Haïti ruinée et occupée!                                                Par Hervé Jean Michel

Au milieu du drame qui écrase la population haïtienne, particulièrement les marginalisés, au milieu de leur immense désespoir, des voix s’élèvent pour faire accepter la culpabilité, une culpabilité inventée de toutes pièces pour justifi er, légitimer la conduite d’un gouvernement irresponsable, d’un gouvernement fantoche, livrant son peuple à la mendicité internationale. N’y a-t-il pas lieu d’établir une sorte de complicité entre le gouvernement haïtien absentéiste, irresponsable et le gouvernement étasunien interventionniste, un interventionnisme pour renforcer l’occupation et non pour apporter de l’aide humanitaire à une population abandonnée ? Le président Obama a carrément déclaré : « Les Haïtiens sont des Américains », reprenant et brandissant la doctrine de Monroe : « L’Amérique aux Américains ». Cette thèse étasunienne s’oppose à tous ceux qui veulent apporter de l’aide, ou ceux qui le prétendent aux malheureuses victimes du séisme du 12 janvier 2010.

Tandis que les 12.000 soldats étasuniens dépêchés par leur gouvernement, prennent position à l’aéroport international Toussaint Louverture de Port-au-Prince, dans les ports du pays, aucun autre avion ne peut atterrir pour tenter d’apporter de l’aide. Dans leur euphorie de domination-colonisation, les soldats distribuent leur aide en les jetant aux sinistrés du haut de leurs hélicoptères. Les petits chiens faméliques doivent les ramasser en s’entre-déchirant. Heureusement certains ont vu dans ce geste, l’insulte, l’arrogance du colonisateur. Si les Etasuniens voulaient aider les sinistrés du séisme, ils l’auraient fait dans la dignité et la fraternité, sans outrecuidance.

Malheureusement, certains laquais des impérialistes, un Michel Soukar par exemple, pour insulter les masses abandonnées prédisaient que les soldats allaient les abattre, sous le fallacieux prétexte que ceux qui cherchent leur nourriture dans les décombres sont des pillards, des voleurs. Michel Soukar a oublié qu’il a contribué avec les bourgeois, les GNBistes, les impérialistes et tous les putschistes de son espèce à affamer ces marginalisés, jetés dans la rue par la misère ambiante. Face à l’attitude étasunienne qui refuse aux vrais pays donateurs d’apporter du secours, le président du Venezuela Hugo Chavez a protesté, voyant dans cette mesure un besoin de colonisation et non une exigence d’apporter l’aide fraternelle aux sinistrés haïtiens. Quand Obama disait que « Les Haïtiens sont des Américains », nombre d’entre eux (des apatrides) se gonfl aient d’orgueil, disant que la porte de l’Eldorado étasunien est déjà ouverte pour le grand voyage dans le pays de l’oncle Sam. « Les visas seront très faciles, éliminés même ; nous voyagerons sans problème », s’illusionnent de nombreux jeunes qui accusent leurs prédécesseurs, les vieux, comme ils le disent, d’avoir échoué.

C’est la philosophie de toute personne vaincue du temps, dans un pays oú l’argent est devenu un dieu par excellence, oú le patriotisme se meurt sous le fardeau des mythes et des mensonges. Malheureusement ils désenchanteront, très vite un jour, et fi niront par comprendre qu’il n’existe aucun sentiment de fraternité humaine chez les colons, les esclavagistes et les impérialistes. Il n’existe aucune porte de salut pour les Haïtiens en dehors d’une solidarité agissante, une solidarité pour poser et résoudre les problèmes profonds qui affectent leur vie. Il est venu le moment du rejet des mythes pour se lancer dans la saisie des problèmes véritables, pour les résoudre par la même occasion.

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Haïti Liberté Vol. 3 No. 27 • Du 20 au 26 Janvier 2010