leur patron, Bill
Clinton, ne méritent aucune honorabilité conférée à leur titre
de parlementaire.
Les 17
sénateurs qui ont accordé un vote favorable à Garry Conille le
mardi 4 Octobre 2011 n’ont pas pris une sage décision en regard
du peuple haïtien, qui ne manifeste aucun signe de contentement.
Tandis que des félicitations ne cessent de se produire du côté
de la communauté internationale. Elle commence à gagner le pari.
Après le vote
de la honte absolue des sénateurs qui met Garry Conille à un pas
de la Primature et consolide le duo néoduvaliériste Martelly-Conille,
au service de l’International contre le peuple comme toujours,
de nombreuses réactions beaucoup plus défavorables que
favorables ont été quotidiennement produites. Le lendemain du
vote l’ambassade des Etats-Unis en Haïti s’est empressée
d’émettre un communiqué de presse pour saluer la ratification de
Garry Conille et réitérer son soutien au gouvernement à venir.
« Nous saluons la ratification par le Parlement haïtien du Dr. Garry Conille au poste de Premier ministre. Le gouvernement des
Etats-Unis se tient prêt à travailler en partenariat avec le
Premier ministre et son gouvernement en vue de répondre aux
défis urgents du processus de reconstruction. Nous souhaitons
que, considérant que plus de quatre mois se sont écoulés sans un
gouvernement ratifié par le Parlement, le président Martelly et
le Premier ministre Conille vont agir rapidement en vue de
rattraper le temps perdu en accomplissant la tâche importante
qui est de gouverner. Les Etats-Unis sont prêts à travailler de
concert avec ses partenaires dans la poursuite de cet objectif
», lit-on dans ce communiqué.
Le Secrétaire
général de l’organisation des Etats Américains (OEA), José
Miguel Insulza a également félicité la ratification de Garry
Conille en ces termes : « Je félicite le Premier ministre
Conille de sa confirmation et lui souhaite tout le succès dans
ses nouvelles fonctions en tant que chef du gouvernement de son
pays. La consolidation de son équipe sera une étape
fondamentale, car la responsabilité est grande et les travaux à
entreprendre sont urgents. A l’OEA, nous sommes prêts, sous sa
direction à continuer à travailler pour la reconstruction et le
développement du pays. »
Au niveau du
Parlement, tout n’est pas réglé pour Garry Conille, il doit
s’attendre à un échec, si sa déclaration de politique générale
ne reflète pas la réalité. En ratifiant Garry Conille comme
Premier ministre, la Constitution n’a pas été respectée,
sera-t-il ratifié après la déclaration de sa politique générale
? L’article 158 de la Constitution stipule : « Le Premier
ministre en accord avec le président choisit les membres de son
cabinet ministériel et se présente devant le Parlement afin
d’obtenir un vote de confiance sur sa déclaration de politique
générale. Le vote a lieu au scrutin public et à la majorité
absolue de chacune des deux Chambres. Dans le cas
d’un vote de non confiance par l’une des deux (2) Chambres, la
procédure recommence. »
Pour le sénateur de l’Artibonite, Anick
François Joseph, si Garry Conille n’arrive pas à convaincre les
parlementaires, il devra démissionner : « s’il ne convainc pas
les parlementaires, ils lui donneront un vote de censure, un
Premier ministre qui reçoit un vote de censure, il est obligé de
démissionner ; toutes les possibilités sont là. Il y a des
sénateurs qui ont voté, oui parce que tout simplement, ils
veulent doter la nation d’un gouvernement, moi je disais, je ne
vois pas se dessiner devant moi les méandres d’un gouvernement
stable et fonctionnel, du moins pas avec Mr. Conille. » Le
sénateur de l’Ouest, Jean Hector Anacacis sur un ton tranchant a
fait savoir que la constitution n’a pas été respectée, de plus
il critique le manque d’intérêt de Garry Conille pour la
politique : « On n’a rien contre Mr. Conille, mais il faut
respecter la Constitution, il n’a pas payé sa carte
d’identification, il n’a pas été au vote, il n’a pas payé ses
taxes et c’est quelqu’un qui profite du moment pour pouvoir
accéder au poste de Premier ministre, sans penser à remplir les
conditions prévues par la Constitution. Le Sénat a consolidé le
mariage dont le divorce est connu d’avance. »
Pour le député
de l’Alternative pour la circonscription de Dame-Marie
(Grand’Anse) Acclush Louis Jeunes, il est très important que
