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Notre Editorial
 
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Vol. 5, No. 43 • Du 9 au 15 Mai 2012
Haiti : quelle politique et quelle issue ?
Berthony Dupont

 
 
EDITORIAL
En tout état de cause, il est impardonnable à tout individu ou membre de cette société dite civilisée de rester dans l’expectative face au drame du pays, dépassant en horreur même les pratiques tortionnaires. On savait depuis un certain temps que ce sont des gens médiocres objectivement au service de l’impérialisme qui dirigent le pays, soit du côté de l’exécutif ou du parlement, mais à l’heure actuelle la montée de la corruption a finalement causé une énorme consternation. La constitution du pays est foulée aux pieds pour en faire une marchandise propre à être échangée contre des dollars de l’empire.<br> Il est vrai que la bourgeoisie haïtienne n’avait jamais cessé de favoriser une politique d’ouverture vers Washington dans l’espoir de lui livrer le contrôle du pays afin que, non seulement elle tienne le pouvoir, mais qu’elle soit protégée face aux revendications des forces populaires. Aujourd’hui c’est chose faite. La dérive prévalienne à laquelle a succédé le martellysme, apparaît à l’évidence puisqu’elle a atteint son paroxysme, tant les manœuvres et les diversions ont sali l’image des institutions qui devraient garantir l’existence de la nation.<br> Au-delà des plaies évidentes que ces nouveaux dirigeants ne peuvent assurément même pas prétendre panser, viennent de s’ajouter de nouvelles blessures, redoutables au sein de la société. La ratification de Laurent Salvador Lamothe est, en tout cas, pour le moment le plus récent désastre, si l’on tient compte des conditions éhontées de corruption flagrante dans lesquelles ce fils de la bourgeoisie patripoche a été voté au Sénat et à la chambre basse, ce que la communauté internationale n'a pas pris de temps à approuver, comme quoi, c’est tout ce qui nous est réservé de bon. <br> Les pays impérialistes avec le Canada, la France et les Etats-Unis en tête ont applaudi des deux mains la nomination de leur valet en tant que chef de la Primature. C’est ainsi que l'ambassade américaine, dans un communiqué de presse a indiqué « Nous saluons la ratification de Laurent Lamothe comme Premier ministre par le Parlement haïtien. Le gouvernement américain est prêt à travailler de concert avec le Premier ministre et son cabinet afin de répondre aux défis urgents auxquels Haïti fait face ». Le drôle dans l’affaire, c’est que Washington est deja satisfait de Lamothe, alors que pour les Haïtiens dignes de ce nom, cet homme ne leur fait pas honneur pour être Premier ministre vu son passé ailleurs riche en coups bas, surtout en Afrique.<br> Mariano Fernández Amunátegui, de la force d’occupation de la Minustah, a pour sa part rendu hommage « aux efforts du président de la République, Michel Joseph Martelly, du président du Sénat, Simon Dieuseul Desras, et du président de la Chambre basse, Levaillant Louis-Jeune, qui ont abouti à ce dialogue constructif entre l'exécutif et le législatif, permettant d'aboutir à un accord en vue d'installer un Premier ministre et un nouveau gouvernement. »<br> L’ambassadeur français accrédité en Haïti, Didier Lebret, a lui-même indiqué que « La ratification de Laurent Lamothe comme premier ministre est un signal clair qui montre qu'Haïti veut se redresser ». Mais ces diplomates feignent d’ignorer que si Haiti se retrouve à ce carrefour, c’est par la faute de leurs constantes mainmises sur les affaires du pays.<br> D’autant qu’il est vrai qu’aux yeux de la communauté internationale tout ce qui n’est pas conforme, convenable pour une autre société, passe pour être la solution souhaitable pour Haiti.<br> Aucune société faite de corrupteurs et de corrompus ne peut avancer vers le développement voire être reformée. Dans ce cas, une telle société aussi pourrie doit être détruite pour être remplacée par une autre tendant vers une solution véritable aux problèmes des masses populaires exploitées, ce qui reviendrait à remettre tout le système actuel en question. <br> A ce stade, que va-t-il se passer désormais ? C’est difficile à dire, car malgré tout ce qui arrive au pays avec Martelly, il n’y a pas encore un mécontentement général, sauf bien sûr au niveau du noyau progressiste. Qui pis est, il n’existe aucune organisation susceptible de cristalliser les mécontentements pour leur donner une dimension politique. Et pourtant le pouvoir et les forces occupantes ont peur, puisqu’ils sont sur la défensive. On l’a bien vu, dans la manière dont ils ont réagi avec les soi-disant anciens militaires, forces paramilitaires créées pour faire pression sur le peuple.<br> Il est clair que la composition des nouvelles instances dirigeantes mises en place par les forces impériales est hétérogène et les contradictions au sein de cette équipe sont évidentes et prêtes à éclater à tout moment. Par conséquent, il revient à présent aux forces patriotiques et progressistes haïtiennes de garder la tête froide pour se mobiliser. Tout est possible, sauf que notre capacité à nous imposer par notre unité et notre cohésion, face aux desseins sinistres d’adversaires réels et potentiels décidés à saper notre détermination farouche à lutter pour le changement dans le pays, doit être le mobile qui guide notre action de tous les jours.
 
 
 
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