Haïti ruinée et occupée!                                                Par Hervé Jean Michel

Il était quatre heures cinquantecinq (4h 55) de l’après-midi, ce mardi 12 janvier 2010, quand soudain l’apocalypse s’abattait. La terre a hurlé et était devenue une immense bouilloire. Pendant des secondes qui paraissaient une éternité, des secousses d’une puissance telle que les Haïtiens n’ont jamais expérimentée, avaient martelé les départements de l’Ouest et du Sud-Est. D’une magnitude 7.3 degré sur l’échelle de Richter, le tremblement de terre a provoqué d’immenses dégâts en termes de vies humaines et de pertes matérielles. C’était la grande commotion. Des mots même les plus profonds, les plus signifi - catifs ne pouvaient peindre ce tableau. La nature semblait s’armer pour détruire tous les êtres et les choses dans ces espaces géographiques de l’Ouest et du Sud-Est. Selon des sismologues, ces régions se situent dans des zones de faille de l’écorce terrestre, oú des activités sismiques peuvent se manifester violemment. D’ailleurs, des évaluations á partir des activités sismiques latentes dans la région, avaient fait présager une catastrophe de ce genre. Cependant, différemment des phénomènes météorologiques, les activités sismiques ne peuvent être rigoureusement prévisibles.

Selon l’Agence Press Net- Work, dans un bilan partiel : 70.000 cadavres ont été enterrés dans des fosses communes. A Port-au-Prince, 20 % des maisons ont été détruites, Jacmel a accusé 50% et Léogâne 90%. Parmi les bâtiments détruits à Port-au-Prince, on peut citer : le Palais national, le Palais de justice, le Palais législatif, le Palais des Ministères, les bureaux de la Direction générale des Impôts, des hôpitaux, des écoles, l’hôtel Montana, l’hôtel Christopher, la Cathédrale de Port-au-Prince, la cathédrale Sainte- Trinité, des locaux de facultés, des magasins, les bureaux de la Minustah etc. Figurent au nombre des personnes tuées au cours du séisme : Heidi Annabi, chef civil de la Minustah en Haïti, Luis Dacosta son adjoint, l’archevêque de Port-au- Prince, l’évêque coadjuteur, Monseigneur Joseph Serge Miot, le juge Roc Cadet, doyen du Tribunal civil de Port-au-Prince, deux sénateurs dont les noms ne sont pas mentionnés, des personnalités du monde politique, des prêtres, des religieuses et des milliers de personnes de la population.

Huit jours après le séisme, au moment même oú cet article est en rédaction, alors que la population sinistrée traine dans les rues au milieu des cadavres, des immondices et des décombres, aucun communiqué du gouvernement haïtien n’a décrété l’état d’urgence. Abandonnée à son sort, méprisée, humiliée par son propre gouvernement, la population sinistrée vit dans l’attente d’une quelconque manne pour subsister. L’absence totale d’élémentaires mesures d’intervention de la part de ce prétendu gouvernement, prouve très clairement que, jamais, il n’a été question d’une prise en charge de l’ensemble de la société haïtienne, contrairement aux mensonges véhiculés dans les discours offi ciels selon lesquels le gouvernement a performé dans les domaines de la sécurité, de la stabilité dans le concept d’un gouvernement d’unité nationale.

Aujourd’hui, cette catastrophe qui a précipité la population dans la rue, doit nécessairement ouvrir les yeux de tous les naïfs, ceux qui tentent toujours une explication subjective pour éclairer la réalité, refusant toute analyse qui se propose d’étudier objectivement les faits sociaux. L’absence totale du gouvernement haïtien aux côtés des sinistrés du séisme du 12 janvier 2010, signifi e clairement abandon volontaire à son sort d’une population déshéritée, acceptation de sa mort et de sa décimation pour pouvoir mieux dominer dans la lutte de classe. Un peuple livré à lui-même, sans possibilité d’entrevoir un lendemain meilleur, sans capacité pour mieux comprendre et expliquer sa situation, est condamné à suivre n’importe quel prétendu berger.

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Haïti Liberté Vol. 3 No. 27 • Du 20 au 26 Janvier 2010