l’énoncé de la politique générale réponde à ces trois questions
concernant : la CIRH, la Minustah et l’Armée : « Il y a une
série de dossiers par exemple la question de la CIRH, tout le
monde sait que j’étais de la manifestation contre la CIRH et
qu’aujourd’hui le Premier ministre, même si c’est
l’International qui l’a choisi aura à dire, s’il va rapatrier la
CIRH aux Haïtiens, où il va la laisser entre les mains de Bill
Clinton. Deuxièmement, concernant la question du départ de la
Minustah, le Premier ministre doit également nous dire quand la
Minustah partira, il faut être clair sur ce sujet, car nous
savons que c’est une grande orientation de la politique
générale. Troisièmement prenons la question de l’Armée,
aujourd’hui il est extrêmement important si l’armée revient
qu’il y ait un débat qui soit fait dans tous les secteurs de la
société. Je pense qu’il faut être clair sur toutes ces
questions. »
De son côté, le
député de la circonscription de Mirebalais/Boucan-Carré, Abel
Descolines a indiqué que la déclaration de politique générale
doit refléter les préoccupations des députés à travers les
besoins des circonscriptions qu’ils représentent, tout en
précisant que le vote n’est pas acquis au Premier ministre : «
Le groupe 58 n’a jamais exigé de responsabilités, néanmoins nous
tenons à ce qu’il y ait des clarifications, des explications qui
soient données, puisque le vote du groupe 58, pour ce qui est de
la déclaration de politique générale, rien n’est encore acquis
pour le Premier ministre. Nous voulons d’abord et avant tout
qu’il y ait des réponses sur un ensemble d’interrogations, sur
un ensemble de questionnements, la formation du gouvernement,
qui va être ministre ? Quel secteur va intégrer ce gouvernement
? »
Pour les
représentants du mouvement social et des organisations paysannes
du pays, avec la ratification de Garry Conille le projet de la
reconstruction-domination-exploitation, de mise sous tutelle va
être renforcé et le pays prendra la voie de la recolonisation.
Telle est la position de l’un des responsables du mouvement des
Paysans de Papaye (MPP), Philefrant Saintnaré : « Haïti est en
phase de recolonisation. Garry Conille ne va pas défendre les
intérêts d’Haïti. Il sera sous le contrôle de l’International et
va de fait défendre les intérêts de Bill Clinton. Avec Garry
Conille, Premier ministre, les forces impérialistes pourront
concrétiser leur rêve qui n’est autre que s’accaparer des terres
des paysans en vue d’établir des zones franches et faire la
production d’agro-carburant. » Des représentants de divers
autres secteurs ont abondé dans le même sens. Garry Conille a
trouvé du support seulement du côté de quelques représentants de
la communauté internationale, des parlementaires et du président
de la république, Michel Joseph Martelly.
C’est dans cet
ordre d’idées que le président Martelly a donné un point de
presse en compagnie de Garry Conille au palais national le jeudi
6 Octobre où il a déclaré qu’il va former un duo avec Conille.
Un gouvernement représentatif, ouvert et inclusif va être formé
pour répondre à ces priorités à savoir : l’Education, l’Emploi,
l’Environnement et l’Etat de droit. « La reconstruction va
commencer et tout le monde a son rôle à jouer pour la rendre
effective. J’assume le choix du docteur Conille. Je suis le
président du pays et en ma qualité de chef d’Etat, j’ai choisi
mon Premier ministre », a déclaré le président Martelly, qui
était sur la défensive concernant le choix de Garry Conille.
Donc, il est évident que le choix de Garry Conille comme Premier
ministre est venu de l’International et Martelly lui-même a
dévoilé l’identité de son troisième Premier ministre désigné. Il
avait indiqué qu’il allait choisir entre deux personnalités :
Wilson Laleau, membre de son staff depuis la campagne électorale
et Garry Conille qu’il ne connaissait même pas. Qui pis est, il
n’a pas participé aux soi-disant élections qui ont porté
Martelly au pouvoir.
En définitif, par arrêté présidentiel publié le 7
Octobre 2011, le président de la République a nommé Garry
Conille Premier ministre. Il devrait présenter sa déclaration de
politique générale le mardi 11 Octobre, mais à la dernière
minute pour des raisons non connue, la séance a été renvoyée
sine die. |